Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot: Lettres à Mademoiselle Voland, de 1759 à 1774 [suite] Voyage à Bourbonne et à Langres, 1770. Correspondance avec Falconet; lettres sur le désir de transmettre son nom à la postérité

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Paulin, 1831
 

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Page 225 - C'est une cause de dégoût ; quelque légère que vous la supposiez , elle aura son effet. Je vous l'ai dit et je vous le répète : notre émulation se proportionne secrètement au temps , à la durée , au nombre des témoins. Vous ébaucheriez peut-être pour vous ; c'est pour les autres que vous finissez. Or, tout étant égal d'ailleurs entre vous et moi , même sensibilité , même talent , même amour de la considération actuelle , même crainte du blâme présent, si j'y joins l'idée de...
Page 359 - Car, au nom des dieux, je vous prie, Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir :' Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir. A quoi bon charger votre vie Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous ? Ne songez désormais qu'à vos erreurs passées : Quittez le long espoir et les vastes pensées; Tout cela ne convient qu'à nous.
Page 68 - Au reste, ces deux moines étaient les grcs bonnets de leur maison; ils avaient de l'esprit, de la gaieté, de l'honnêteté, des connaissances. Quelles que soient nos opinions, on a toujours des mœurs quand on passe les trois quarts de sa vie à étudier; et je gage que ces moines athées sont les plus réguliers de leur couvent.
Page 312 - L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie, Pluton sort de son trône , il pâlit , il s'écrie : II a peur que le dieu dans cet affreux séjour D'un coup de son trident ne fasse entrer le jour, Et par le centre ouvert de la terre ébranlée Ne fasse voir du Styx la rive désolée; Ne découvre aux vivans cet empire odieux Abhorré des mortels et craint même des dieux.
Page 196 - La sphère qui nous environne, et où l'on nous admire, la durée pendant laquelle nous existons et nous entendons la louange, le nombre de ceux qui nous adressent directement l'éloge que nous avons mérité d'eux, tout cela est trop petit pour la capacité de notre âme ambitieuse ; peut-être ne nous trouvons-nous pas suffisamment récompensés de nos travaux par les génuflexions d'un monde actuel.
Page 120 - J'avais pensé que les fibres du cœur se racornissaient avec l'âge; il n'en est rien ; je ne sais si ma sensibilité ne s'est pas augmentée : tout me touche, tout m'affecte; je serai le plus insigne pleurnicheur vieillard que vous ayez jamais connu.
Page 217 - ... portefeuille. Cependant une jouissance idéale remplaçait la jouissance actuelle dont il se privait. Il vivait sur l'espérance de laisser après lui un ouvrage et un nom immortels. Si cet homme est un fou, toutes mes idées de sagesse sont renversées.
Page 360 - Eh bien ! défendez-vous au sage De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui: J'en puis jouir demain, et quelques jours encore; Je puis enfin compter l'aurore Plus d'une fois sur vos tombeaux.
Page 360 - Voudrais-je, de la terre inutile fardeau. Trop avare d'un sang reçu d'une déesse, Attendre chez mon père une obscure vieillesse, Et, toujours de la gloire évitant le sentier, Ne laisser aucun nom et mourir tout entier?
Page 240 - Cet appel, c'est le cri de la vertu qui succombe sous l'oppression ; c'est le cri du génie transporté de son propre ouvrage ; c'est le cri de l'héroïsme ; c'est le cri de la conscience après une action sublime; et ce cri n'est jamais ridicule ni dans le moment, ni dans l'avenir, lorsqu'il est autorisé par le suffrage d'un peuple éclairé par la vérité, ou lorsqu'il est arraché par la barbarie' d'un peuple féroce et stupide.

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