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Cette institution ne remonte qu'à l'année 556 de Rome 1. Le nombre de ces ministres ne fut d'abord que de trois. L. C. Sylla y en ajouta quatre autres, et Jules César trois, ce qui n'empêcha pas les membres de ce collége de conserver leur nom de septemviri.

Leur surnom epulones vient de epulo, festins, parce qu'ils présidaient aux banquets des dieux, après les sacrifices, à l'époque des lectisternium dont nous avons déjà parlé 2.

On ne sait rien de positif à l'égard du mode de leur élection. Seulement comme il est fait mention par Tite Live de l'un de ces prêtres, choisi par ses collègues, triumviri epulonis cooptati3, il est assez vraisemblable que c'était le collége des septemvirs qui choisissait lui-même ceux qui devaient remplir les places vacantes.

S VI. DES PRÊTRES SALIENS.

Les prêtres saliens s'appelaient ainsi parce que la principale circonstance des cérémonies qui appartenaient à leur ministère, consistait dans une certaine danse, en l'honneur du dieu Mars Gradivus : en effet saliens vient évidemment de salire 4.

Ce sacerdoce fut instituté par Numa, et les prêtres étaient au nombre de douze 5.

1 TIT. LIV., liv. 33, ch. 42; CICER. De Orat., liv. 3. Adam et ses imitateurs se sont trompés en la portant à l'année 553 de Rome.

* De là cœnæ pontificum, cœnæ pontificales. (HOR., 1. 2, od, 14, 28; MACROB,, liv. 2, ch. 9.)

3 TIT. LIV., liv. 40, ch. 42.)

4 Fuit in sacerdotio Saliorum et Præsul, et Vales, et Magister. Præsul quidem est præsultor; Vates qui præcinebat axamenta et sacras melodias; Magister, qui in profectum et mores collegiatorum inquirebat. (Capitol. de Marco Antonio, ch. 4.)

5 Il y avait aussi des prêtresses qu'on nommait Virgines Saliares.

Danser comme les Saliens se disait amptruare :

Prasul ut amptruat, inde et volgu❜redamptruat olli.

(Collect. de Pise, Fragm. de Lucilius).

Voici à quelle occasion ils furent établis : on rapporte que Rome, sous le règne de Numa, ayant été ravagée par la peste, un bouclier mystérieux fut envoyé du ciel par la nymphe Égérie, et tomba entre les mains du roi, avec un oracle portant que ce bouclier serait un gage de salut, et que la ville où il serait conservé parviendrait au plus haut degré de puissance. Numa en fit fabriquer onze autres parfaitement semblables, afin que le vol en devint plus difficile 1. Ces boucliers s'appelaient Ancilia, du grec Ayxʊñó à cause de leur forme. C'est à cette occasion que furent créés les prêtres saliens, à qui la garde de ces boucliers fut confiée par Numa. Ils étaient déposés dans le sanctuaire même du dieu Mars.

La fonction la plus importante des saliens consistait à porter tous les ans, au mois de Mars, les douze boucliers sacrés autour de la ville en chantant des hymnes composés, dit-on, par Numa, et en dansant au son de la flûte, ce qu'on appelait movere ancilia. Le chef du collége marchait le mier, tenant dans la main droite une baguette dont il frappait son bouclier, et les autres le suivaient en l'imitant 2.

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Comme les fêtes de Mars célébrées par les prêtres saliens duraient plusieurs jours, on établissait dans divers endroits de la ville des lieux de repos, où ils passaient la nuit, pour ne pas rester exposés aux rigueurs de l'air, et n'être pas obligés de déposer les boucliers sacrés dans des maisons particulières. Là, après s'être bien fatigués le soir à chanter et

1 Veturius Mamurius fut l'ouvrier; on le célébrait dans les vers des Saliens, qu'on appelait axamenta.

2 Ils ne pouvaient prononcer le nom de Vénus. Ils portaient la toge prétexte, le bonnet pointu nommé apex ou K»¿baciα, à la main droite une lance ou une baguette, et de l'autre un bouclier; quelquefois ils le suspendaient à leur cou :

Et salius læto portans ancilia collo. (LUCAIN, liv. 1er, v. 605.) Tullus Hostilius ou Tarquin, en institua douze autres dits agonales et collini du temple qu'ils avaient sur le mont Collinus; par une raison analogue, ceux créés par Numa s'appelaient palatini. (DEN. D'HALIC., liv. 3, ch. 32. )

à danser, afin de réparer leurs forces épuisées par ces exercices, ils se mettaient à table, et se faisaient servir les mets les plus somptueux et les plus délicats; de là est venu le proverbe epulæ saliares pour signifier un repas recherché 1.

Ces fêtes du dieu Mars se terminaient par le retour des saliens et le dépôt des boucliers sacrés dans le temple, ce que l'on désignait par les mots solennels condere arma.

S VII. DES LUPERQUES.

Luperque vient de lupus, et ce nom était particulièrement donné au dieu Pan, protecteur des bergers, qui passait pour éloigner les loups des troupeaux, arcere lupos 2.

La création des luperques est antérieure à la fondation de Rome; car dès le temps d'Évandre, il y avait sur le mont Palatin une grotte consacrée par ce roi au dieu Pan, et l'on y célébrait les lupercales 3. A l'époque de ces fêtes les jeunes gens du voisinage avaient coutume, après les sacrifices, de se répandre dans les villages environnans, comme pour faire une espèce de lustration. Tite Live, au premier livre de son histoire, rapporte que Rémus et Romulus célébrèrent les lupercales sur le mont Palatin 4.

Dans les cérémonies des lupercales, on sacrifiait des chèvres, animaux consacrés au dieu Pan; puis on les dépouillait de leurs peaux dont les luperques se couvraient une partie

1 Epulari saliarem in modum (CIC., ad Attic. 9.) Saliares dapes (HOR. liv. 1, od. 37). L'empereur Claude s'enivra avec eux. (SUÉT., Claud., ch. 33.) 2 Pan lui-même était quelquefois appelé Lupercus, et l'endroit où l'on adorait le dieu se nommait Lupercal.

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(OVID., Fast., liv. 2, v. 277; et JUSTIN, liv. 43, ch. 1.)

4 VALÈRE MAXIME, liv. 2, ch. 2, no 9; ROSIN, liv. 3, ch. 2. Les Lupercales se célébraient au mois de février. (Ros. liv. 4, ch. 6.)

du corps; ils parcouraient ensuite le Palatin et les autres quartiers de la ville, en désordre, le front barbouillé du sang des victimes, frappant de leurs peaux de chèvre tous ceux qu'ils rencontraient, surtout les femmes mariées pour les rendre fecondes. Enfin, ils égorgeaient un chien par la raison que les loups n'ont pas d'ennemi plus acharné.

On ignore combien il y avait de luperques; tout ce qu'on sait, c'est qu'ils formaient trois colléges sous la protection de Romulus, de Rémus et de Jules César, désignés par les noms de Quintilii, Fabii, Juliani 2.

Le renouvellement des lupercales suspendues pendant quelque temps fut dû à Auguste qui toutefois y mit une restriction 3. Il défendit aux jeunes gens d'y prendre part avant l'âge de puberté. Le collége des luperques ne jouissait d'aucune considération; l'indécence de leurs cérémonies avait fini par en éloigner tous ceux qui avaient conservé quelque pudeur, et nous voyons que Cicéron fait à Antoine un reproproche très grave d'avoir célébré les Lupercales 4.

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Acca Laurentia, nourrice de Romulus, ayant perdu l'un de ses douze enfans, et ne pouvant oublier cette perte, Romulus, pour la consoler, se donna à elle comme son propre fils, et de la sorte, s'étant réuni aux onze autres, ceux

I

Jussa sua terga maritæ

Pellibus exsectis percutienda dabant.

Luna resumebat decimo nova cornua motu,

Virque pater subito, nuptaque mater erat. (OVID., ibid., v. 445), et PLUTARQUE, Vie de Romulus ; JuvÉN., Sat. 2, v. 142; frapper de ce fouet de peau de chèvre se disait catomediari, de Kaτx et de wμos, épaule. 2 Ces compagnies se nommaient sodalitates.

3 SUÉT., Cæs. 79; DION. CASS., liv. 46, ch. 19; VELL. PATERC, liv. 2, ch. 56. 4 Ce sacerdoce fut aboli plus tard que les autres, sous Anastase, l'an 517 de notre ère.

ci, d'après sa volonté, prirent conjointement avec lui le nom de fratres arvales 1.

Il est fait très rarement mention de ces prêtres dans les anciens auteurs, et leur institution n'est guère connue que par des monumens lapidaires et des inscriptions. On croit qu'ils nommaient parmi eux aux places vacantes dans leur collége, dont le chef n'était élu que pour un an, ce qui paraîtrait d'une inscription où il est parlé de magister fratrum arvalium de l'année précédente.

Leur ministère consistait à faire des sacrifices aux dieux champêtres, et particulièrement à Bacchus et à Cérès pour en obtenir des vendanges et des moissons abondantes. Les sacrifices offerts par eux aux dieux de la campagne s'appelaient ambarvalia, à cause de l'usage où l'on était de promener autour des champs les victimes à immoler, qui étaient une truie pleine, une génisse et un agneau 2.

Le jurisconsulte Cujas attribue aux frères arvales la connaissance des procès relatifs à la délimitation des propriétés rurales, mais cette opinion est d'autant plus incertaine qu'il paraît, d'après Cicéron, de Legibus et de Officiis, que ces sortes de procès étaient ordinairement jugés par des arbitres au choix des parties.

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Les uns veulent que fécial vienne de fœdus, comme si au commencement les feciales eussent été appelés fœdales; les autres de ferire, d'où on les aurait nommés feriales, et par

1 Voir le passage de Sabinus Massurius, cité par AULU-GELLE, liv. 6, ch. 7.

2 Ce sacerdoce était à vie; on le conservait même en captivité et en exil. Les membres de ce collége portaient une couronne d'épis de blé, corona spicea, et un bandeau de laine blanche autour de la tête, infula alba. (NIEUPOORT, liv. 4, ch. 2).

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