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connu,

dont le nom n'est désigné que par les lettres initiales G. P. P.; enfin l'Art poétique, traduit par Jacques Pelletier, et corrigé par Luc de Laporte.

Deux frères, ROBERT et ANTOINE LECHEVALIER D'AGNEAUX, de Vire en Normandie, traduisirent Horace, après avoir traduit Virgile; car il faut remarquer que dans ce temps, où la langue était moins parfaite et l'art moins connu, ces grandes entreprises n'effrayaient pas les auteurs. L'Horace des frères Lechevalier est de 1588.

En 1652, il parut une traduction en vers burlesques des odes d'Horace, qu'on attribue à CHARLES COYPEAU D'ASSOUCY. Cette traduction n'est pas complète heureusement. On sait que d'Assoucy, qui prenait le titre d'Empereur du burlesque, avait publié l'Ovide en belle humeur, qui donna de l'humeur à Boileau.

Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs,
Et jusqu'à d'Assoucy, tout trouva des lecteurs.

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Voilà, répond d'Assoucy, voilà, cher lecteur, « ce que l'on gagne à faire de bons vers burles«ques. Mais quoi! il n'est pas nouveau de voir << des esprits jaloux pester contre des choses excellentes, et blâmer ce qui surpasse leur capa

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« cité. »

La libre version des Odes et Épodes d'Horace, commencée à l'âge de quatre-vingts ans, et finie

en deux mois, par PIERRE DE MARCASSUS, parut en 1664. Ce poëte gascon dit, dans son avertissement, « Fasse mieux qui pourra ; » et dans l'épître dédicatoire à Louis XIV, « J'ai donné à cet « ouvrage à-peu-près la même pompe et le même << éclat dont il aurait pu paraître à vos yeux, si son « auteur eût eu le bonheur de vivre sous votre « règne. » Cette naïveté d'amour propre n'a rien d'étonnant de la part d'un contemporain de Corneille et de Molière, qui ajoute, « Qu'il a l'avan"tage de n'avoir personne au-dessus de lui par<< mi les gens de lettres. »

parut, en 1677, un volume in-12, intitulé les Odes, Satires, et tendres Élégies d'Horace, en vers français, par C. D. J'ignore le nom de l'auteur que ces lettres initiales désignent; mais il faut remarquer que ce titre est trompeur, comme tant d'autres. Le traducteur, aimant mieux étre agréable que fidèle, a fait prendre à Horace l'habillement, l'air, et les manières des Français.

Par exemple, voici le commencement de son imitation de la satire dans laquelle Horace raconte son voyage de Brindes :

Voyage de Paris à Nantes, et ce qui s'y passa
de plus mémorable.

En partant de Paris nous prîmes

La grande route de Linas,

Et, nos chevaux allant le pas,

Gaiment le voyage nous fimes;

Dans notre carrosse public

Deux grands hommes avaient le tic,
Dans Étampes notre équipage
Alla loger au Lion d'or,

Où d'écrevisses tout d'abord

On nous servit un grand potage.

Les détails du récit d'Horace ne sont guère plus nobles; mais ils sont autrement exprimés.

Un Essai de traduction des Odes d'Horace, par le sieur DE BRIE, parut en 1693. L'auteur, dont « la paresse avait besoin d'être vaincue par un << vif desir de la gloire qui vient de l'approbation publique, » n'a donné qu'un supplément de dix odes à son premier Essai, qui en contenait seulement dix-huit.

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BRUEYS, après avoir donné une paraphrase en prose de l'Art poétique, a fait aussi une traduction en vers des odes, qui a été imprimée en 1695.

La Bibliothèque française de l'abbé Goujet m'a appris qu'il existait une traduction des plus belles odes d'Horace, par LOUIS DE PUJET. Elle doit être de la fin du dix-septième siècle, ainsi que les satires II et vi du livre II d'Horace, et trente odes, traduites en vers français par JEAN NICOLE, président à l'élection de Chartres (1705).

Un professeur de l'université de Paris, PRÉPETIT DE GRAMMONT, donna, en 1711, une traduc

tion de l'Art poétique et de quelques autres pièces de notre auteur.

On ne connaît plus guère la traduction de l'abbé PELLEGRIN (1715) que par cette épigramme:

On devrait, soit dit entre nous,

A deux divinités offrir les deux Horaces :
Le latin à Vénus, la déesse des graces,
Et le français à son époux.

Ce jolie quatrain est de Lamonnoye.

Douze ans après (1727), BRUZEN DE LA MARTINIÈRE donna, sous le titre d'Essai d'une nou̟velle traduction d'Horace, un recueil de quelques pièces choisies, traduites par divers auteurs. On y trouve plusieurs noms connus, tels que ceux de Lamotte, Lafare, Lafosse, Regnier-Desmarets, Bussi-Rabutin, Ducerceau, etc. Ce recueil n'est pas complet à beaucoup près.

BARON, le comédien, a donné aussi, dans ses œuvres imprimées en 1736, quelques essais de traduction d'Horace.

L'exemple de Bruzen de La Martinière fut imité, en 1752, par l'abbé SALMON, qui publia une traduction d'Horace à-peu-près complète (car il n'en supprima que les morceaux licencieux), en réunissant les traductions faites par divers auteurs. Ce recueil a, comme toutes les collections, le défaut des ouvrages qui ne sont pas sortis d'une même main.

Horace compte aussi une femme parmi ses traducteurs. Madame MONTEGU, de l'académie des jeux floraux, a traduit une partie des odes. Elles ont été publiées en 1769, et complétées par son fils.

CHABANON DE MAUGRIS et son frère donnèrent, en 1773, une traduction du IIIe livre des odes. En 1781, REGANHAC publia aussi une imitation de quelques odes choisies.

En 1788, M. LEFÈVRE DE LA ROCHE fit imprimer la traduction de quelques odes et de l'Art poétique.

En 1789, il parut une traduction complète des odes, imprimée à Orléans. Son auteur, plus modeste que tous ceux dont nous avons parlé, puisqu'il a gardé l'anonyme, leur est, sans contredit, bien supérieur. Cet ouvrage m'eût dispensé d'entreprendre le mien, s'il eût paru plus tôt, et m'eût empêché de le publier, si cet auteur et moi n'eussions suivi des systêmes différens dans notre manière de traduire. Je lui dois de m'être aperçu de beaucoup de fautes qui m'étaient échappées, et j'en témoigne ici ma reconnaissance à l'auteur (M. DELOYNE D'AUTROCHE). Il ne verra point en moi un rival qui espère lui enlever les suffrages qu'il mérite, mais un émule qui s'est exercé, comme lui, à imiter un excellent modèle, et qui l'a imité à sa manière.

Un autre traducteur, M. DUVERNEY, donna, en

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