ODE III. A Q. DELLIUS. Éx éprouvant du sort l'inconstance fatale, Sachez, ò Dellius, montrer une ame égale; Soit que, toujours dans la tristesse, Sois qu'assis à l'écart sur des gazons naissans, Sur ces bords où les pins et les saules tremblans Aiment à marier leur ombre hospitalière, Auprès de ce ruisseau dont les flots gazouillans Effleurent le gazon dans leur course légère, Ordonnez qu'on porte l'encens, Le nectar, et la rose, hélas! trop passagère : Vous quitterez ces bois à grands frais achetés; Jouiront du fruit de vos peines. Fussiez-vous pauvre, obscur, et maltraité du sort, Ou le sang d'Inachus coulât-il dans vos veines, De gente, sub dio moreris, Omnes eòdem cogimur: omnium Sors exitura, et nos in æternum ODE IV. AD XANTHIAM PHOCEUM. NE sit ancillæ tibi amor pudori, Xanthia Phoceu. Priùs insolentem Serva Briseïs niveo colore Movit Achillem. Movit Ajacem Telamone natum Forma captivæ dominum Tecmessä. Arsit Atrides medio in triumpho Virgine raptâ, Barbaræ postquam cecidere turmæ, Thessalo victore, et ademptus Hector Tradidit fessis leviora tolli Pergama Grajis. Il faudra suivre, un jour, l'inexorable mort, Nous sommes tous pressés par les mêmes décrets: ODE IV. A XANTHIA PHOCÉUS, QUI AIMAIT UNE ESCLAVE. PAR AR une esclave aimable et vive Ne rougis point d'être enchaîné. Jadis, sur la troyenne rive, Briséis, la belle captive, Bientôt, quand ce fougueux Achille Hector, expirant sous sa ville, Offrit une gloire facile Aux bras lassés des Argiens: La jeune Tecmesse, à l'œil tendre, Dompta le fils de Télamon; Et, sous les murs de Troie en cendre, L'auguste douleur de Cassandre Soumit le fier Agamemnon. Nescias an te generum beati Phyllidis flave decorent parentes: Regium certè genus et penates Crede non illam tibi de scelestâ Plebe dilectam, neque sic fidelem, Brachia et vultum, teretesque suras Cujus octavum trepidavit ætas Claudere lustrum. ODE V. IN LALAGEN. NUNDUM subactâ ferre jugum valet Cervice; nondum munia comparis Æquare, nec tauri ruentis In Venerem tolerare pondus. Circa virentes est animus tuæ Solantis æstum, nunc in udo Ludere cum vitulis salicto D'un prince Phyllis a pu naître, Mais ne crois pas, du moins, ta belle Un cœur si beau n'a pu sortir. Pour moi, qui te vante ses charmes, armes; De l'amour je crains peu les ODE V. A UN DE SES AMIS. NoN, ta belle génisse au joug ne peut offrir Une tête assez vigoureuse; Sa jeunesse redoute une lutte amoureuse, Du fier taureau l'attaque impétueuse. Elle fuit les chaleurs dans le cristal des eaux, Et ne soupire encor qu'après le pâturage; Ce sont les innocens troupeaux Qu'elle va chercher sous l'ombrage. |