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l'épître, couronne tous ses préceptes sur le fond, forme, le style, le mètre du drame par un rapide exposé de ses origines en Grèce et à Rome, et, rentrant dans le dessein général de son œuvre, il conclut de cet exposé que son pays se serait placé dans la littérature au rang qu'il occupe dans la guerre et dans la politique, s'il y portait le travail, la patience, l'amour de l'étude et la connaissance des règles. Horace a adopté sur l'origine de la tragédie les opinions accréditées dans l'antiquité, et que l'érudition moderne a moditiées en bien des points. Sans entrer dans la discussion, il suffit de renvoyer à Böttiger, Prolus. quid sit docere fabulam, Weimar, 1795, p. 6.; O. Muller, Rheinische Museum, V, 5, p. 555; Raoul-Rochette, Théâtre des Grecs, t. I, p. 270, suiv. Il ne paraît guère d'ailleurs vouloir pénétrer dans l'esprit de la tragédie grecque, il ne parle, comme l'a fait plus tard Boileau, que de la forme et des conditions extérieures. Enfin, oserai-je ajouter qu'il ne fait preuve non plus ni d'une grande intelligence de la vieille comédie, de la comédie aristophanesque, ni d'une critique profonde en n'attribuant qu'au défaut d'étude et de correction cette faiblesse latine qui n'atteignit jamais dans le drame la divine hauteur des Grecs. Schlegel, Cours de litt. dram., t. II, 8, et MM. Nisard et Patin, le premier dans ses Études sur les poëtes latins de la décadence, t. I, p. 95, le second, dans le Cours de poésie latine de 1834, ont mieux rendu compte, ce me

semble, de l'infériorité des Romains dans cette partie. 276. Thespis, florissait vers la 61o olympiade, de 556 à 552 av. J.-C.

278. Personæ, le masque; pallæ, le syrma, le pallium, le manteau tragique.

283. Dignam lege regi. Cette loi fut portée par les trente tyrans; elle défendit surtout les choeurs, la satire personnelle, nominative, et la partie de l'ancienne comédie appelée parabase, où le poëte, parlant lui-même au public, déployait avec plus de licence ses opinions politiques, ses haines et ses affections.

287. Domestica facta. Plusieurs tragiques latins avaient choisi leurs sujets dans l'histoire romaine, et avaient mis sur le théâtre Brutus, Décius, Lucrèce, Virginie, etc.

288. Prætextas docuere. Docere fabulam, en grec didάoneiv spãμa, appliqué d'abord aux poëtes qui formaient, stylaient les acteurs à la représentation de leurs pièces, et ensuite employé généralement pour faire jouer, représenter ou même composer un drame. J'ai déjà cité un ouvrage de Böttiger intitulé: Quid sit docere fabulam. On le trouvera accompagné d'autres traités sur le théâtre ancien qui éclaircissent tous ces passages d'Horace, dans les Böttigeri opuscula, Dresde, 1837. Prætextas que d'autres appellent prætextatas, tragédies dont le sujet est tiré de l'histoire romaine, ainsi nommées de la robe prétexte, bordée de pourpre, et qui distinguait les hommes

revêtus des dignités publiques. Nævius, Pacuvius, Accius, avaient composé de ces tragédies prétextes, qu'on opposait aux tragédies crepidata, dont le sujet était grec. C'est ainsi que le mot togatæ désigne les comédies dont les personnages sont vêtus de la toge, costume ordinaire des bourgeois romains. Les comédies dont le sujet est grec s'appelaient palliata, de pallium, nom latin du manteau grec.

290. Voy. au vers 263.

292. Pompilius sanguis. Nous avons remarqué au vers 6 que l'on faisait descendre la famille des Calpurnius, dont les Pisons étaient une branche, de Calpus, fils de Numa Pompilius, second roi de Rome.

294. Ad unguem, polir avec l'ongle, comme font les sculpteurs pour donner le dernier fini à leur ouvrage. Les Grecs disaient » »ʊxe, des övuxa, d'övuz; ad unguem est une expression également consacrée en latin. C'est ce qui me fait croire qu'il faut laisser, avec tous les manuscrits, perfectum se rapportant à carmen, et n'y pas substituer præsectum, en le joignant

unguem, comme le veulent Dacier, Bentley, et quelques autres. Præsectum veut dire coupé de près, et plus l'ongle serait coupé de près, moins il pourrait gratter, polir le marbre. Perfectum signifiera: le poëme achevé; corriger le poëme après l'avoir terminé. Quant à carmen præsectum, que propose M. Feys, c'est une expression que j'aurais peine à comprendre. V. 295-318. A partir du vers 295 jusqu'à la fin du

poëme, Horace ne quitte presque plus le style de l'épître et même de la satire. Pour développer une des idées fondamentales de son ouvrage, à savoir que la nature ne peut rien produire de bon sans l'art et l'étude, il attaque d'abord ceux qu'on pourrait appeler les romantiques de l'époque, ceux qu'Aristote, pour les opposer aux artistes pratiques, aux ouvriers positifs, cordasta, nomme les extatiques, ixotatixoì, jeunes écervelés, dont l'extérieur, le costume, les habitudes, étaient aussi excentriques que les idées et les vers; car les mêmes folies et les mêmes ridicules reviennent à chaque période de l'histoire littéraire comme de l'histoire politique. Ceux-ci abusant d'un mot de Démocrite, professaient le plus superbe mépris pour l'art et les règles, et regardaient même la négligence affectée dans tout ce qui tient aux soins matériels, comme une preuve d'intelligence supérieure et d'enthousiasme poétique.

297. Democritus. Né à Abdère, mort, dit-on, à l'âge de cent neuf ans, l'an 361 avant Jésus-Christ, il avait écrit un traité περὶ ποήσεως, οὐ se trouvait le mot auquel Horace fait allusion, et que Cicéron avait déjà cité, de Orat., II, 46, 194, et de Divin., I, 37, 80.

300. Anticyris. Il n'y avait que deux villes d'Anticyre, l'une en Phocide, l'autre en Thessalie, toutes deux fertiles en ellébore, puissant drastique, selon la médecine ancienne, pour guérir de la folie.

301. Licino. Licinus, selon plusieurs, est un barbier

historique, que sa haine contre Pompée fit élever par César au rang de sénateur. D'autres font de ce personnage un esclave, puis un affranchi de César, qn'Auguste nomma procurateur de la Gaule. Ce qui est certain, c'est que Licinus, parti de la plus infime condition, s'acquit, par son immense fortune, et le magnifique tombeau qui renferma ses cendres, un renom proverbial chez les satiriques et les épigrammatistes romains. Perse, Martial, Juvénal, Macrobe, Sidoine Apollinaire, en font mention. - Lævus, maladroit que je suis!

302. Purgor bilem, hellénisme, purgor à bilem. Quelques manuscrits donnent purgo.-Sub verni temporis horam dans le sens du grec px, saison. Voy. dans notre poëte, Od., I, 12, 16; III, 13, 19.- Verni temporis. Axiome médical, surtout dans l'antiquité. Celse dit, II, 13: Les purgatifs ne sont opportuns ni en hiver, ni en été, ils se supportent mieux en automne, mais la meilleure saison pour eux est le printemps.

303. Non alius faceret. C'est ce que j'appelle dans ma Rhétorique une ellipse d'idée. « Maladroit que je suis! moi qui fais comme tout le monde, qui me purge à l'approche du printemps! Sans cela, si je ne faisais pas comme tout le monde, je serais réputé le premier des poëtes, nul ne ferait de meilleurs vers que moi. » Molière emploie la même figure dans Tartufe:

Si l'on vient pour me voir, je vais aux prisonniers
Des aumônes que j'ai partager les deniers.

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