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Les oiseaux dont on tirait les augures se divisaient en deux classes appelées òscines et præpetes, selon que c'était leur chant ou leur vol qui devait être observé. Au reste, les oiseaux de mauvais augure par leur chant pouvaient être d'un meilleur présage par leur vol, et réciproquement 1.

Parmi les oiseaux de bon augure on distinguait les aigles, comme les symboles de la puissance et de l'empire; les vautours parce qu'ils passaient pour respecter les cadavres de leurs semblables; les cygnes à cause de leur blancheur.

Les oiseaux de mauvais augure étaient les hibous, les chouettes, et les autres oiseaux nocturnes 2.

Quand les augures étaient favorables, l'augure s'écriait : O Jupiter! accipio omen, illudque verum esse agnosco.

Les poulets sacrés dans l'art augural jouaient un grand rôle; le ministre qui en prenait soin s'appelait pullarius. Ces poulets sacrés qu'il nourrissait, transportés par lui dans une cage, suivaient les généraux à l'armée, où, d'après la manière dont ils prenaient ou refusaient leur nourriture on augurait bien ou mal du succès de la guerre, Les présages étaient favorables quand les poulets sacrés prenaient leur nourriture avec une telle avidité qu'il en tombait une partie à terre; ils étaient sinistres, quand ils ne la goûtaient que lentement et avec répugnance 3.

immolant une brebis de deux ans, bidens. Ce lieu devenait sacré, et l'on y enterrait tout ce qui portait des traces de la foudre. (NIEuport, ibid.)

Les auspices se divisaient en grands et en petits, et le plus grand détruisait le plus petit. Si un pivert, par exemple, se présentait d'abord, et ensuite un aigle, ce dernier auspice l'emportait sur le premier. Quand l'auspice était favorable, on disait impertitum est, ou inauguratum est.

' Voir KIPPING, pag. 255 et suivantes; OVID, Métam. 1., 5, 6, 15; VIRG. Én., liv. 4; APULÉE, liv. 3; Hor., liv. 3, od. 27; TIT. LIV., liv. 1er; DEN. D'HALIC., liv. 4; SUÉT., De Augusto, ch. 94, 95, 96, De Tib., ch. 14; SÉNÈQ., Quest. nat., liv. 8.

3 Ce que mangeaient les poulets sacrés se nommait offa, l'endroit où on les gardait, auguraculum, ce qu'ils laissaient tomber en mangeant avec avidité, tripudium,

Quoi qu'il en soit, un fait historique montre le mépris des généraux romains pour ces pratiques superstitieuses.

Publius Claudius pulcher, dans la première guerre punique, voulant conformément à l'ancien usage, consulter les auspices, avant de livrer une bataille navale, le gardien des poulets sacrés vint l'avertir qu'ils ne voulaient pas sortir de leur cage : Eh bien, dit Claudius, qu'on les jette à la mer et qu'ils boivent puisqu'il ne veulent pas manger'.

SIII. DES DÉCEMVIRS ET DES QUINDECIMVIRS.

Ce collége de prêtres était principalement chargé de la garde des livres sibyllins 2. Ces livres mystérieux passaient pour renfermer les destins de la république, ce qui leur fit don— ner aussi le nom de libri fatales. On les appelait livres sibyllins du nom des sibylles, qui étaient des femmes douées, à ce que l'on croyait, du don de prédire l'avenir. D'après les ordres de Tarquin, les livres sibyllins furent conservés dans le Capitole. Les Décemvirs et les Quindécimvirs avaient seuls le droit de les consulter, encore ne le pouvaient-ils que de l'autorité du Sénat, qui ne l'accordait que dans les affaires épineuses et qui surpassaient la prudence humaine; dans les calamités publiques, dans les temps de peste ou de guerre, et quand des phénomènes prodigieux épouvantaient et menaçaient la ville 3.

solistimum. On tirait encore des augures des animaux à quatre pieds; ces augures s'appelaient commentarii.

L'an de Rome 503 (TIT. LIV., liv. 19, ch. 21.) (V. SUÉT., Vie de César, ch. 59.) 2 Pour l'origine des livres sibyllins, voir DEN. D'HALIC., liv. 4., ch. 62; PLINE, liv. 13; AUL. GEL. liv. 1er, ch. 19.

3 Ils furent consultés pour la première fois, en temps de prodiges, l'an 293 de Rome, puis dans les années 396, 406, 535, 547, 561, 578. (TIT. LIV., liv. `3 ch. 10; liv. 5, ch. 13; liv. 7, ch. 27; liv. 11, ch. 12; liv. 21, ch. 62; liv. 22, ch. 9; liv. 29, ch. 10, liv. 36, ch. 37; liv. 41, ch. 26.)

Les Décemvirs prétaient serment de ne rien divulguer des livres sibyllins; l'un

Les livres sibyllins furent gardés dans le Capitole jusqu'en 669, du temps des guerres civiles entre Marius et Sylla, quand le Capitole fut détruit par les flammes. Le Sénat, pour réparer la perte des livres sibyllins, envoya des députés dans toutes les villes de la Grèce, de l'Asie et de l'Afrique, afin d'en chercher et d'en rassembler d'autres 1; on dit qu'ils parvinrent à en recueillir jusqu'au nombre de mille vers 2; et l'on sait que ceux-ci furent conservés entiers jusqu'au règne de Théodose premier, en 389 de l'ère chrétienne, époque où l'ancienne religion de l'empire fut abolie.

Dans l'origine, le nombre des ministres préposés à la garde des livres sibyllins n'était que de deux établis par Tarquin sous le nom de Duumvirs. La loi licinia en porta le nombre à dix, cinq patriciens et cinq plébéiens, appelés Décemvirs 3. On croit que Sylla fut l'auteur de l'augmentation qui en porta le nombre à quinze sous le titre de Quindecimvirs, au moins ce nombre existait-il du temps de Cicéron. Enfin César passe pour y en avoir ajouté un seizième 4.

Les prêtres sibyllins étaient comptés au nombre des prêtres d'Apollon, parce que ce dieu présidait à tous les oracles, d'où les livres sibyllins prirent aussi le nom de prædictiones Apollinis. Ils conservaient chez eux le trépied d'airain consacré à Apollon, et ils avaient l'intendance des jeux séculaires, célébrés en son honneur. Ces ministres étaient nommés à vie, ils étaient exempts de toute charge civile et militaire,

d'eux, Atilius, selon DEN. D'HALIC. (liv. 4, ch. 62) ou Tullius, selon VAL. MAX., (liv. 1, ch. 1er, no 13), infidèle à son serment subit le supplice des parricides. 1 TAC., Annal., liv. 6, ch. 12; TIT. LIV., liv. 91, ch. 13.

Sur ce que fit Auguste relativement aux livres Sibyllins, consulter SUÉT. De Augusto, ch. 31, et DION CASS., liv. 54, ch. 17.

2 Ces vers se nommaient acrostichides; c'étaient des vers hexamètres.

3 An de Rome 386 (Tır. Liv., liv. 6, ch. 37.)

4 DION CASS., liv. 42, ch. 31; liv. 43, ch. 51.

(FURGAULT.)

et le premier d'entre eux était désigné sous le titre de collegii magister.

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Le mot flamen n'a point d'origine certaine : les uns la tirent de filum, fil de laine dont les flamines se couvraient la tête, d'où filamines, et par crâse, flamines. Plutarque fait dériver ce mot de pileum, espèce de bonnet ou de voile, en sorte qu'anciennement leur nom aurait été pilamines 1.

:

Au commencement, il en fut créé trois par Numa, sa—voir celui de Jupiter, celui de Mars et celui de Quirinus : flamen dialis, flamen martialis, flamen quirinalis.

Le plus élevé des trois était celui de Jupiter, chargé de sacrifier tous les jours à ce dieu pour le salut de la patrie, et qui, toujours choisi parmi les plus nobles d'entre les citoyens, ne pouvait en cas d'empêchement ou de maladie, être remplacé dans ses fonctions que par le pontifex

maximus 2.

Les fonctions des flamines de Mars et de Quirinus consistaient, indépendamment des sacrifices au dieu Mars, qui regardaient le premier en ce qu'ils étaient chargés en commun de ceux que l'on appelait laurentalia, mais à des époques différentes; les flamines de Mars, au mois d'avril, en l'honneur d'Acca Laurentia; celui de Quirinus au mois

I

Flamen, de flo (onomatopée), souffler, attiser; flamen, souffle, flamines, prėtres qui attisaient le feu sacré. (Court DE GEBELIN, tom. 6, p. 673). De Flammeum, sorte de voile (DEN. D'HALIC., liv. 2, ch. 64.)

Sur les obligations imposées aux flamines, voir PLUT., Quest. rom., no 109 ;* AUL. GEL., liv. 10, ch. 15; FABIUS PICTOR, liv. 1; TIT. LIV., liv. 1, ch. 20; liv. 5, ch. 53; liv. 31, ch. 50.

Le flamen dialis portait la robe prétexte et était précédé d'un licteur; il avait l'honneur de la chaise curule et l'entrée au Sénat. (TIT. LIV., liv. 1er, ch. 20; liv. 27, ch. 8.

Les épouses des flamines s'appelaient flaminicæ.

de décembre en l'honneur d'une autre Laurentia qui passait pour avoir été l'amie d'Hercule '.

Les fonctions de ces prêtres étaient à vie, mais sous la condition de ne rien faire dans la célébration des sacrifices, qui pût nuire à la solennité des cérémonies. Par exemple, il leur était prescrit de bien prendre garde que le bonnet dont ils devaient se couvrir, ou tout autre ornement ne vînt à tomber de leur tête..

Les femmes des flamines devaient assister leur mari dans l'exercice de leur ministère. Elles devaient être filles de flamines, et elles étaient tenues de confectionner le vêtement de leur mari et même d'en travailler la laine de leurs mains. Il était défendu aux flamines de voyager à cheval et de se lier par serment.

Les flamines ne furent pas toujours trois; le nombre en fut porté à quinze dont les douze derniers étaient nommés parmi les plébéiens et les trois premiers parmi les patriciens 3.

3

Il en fut encore nommé d'autres sous les Césars : le flamen augustalis, en l'honnenr de Jules César, le flamen adrianalis, trajanalis, et ceux des autres empereurs.

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Le ministère des septemviri epulones était une dignité des plus importantes; ce que l'on peut conclure de ce qu'elle était déférée, non seulement aux sénateurs et aux consuls, mais encore aux empereurs eux-mêmes.

Ces prêtres furent dans la suite nommés par le peuple. (AUL. GEL., liv. 15, ch. 27; VELL. PAT., liv. 2, ch. 43). Ils étaient installés par le grand pontife. Cic., Phil., liv. 2, ch. 45; BRUT., liv. 1er; SUÉT., de Calig., ch. 12; TIT. LIV., liv. 30, VAL. MAX., liv. 6, ch. 9, 3.)

ch. 26;

2 VAL. MAX., liv. 1er, ch. 1er, no 4; TIT. LIV., liv. 26, ch. 23.

3 Les nouveaux se nommaient minores, les trois autres majores. Créer un flamine se disait procedere.

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