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Au surplus les attributions des pontifes étaient très importantes:

1o Ils avaient sur tous les autres prêtres une autorité absolue; ils surveillaient leur conduite, les rappelaient à leur devoir, punissaient les infractions dont ils se rendaient coupables envers les lois et la religion. C'étaient eux, par exemple, qui jugeaient les vestales accusées de n'avoir pas été fidèles à leurs vœux.

2o Ils connaissaient en dernier ressort de toutes les causes relatives à la profanation des choses sacrées, aux prodiges, aux sacriléges, etc. C'est ainsi que, sur le rapport du Sénat, ils condamnèrent comme impie l'action de Claudius qui s'était introduit chez César, sous un habit de femme, dans une assemblée où l'on célébrait les mystères de la bonne déesse, et dans laquelle aucun homme ne pouvait être admis.

3o Ils assistaient à la dédicace des temples, et en détermi– naient les cérémonies; ils présidaient aux convois des morts, prenaient soin des tombeaux, et nul monument funèbre ne pouvait être élevé ou détruit, sans leur permission.

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La nomination du Pontifex maximus appartenait au peuple assemblé dans les comices par tribus, et il n'y avait d'au

1 Les prêtres portaient, comme les premiers magistrats, la robe prétexte bordée de pourpre ; ils avaient en outre un bonnet que les latins nommaient apex, tutulus, galerus, albogalerus. Ils avaient le droit de monter au Capitole sur un char appelé carpenta, d'entrer au Sénat, et de faire porter devant eux un flambeau la nuit, et le jour une branche de laurier. Ils étaient exempts de toutes les charges de l'État, et touchaient des appointemens sur le trésor public. (FURGAULT.)

Dans les occasions où il n'existait pas de loi écrite, ils prescrivaient les réglemens qu'ils jugeaient convenables. (ADAM, t. 2, p. 27.)

tre condition d'élection, sinon qu'il devait être pris dans le collége des pontifes1.

Sylla changea quelque chose à cet usage. Il attribua au collége le droit de choisir son président parmi ses membres ; mais l'ancienne coutume subsista encore quelque temps, et ce ne fut qu'après la mort de César, et par l'autorité d'Antoine, que ce droit fut définitivement réservé au collège sans la participation du peuple 2.

Indépendamment de ce que le grand pontife était le chef de ses collègues, il avait en leur absence, en cas de partage, d'opinion, le droit de répondre pour tout le collége. C'est lui qui, dans la dédicace des temples, prononçait la prière solennelle, carmen pontificale; il présidait à la célébration des mariages per confarreationem, prescrivait la formule à prononcer dans les arrogations, réglait l'armée civile, indiquait les jours de fêtes, rédigeait les fastes publics et annales des pontifes. Mais il ne pouvait prendre de décision sans le consentement de ses collègues, et il était permis d'en appeler à l'autorité du collége, de même qu'il y avait lieu de recourir contre le collége aux décisions de l'assemblée du peuple. Le grand pontife était en outre tenu de rester dans la ville, afin d'être toujours présent aux cérémonies religieuses. Il fut dérogé pour la première fois à cet usage par Crassus, en 623,

Les personnes qui avaient rempli les premières charges de l'État obtenaient ordinairement la dignité de souverain pontife (TIT. LIV., liv. 25, chap. 5).

2 T. Coruncanius, et non C. Coruncanius, comme le dit Adam, fut le premier plébéien élu grand pontife (TIT. LIV., Épitome du liv. 18).

Cn. Tremellius fut condamné à une amende pour avoir injurié Lépide, qui était grand pontife (ID., liv. 47, ch. 1).

Si un général se dévouait pour son armée, le pontife prononçait avec lui les paroles dont il devait se servir iis verba præire, carmen præfari. (TIT. LIv., liv. 8, ch. 9; liv. 5, ch. 41; liv. 10, ch. 7 et 28.) Ces paroles se nommaient pontificale carmen. (SÉN., Cons. ad Marc., 13.) On regardait comme important de prononcer cette formule sans hésitation. (VAL. MAX., liv. 8, ch. 13, no 2.) Le grand pontife avait été institué par Numa. (DEN. D'HALIC., 1. 2; TIT. LIV., l. 1er, ch. 20.)

lorsqu'il se rendit en Asie où son armée fut taillée en pièces, et ensuite par Jules César pendant la guerre des Gaules.

Le grand pontife se montrait en public dans la ville', et quand il devait voyager à pied ou en char; il lui était interdit de paraître à cheval; de même il ne pouvait, à la mort de sa femme, se marier de nouveau. Du reste le pontificat était à vie. Le triumvir Marcus Emilius Lepidus fut le dernier grand pontife élu suivant les anciennes coutumes 'et avant que ses fonctions fussent réunies par Auguste à celles de l'empire 3.

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Le mot augure dérive d'aviger, avium curam gerens, ou de avium garritus, et la science augurale consistait principalement dans l'observation du vol des oiseaux et de leur gazouillement, d'où l'on tirait certains présages.

L'institution des augures est antérieure à la fondation de Rome. Romulus fut un augure célèbre, et il ne bâtit sa ville qu'après avoir consulté les auspices 4.

Les opinions sont partagées sur la question de savoir à qui de Romulus ou de Numa est due cette institution, et le meilleur moyen de trancher la difficulté serait de supposer qu'en effet Romulus exerça l'art des augures, mais que l'institution n'en fut consacrée que par Numa qui en fit une partie essentielle de la religion.

La litière dans laquelle il était porté se nommait thensa. Il ne pouvait voir un corps mort, et quand il assistait aux funérailles, on mettait un voile entre lui et le cadavre. (DEN. d'Halic., liv. 2; TIT. LIV., ibid.)

2 C'est-à-dire par le collége des pontifes, ce qui fait qu'à ce sujet Velleius Patercalus s'exprime ainsi (liv. 2, ch. 61) : furto creatus.

3 Le souverain pontificat était fort ambitionné, témoin Jules César qui fit de si grandes largesses pour l'obtenir. (SUÉT., Jules César, ch. 13.)

4 Les augures portaient la trabée. Ils ne pouvaient jamais être cassés, après une condamnation par jugement. (PLUT., Quest. rom., no 98.)

même

Au commencement, le nombre des augures fut fixé à trois, nombre égal à celui des tribus. Il fut porté à quatre par Servius Tullius, qui ajouta également une quatrième tribu aux trois premières ; à quinze par Sylla, à seize par Jules César.

Dans le principe ils ne pouvaient être pris indistinctement dans toutes les classes des citoyens, mais seulement dans les familles patriciennes. Par la suite, cette dignité, comme les autres, fut également accessible à tous les ordres de l'État. Quant au mode d'élection, il n'y avait aucune différence entre eux et les pontifes, et la présidence de leur collége appartenait au plus âgé; il était désigné sous le titre de augur maximus, ou de augur magister.

Les Romains avaient emprunté des Étrusques l'usage de consulter les auspices. Les hommes éclairés se moquaient secrètement de cette institution, mais la conservaient avec soin comme un moyen de gouverner le peuple et de le contenir par la crainte des dieux. Aussi ne faisait-on rien d'important à Rome, soit dans la paix, soit dans la guerre, avant d'avoir consulté les augures.

Voici les principales cérémonies de l'art augural : l'augure, quand il devait observer le ciel, de cœlo servare, se levait à minuit, parce que c'était l'heure à laquelle commençait le jour chez les Romains; l'expression silenter surgere se rapportait au silence qui régnait dans la nature, quand il se levait pour tirer des présages du vol des oiseaux, ordinairement plus droit et plus uniforme dans ce moment.

En sortant, il portait une lanterne sans couvercle pour ♦ indiquer la sérénité du ciel. C'était le plus souvent sur le mont Capitolin, ouen d'autres endroits élevés, qu'il faisait ses ob

On en nomma cinq autres, l'an 454, auxquels Sylla en ajouta six. (NIEUPOORT. liv. 4, ch. 2.)

servations. Alors il s'orientait, c'est-à-dire qu'il déterminait le point précis de l'orient, cœlum capiebat. Le lieu où l'augure se tenait, soit assis, soit debout, se nommait arx, tabernaculum, auguraculum.

Au lever de l'aurore, l'augure adressait des prières aux dieux et, avec son bâton augural, divisait le ciel en quatre parties, ce qu'on appelait dividere, vel designare, vel determinare regionem. Il se tenait, suivant Cicéron, tourné vers le midi; selon Tite Live, au contraire, il regardait l'orient.

Les signes qui se présentaient à gauche étaient plus favorables que ceux qui se présentaient à droite ; le contraire avait lieu chez les Grecs.

L'espace déterminé dans le ciel par l'augure se nommait templum ou locus effatus, parce qu'on le déterminait en prononçant des paroles solennelles, effabatur. Dans cet espace l'augure observait les météores et les oiseaux.

Les éclairs et les tonnerres attiraient surtout leur attentión 2. Ils étaient de bon présage quand ils se faisaient voir et entendre à gauche et par un temps serein. Quand ils avaient lieu pendant les comices, toute délibération cessait, ét l'assemblée était dissoute dans quelque partie du ciel qu'on les eût observés.

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Cependant on lit dans les auteurs : non temere est, quod corvus cantet mihi nunc a læva manu, simul radebat pedibus terram. (PLAUT., Aulularia.) Teque nunc lævus vetat ire picus. (Hon., liv.3, od. 27.)

Sæpè sinistra cava prædixit ab ilice cornix. (VIRG., buc. 9.) Ce sont là des augures défavorables.

Evenitque ut primitus ingredienti cum fascibus forum, prætervolans aquila dextro humero consideret. (SUÉT., liv. 5, ch. 9.)

Præmisso agmini lætum evenit auspicium, siquidem a parte dextera repente aquila advolavit. (ID., liv. 9, ch. 9.) Voilà des augures heureux.

Lorsque les augures étaient favorables, c'était, de la part des oiseaux, addicere, ou admittere; s'ils étaient sinistres, cela se nommait refragari. Un seul signe ne suffisait pas, il fallait qu'il fût confirmé par un autre. (NIEUPOORT, liv. 4, ch. 2.) 2 L'endroit frappé de la foudre s'appelait bidental, parce qu'on le purifiait en

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