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à peu le besoin d'un travail officiel de ce genre. Le projet en fut conçu, et l'exécution commencée au IXe siècle, par l'empereur Basile; mais l'ouvrage ne fut terminé que sous son fils Léon le Philosophe. Pour faciliter l'usage des sources, en les resserrant encore davantage, et les mettre ainsi à la portée d'un siècle dont les forces s'affaiblissaient de plus en plus, on fondit les Institutes, les Pandectes, le Code et les Novelles, en un seul ouvrage, composé de soixante livres, divisés en titres. Ce nouveau recueil, qui reçut le nom de Basiliques (Broiλinas diatağıç) (1), parvint peu à peu à abolir entièrement en Orient l'usage des recueils originaux de Justinien, quoiqu'il ne paraisse pas avoir eu directement ce but, mais avoir été seulement destiné à en faciliter l'emploi.

Au milieu du xe siècle, l'empereur Constantin Porphyrogénète donna une nouvelle édition des Basiliques.

Divers abrégés en furent faits également, dont plusieurs par ordre de l'autorité publique.

Enfin, dans le xiie siècle, les recueils originaux de Justinien, supplantés par ces traductions grecques, cessèrent complétement d'être consultés.

(1) Publiées avec une version latine par Charles Annibal Fabrot (Paris, 1647, 7 vol. in-fol.). Une nouvelle édition critique a été commencée par les frères G. E. et C. G. E. Heimbach, en 1833; elle n'est pas encore achevée.

$ 36.

Destinée du droit romain en Occident, particuliè rement sous les glossateurs.

Quoique, longtemps avant Justinien, l'empire d'Occident fût déjà tombé, et que, par suite, l'Italie n'eût conservé aucun lien politique avec l'empire grec, cependant sous Justinien, par le résultat des conquêtes de ses généraux, une grande partie de l'Italie fut de nouveau incorporée à l'empire comme province. En conséquence, les nouveaux codes de Justinien, promulgués pour tout l'empire, y parvinrent aussi. A la vérité, l'Italie fut bientôt de nouveau séparée complètement de Constantinople et devint la proie des peuples germaniques. Cependant le droit romain s'y maintint constamment en usage, pendant tout le moyen âge, sous la domination successive des Lombards et des Francs, ce qui s'explique surtout par la constitution municipale romaine qui s'y était perpétuée.

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Il y a plus l'étude scientifique du droit romainjustinien se réveilla, dès le xire siècle, dans les universités qui venaient de prendre naissance en Italie (studia generalia, universitates doctorum et scholarium), particulièrement à Bologne; et de ce point de départ se répandit peu à peu, dans presque toute l'Europe, avec la connaissance du droit romain,

l'usage pratique du même droit. La raison historique de ce fait est dans le concours de plusieurs événements tant politiques que littéraires, la plupart tout à fait accidentels.

La manière dont on enseignait et traitait scientifiquement le droit romain dans les universités et les écoles de droit de ce temps-là, ayant eu beaucoup d'influence sur la destinée ultérieure de ce droit, il est nécessaire de faire ici quelques remarques littéraires à ce sujet.

1° La forme exégétique que les premiers professeurs de droit, surtout Irnerius (mort avant 1140) et ses successeurs à Bologne, suivirent, en enseignant les recueils de Justinien, qui furent retrouvés peu

peu en totalité, a donné naissance aux gloses. On nommait ainsi de courtes notes, formant un commentaire suivi, sur le texte des livres de Justinien, par lesquelles les professeurs cherchaient à expliquer, soit sous le rapport grammatical, soit principalement sous le rapport juridique, le droit romain par lui-même, au moyen, surtout, de renvois aux passages parallèles, ou de conciliation de passages contraires en apparence. Ces gloses, qui ont valu à ces professeurs le nom de glossateurs, étaient insérées, dans le principe, entre les lignes du texte (glossa interlinearis), plus tard, placées en marge. On réunit celles des différents professeurs, et cette masse de gloses s'étant accrue peu à peu énormément, Accurse fit, au

milieu du XIIIe siècle, un choix qui est aujourd'hui la glose par excellence, glossa ordinaria, et qui s'est conservé jusqu'à nous dans la même forme, sauf quelques additions postérieures de peu d'importance.

Les nombreuses authentiques (authentica) du Code ne sont qu'une forme particulière de ces gloses. On appela ainsi par préférence, du moins plus tard, des extraits en langue latine des Novelles de Justinien, qui remontent en partie jusqu'à Irnerius lui-même, et dont le but très-raisonnable était de faire remarquer à ceux qui étudiaient le code, les changements importants que le droit impérial avait subis par les Novelles de Justinien. A quelle époque ces authentiques ont-elles été séparées des autres gloses dont elles faisaient originairement une partie intégrante, et ont-elles cessé de figurer comme simples notes marginales, pour être incorporées dans le texte même, à la suite des passages auxquels elles se rapportent, c'est ce qu'il n'est pas possible de déterminer,

2. Un mérite particulier des glossateurs est d'avoir formé, par la comparaison des différents manuscrits, un texte plus complet, plus correct et plus uniforme des recueils de Justinien. C'est ce qu'on appelle la vulgate, lectio vulgata.

3o En même temps, les passages grecs qui se trouvent dans ces recueils furent traduits en latin.

4° Quant aux Novelles, au lieu de l'abrégé latin employé jusqu'alors exclusivement, à ce qu'il paraît, l'Épitome de Julien ($35), les glossateurs rétablirent l'usage des Novelles originales de Justinien, qu'on retrouva successivement, et qu'on réunit sous le titre d'authenticum ou liber authenticorum. Mais ils se servirent pour les Novelles grecques non du texte grec original, qui leur était peut-être encore inconnu, mais d'une traduction latine tout à fait littérale en grande partie, fourmillant d'hellénismes, et souvent défectueuse; elle est d'une époque incertaine, mais, dans tous les cas, antérieure aux glossateurs. On l'appelle la vulgate, versio vulgata, par opposition aux traductions plus correctes et plus exactes qu'on a essayées plus tard.

D'un nombre beaucoup plus considérable de Novelles qui leur étaient déjà connues, les glossateurs en choisirent seulement 97, qu'ils accompagnérent d'une glose. Ils en firent neuf collationes qui formèrent le liber ordinarius, et, par opposition, on appela les autres Novelles, authenticæ extraordinariæ, ou extravagantes.

5o Plusieurs autres arrangements des glossateurs, relativement aux recueils de Justinien, trouveront leur place plus loin.

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