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DEUXIÈME PARTIE.

TÉMOIGNAGES.

CHRONOLOGIE

DES VOYAGEURS, ANTIQUAIRES ET SAVANTS, DES ACADÉMIES ET des JOURNAUX périodiques qui, soit par leurs recherches ET LEURS DÉCOuvertes, soit PAR LEURS QUESTIONS, LEURS CRITIQUES OU LEURS CITATIONS, ONT CONCOURU AU DÉVELOPPEMENT DE LA THÉORIE DES MONUMENTS CYCLOPÉENS OU PÉLASGIQUES.

Un petit nombre d'auteurs anciens, tels qu'Euripide et Pausanias, en Grèce, Varron et Denys d'Halicarnasse, en Italie, ont cité, comme les ayant vues, les ruines d'un grand nombre de villes en construction cyclopéenne. Dans les temps modernes, Cyriaque d'Ancône fut le premier qui, parcourant la Grèce en 1436, y dessina divers monuments pélasgiques. Ses dessins ont été conservés dans son ouvrage intitulé: Inscriptions de Cyriaque d'Ancône. Depuis ce voyageur jusqu'à l'époque à laquelle je fis la découverte d'un monument de ce genre, vingt à vingt-cinq voyageurs environ paraissent avoir remarqué cette construction; encore l'ont-ils décrite sous d'autres noms que le sien. Ces voyageurs sont, entre autres, Léon-Baptiste Alberti,

dans sa Description d'Italie, en 1498; Octavius Archangelus, dans sa Traduction des Épîtres attribuées à Diodore de Sicile, en 1600; Cluvier, Italia antiqua, en 1624; Casali, dans son livre De veteribus christianorum ritibus, en 1644; Alessandro Vitrici, évêque d'Alatri, et Gabriel Naudé, cités par Casali; Raphaël Fabretti, dans son ouvrage De columna Trajani, en 1683; Spon et Wheler, Voyage de Grèce et du Levant, en 1685; Demouceaux, cité dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions pour avoir remarqué les ruines de Tirynthe, en 1688; Tournefort, Voyage du Levant, en 1708; Fourmont, Journal manuscrit de son voyage, en 1729; Volpi, dans son Latium antiquum; John Armstrong, dans son Histoire civile et naturelle de l'île de Minorque, Londres, 1756, et Amsterdam, 1769 1; Galiani, traducteur italien de Vitruve, en 1757; Piranesi, architecte romain, dans ses Antichità di Cora, en 1761; Chandler, Voyage en Grèce, en 1764; Winckelmann, dans ses Observations sur l'architecture des anciens, en 1768; Houel, Voyage en Sicile, en 1782; Lechevalier, Voyage de la Troade, en 1782. Mais nonseulement ces voyageurs n'ont pas reconnu dans cette construction celle que l'antiquité nomma cyclopéenne, aucun d'eux n'a même soupçonné ses rapports avec l'histoire des colonies grecques, ni son origine pélasgique; et Cyriaque, quoique très-savant et très-habile, n'en a pas même cité un seul monument en Italie, sa patrie. J'ai donc, sur tous ceux qui m'ont précédé, l'avantage,

On trouve dans cet ouvrage le dessin et la description d'un monument cyclopéen existant à deux milles (deux kilomètres et demi) d'Alaior.

et c'est le seul que je réclame, d'avoir rendu son vrai nom à la construction cyclopéenne, d'avoir démontré qu'elle est identique dans la Grèce et l'Italie, et de l'avoir rattachée à son origine reconnue 1.

1792.

Don Pedro Marquez, architecte mexicain, auteur d'un livre intitulé Des maisons de campagne de Pline le jeune, et don Pedro Velasquez, architecte espagnol, pensionnaire du roi d'Espagne, étaient avec moi dans ma première excursion au mont Circé; le premier me dit qu'il trouvait beaucoup de ressemblance entre les anciens monuments du Pérou et ceux qui étaient sous nos yeux, et que je reconnaissais pour cyclopéens.

1793.

M. Scrofani, voyageur sicilien, dessine la vue de Nauplia et de la Palamide; son dessin nous offre la construction cyclopéenne. Présenté longtemps après à l'Institut de France, ce dessin a prouvé que le voyageur Fourmont avait rendu fidèlement les mêmes murs dans la perspective qu'il donna de ce lieu en 1730.

1794.

M. Séroux d'Agincourt, antiquaire français, fut le premier à qui je révélai ma découverte à Rome; il combattit d'abord mes idées, mais en devint ensuite un des plus zélés défenseurs. Il m'a envoyé successivement de précieuses observations dans sa fréquente Voyez l'histoire de la Découverte, première partie.

correspondance. Voici ce qu'il dit relativement à ma théorie dans son Histoire de la décadence de l'art, publiée en 18231:

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« Les bornes que je me suis prescrites m'interdisent <«< de remonter aux constructions des temps les plus re« culés de l'histoire, et par conséquent de parler de ces <«<murs cyclopéens dont les énormes matériaux et l'ingénieux assemblage étaient déjà si dignes de fixer <«<l'attention des antiquaires, lorsque M. Petit-Radel, « savant français, que j'ai vu pendant plusieurs années livré à la recherche et à l'étude de ces singuliers mo<«<numents, en a tiré un parti tout nouveau pour l'explication d'un grand nombre de points aussi obscurs qu'importants de l'histoire et de la chronologie des <«< temps anciens. Sans doute ce beau travail, dont il a « établi les bases avec tant de perspicacité pendant son « séjour à Rome, et qu'il a depuis mis tant de cons«tance à étendre et à compléter, ne tardera pas à être « livré au public. »

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1800.

MM. Larcher, de Sainte-Croix, Visconti, Gossellin et Ameilhon, membres de l'Institut de France, auxquels, à mon arrivée à Paris, je communiquai mes idées sur les constructions cyclopéennes, les approuvent et m'engagent à rédiger sur cette matière des mémoires pour en faire la lecture à l'Institut.

Partie de l'architecture, pag. 152, note.

1801.

Institut de France. La classe de littérature et des beaux-arts nomme trois commissaires, MM. DavidLeroy, Dupuis et Ameilhon, pour rendre un compte raisonné du premier mémoire que j'ai soumis à cette société savante, le 19 mars 1801. La lecture de ce rapport a été faite à la séance publique de cette classe, le 4 septembre suivant.

M. le duc Caetani et de Sermonetta, prince de Caserta, savant italien, mon hôte à Rome et mon ami, devint partisan de ma théorie dès le principe; il n'a point cessé jusqu'à sa mort de favoriser les recherches relatives aux monuments pélasgiques, et de m'en faire connaître les résultats par de nombreuses lettres que j'ai conservées.

M. Fauvel, consul français à Athènes, me communique ses observations sur les murs d'Eleusis, de Mycènes, de Tirynthe, de Midea, d'Hisie, de Delphes, de Melos, d'Eleuthère, de Mégare, de Salamine, et par suite de Tripodiscus et de la tour cyclopéenne qu'il a le premier observée à Thèbes. Ce savant a continuellement fourni des renseignements sur ces matières. Il a fait en Grèce ce qu'avait fait M. d'Agincourt à Rome. Par suite des recherches qu'il a provoquées à l'appui de ma théorie sur les deux âges de construction des murs cyclopéens et de ceux qui sont bâtis en pierres parallelipipèdes, tous les voyageurs, sans exception, qui ont visité la Grèce ont adopté l'idée de ces deux périodes bien distinctes d'antiquité. Le même M. Fauvel,

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