Un jour au flanc je fus blessée » C'est alors que j'obtins dispense De porter mon déguisement, Et qu'on m'offrit, en récompense, La cantine du régiment. Les soldats m'appelaient leur mère, Quand les Français sont triomphants! >> Nous avons fait le tour du monde. » Sans pouvoir calmer la souffrance, >> On ne sait pas faire fortune » Lorsque la mort vint me le prendre, Un affreux jour, subitement, Ah! j'ai senti mon cœur se fendre Temps de revers, de deuil, de larmes! Chez nous, il ne faisait plus bon: Le sort avait trahi nos armes !... Je m'en revins à Besançon. » J'aurais pu faire une courbette Qu'un jour j'avais connu trompette, Comme gouverneur de la place S'il était froid comme la glace, » Il aurait de la cantinière >> Mais je repris avec courage » D'abord j'avais une charrette, Mais la route était malaisée; >> J'ai pu me procurer un âne, >> Plus tard, comme dans ma jeunesse, » L'âge rend tout bien difficile. Où les juges, par complaisance, Ou plutôt par humanité, Ont longtemps souffert ma présence, Nuit et jour, hiver comme été. » Oui, je couchais là, sur la paille, Car j'y dormais par tous les temps, HISTOIRE DES ENFANTS ABANDONNÉS ET DÉLAISSÉS RAPPORT SUR UN OUVRAGE DE M. LÉON LALLEMAND Par M. Edouard BESSON. Séance du 16 décembre 1885. MESSIEURS, Parmi les problèmes sociaux dont la solution préoccupe au plus juste titre à la fois le penseur, le moraliste et le jurisconsulte, il n'en est pas à coup sûr de plus important et de plus compliqué tout ensemble, que celui de la protection de l'enfance abandonnée ou délaissée. Cette question générale, outre qu'elle a trait à celle si grave et si prépondérante de nos jours du chiffre de la population, soulève en effet un grand nombre de questions particulières d'ordre absolument divers et plus souvent contradictoire, qu'il semble au premier abord impossible de résoudre en même temps d'une manière conforme à la vérité et à la justice. Comment, par exemple, venir en aîde à des enfants qui le plus souvent sont les produits du vice sans encourager le vice lui-même ? Et, le principe des secours une fois établi, comment devra-t-on procéder à leur distribution? Seront-ils prodigués avec un tel aveuglement que les familles régulières elles-mêmes se trouvent excitées à y prendre leur part, et à remettre à la charité publique, avec l'éducation de leurs enfants, l'exécution du plus sacré de leurs devoirs ? Et pourtant ce genre de bienfaisance ne doit-il pas avant tout être entouré d'un mystère sans lequel il ne serait que rarement acceptable? Ainsi naissent la question des tours, celle des secours aux filles |