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SUR LES MÈTRES LYRIQUES

EMPLOYÉS PAR HORACE*.

DANS les poésies d'Horace, il y a des vers de dix espèces différentes.

1° De deux mesures, savoir d'un dactyle et d'un spondée. On le nomme adonique ou pindarique adonien, comme

Tērruit urbem.

2o De deux mesures et demie, savoir de deux dactyles et d'une syllabe de plus. On le nomme petit ar chiloquien, comme

Pulvis ět umbră să | mūs.

3o De trois mesures, et ces vers sont de quatre

sortes.

(*) Cette notice est extraite de l'édition du P. Sanadon. On a pensé que quelques lecteurs seraient bien aises de trouver ici une explication du systême métrique d'Horace. Sanadon avait cherché à la donner. Je ne veux pas disputer avec lui là-dessus; mais je dois avertir que ses opinions ne sont pas celles de tous les critiques; et, par exemple, il pourrait bien s'être trompé, lorsqu'après avoir dit qu'on peut commencer le vers hexamètre, qu'il appelle pithien, par un anapeste, il cite ce vers :

Véhĕmēns Jēt liqui | dūs pū| rõquè si millimus |āmnī.

Vehemens n'est pas ici un anapeste, mais un spondée: Horace, imitant la contraction en usage chez les Grecs et chez les Latins,

Le glyconique, formé d'un spondée et de deux dactyles, comme

Plēnā dīvěs at în domŏ.

Le phérécratien, formé d'un dactyle entre deux spondées, comme

Multō nōn síně | rīsu.

Le petit ionien, formé d'un anapeste, d'un dactyle, et d'un spondée, comme

Pătruæ verbĕră | linguæ.

Le choraïque, formé d'un dactyle et de deux chorées (ou trochées):

Lydia | dic per omnes.

4° De trois mesures et demie. Ces vers sont de deux

sortes.

Le choraïque exact, formé de trois chorées et d'une syllabe de plus :

Trūdi tur diés dí¦ē.

a fait ce mot de deux syllabes; et la première, vee, doit être considérée comme une longue.

à

Le savant Jésuite scande ainsi le petit asclépiade:

Mæcē nās ǎtǎ| vis e dítě regibus,

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et il en fait un vers de cinq pieds. C'est, dit-il, un composé d'un spondée, d'un dactyle, d'un spondée, d'un anapeste, et d'un iambe; mais il oublie de faire remarquer que ce vers est assujetti une césure, comme le pentamètre, et que la nécessité de cette césure ne permet pas de lier la sixième syllabe à la suivante. Si cette observation est juste, le petit asclépiade ne serait qu'un vers de quatre pieds et demi, et devrait être scandé ainsi :

Mæce nas ǎtǎ | vis |ēdítě | rēgibus.

Le choraïque libre, formé d'un chorée, d'un spondée, d'un dactyle, et d'une syllabe:

Cur timet flavum Tiberim.

5o De quatre mesures. Ils sont de trois sortes. Le vers iambique, formé de l'iambe, qui peut en occuper toutes les places, et doit toujours se trouver à la dernière; mais on peut mettre à la première un spondée ou un dactyle, à la seconde un tribraque, à la troisième un spondée.

Săcerněpotibus | cruōr.

Förtună non mutat | genus.
Viderě propě rantes | domum.
Ast ego vicissim riserō.

Le vers falisque, formé d'un dactyle ou d'un spondée aux deux premières mesures, d'un dactyle à la troisième, et d'un spondée à la dernière:

Mōbĭlĭ| būs pō | mārĭă | rīvīs.

Cras in gēns ĭtě | rābimus | æquōr.
Carmině pērpětů |ō cělě | brārē.
O fōr tēs pējōră quě | pāssi.

Le vers archiloquien ou dactylo-choraïque, formé de deux dactyles et de deux chorées :

Vērtěrě | fūnĕri | būs triumphos.

6o De quatre mesures et demie, savoir d'un spondée ou d'un iambe à la première place, d'un iambe à la seconde et à la quatrième, d'un spondée à la troisième, et d'une syllabe de reste:

Cantemus Augusti | tropæǎ
Olen tis üxōrēs | măriti.

7o De cinq mesures. Ils sont, dans Horace, de trois sortes.

Le saphique, formé d'un chorée, d'un spondée, d'un dactyle, et de deux chorées :

Jām să tis tēr ris nĭvis | atque diræ.

Le petit asclépiade, formé d'un spondée, d'un dactyle, d'un spondée, d'un anapeste, et d'un iambe: Mæcē nās ǎtǎ | vis ē | dítě rē | gïbūs.

L'alcaïque, formé d'un spondée, et quelquefois d'un iambe, à la première place, puis d'un iambe, d'un dée, d'un anapeste, et d'un iambe:

Qualem minis trum ful minis à lĭtēm.

Vides ut all tā stēt nĭvě candidum.

spon

8° De cinq mesures et demie. Il n'y en a dans Horace que d'une sorte; c'est le choriambique, formé, comme l'iambique, de quatre mesures, avec un iambe pour la cinquième, et une mesure de plus:

Měa | rěni | dět in | domō | lăcũ | nār.

Regum quě půě | rīs nēc | sătel | les Or|ci.

9° De six mesures. Ils sont, dans Horace,

tre sortes.

de qua

Le pithien, appelé vulgairement hexamètre. Il est formé de dactyles ou de spondées aux quatre premiers pieds, d'un dactyle et rarement d'un spondée au cinquième, et d'un spondée au sixième; on met quelquefois un anapeste au premier:

Vivěrě naturæ si convění enter ŏ pōrtēt.

Věhěmēns et líqui| dūs pūrōquè sí | millimŭs |āmni.

L'iambique. Il est formé d'un iambe, qui peut en occuper toutes les places, et doit toujours être à la quatrième et à la sixième. Mais on peut mettre à la première et à la troisième un spondée, un anapeste, et quelquefois un dactyle, à la cinquième un spondée ou un anapeste, à la seconde un tribraque :

Optat quietem Pělo | pis in | fidi pătēr.
Păvidūmvě lěpŏ | rēm ět ād| věnām | lăquěō grůēm
Dērĭpĕrě Lūnām vērsībūs | pōssum | měĭs.

Le grand asclépiade. Il est formé d'un spondée, d'un dactyle, d'un spondée, d'un anapeste, et de deux dactyles:

}

Nullām, | Vārě, să cra vite prius | sevěris | ārborěm.

Le grand ionien. Il est formé d'un anapeste au premier et au quatrième pied, d'un dactyle au second et au cinquième, d'un spondée au troisième et au sixième :

Tibi qua lum, Cythě | rēæ | půĕr à | lēs, tībĭ| tēlās.

10° De sept mesures. Il n'y en a dans Horace que d'une sorte, savoir le grand archiloquien. Il est formé d'un dactyle ou d'un spondée aux trois premières places, d'un dactyle à la quatrième, et de trois chorées aux trois dernières :

Solvitur acris hi|ēms grā tā vice | Vēris |ēt Fă | vōnĭ.

Alternō tēr|rām quătĭļūnt pědě dūm gră|vēs Cyclōpům.

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