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Et vous, vous que

chérit la reine de Délos,

Qui voit le daim tomber sous le trait qu'elle lance, Jeunes vierges, chantez; observez la cadence

De ces vers qu'inventa la Muse de Lesbos.

Chantez d'un cœur pieux le beau fils de Latone;
Chantez avec respect la Déesse des bois,
Qui protège nos champs, qui ramène les mois,
Et qui pendant les nuits de rayons se couronne.

Un jour, du chaste hymen ayant subi les lois,
Vous direz: Je chantai dans les jeux séculaires
Un hymne solennel, qui plut aux Dieux prospères;
Et la lyre d'Horace accompagnait ma voix.

FIN DU CHANT SÉCULAIRE.

UN

DISSERTATION

SUR LES PARTICIPES

DÉCLINABLES ET INDÉCLINABLES.

N vers de cette traduction, qui contenait un participe décliné, occasiona dans le temps, non pas une dispute, mais une petite discussion grammaticale, au sujet de laquelle je crus qu'il pouvait être utile de chercher à établir les règles qui déterminent si le participe doit être décliné ou ne l'être pas. Cette question a été agitée plusieurs fois; on y revient de temps en temps; et, puisqu'on dispute encore sans s'entendre, il n'est pas hors de propos de rappeler des idées qui peuvent éclaircir un point de grammaire si souvent et si inutilement débattu.

D'où viennent les difficultés relatives à l'emploi de ces participes? De l'inconvenance des noms. Ce ne sont pas les grammairiens qui président à la création des langues; ils n'arrivent qu'après les écrivains : ils observent les faits, les classent, et tâchent de les ramener à des principes généraux. Les grammairiens ont d'abord étudié le systême des langues anciennes; et de ce que les langues modernes en ont tiré leur origine, ils ont conclu qu'elles devaient en avoir adopté les règles. En cela ils se sont trompés, comme ferait le physicien qui voudrait trouver dans un climat l'application des principes résultant des observations faites dans un autre. Il en est des lois de la grammaire comme des lois civiles; leur empire est circonscrit quand elles ne sont fondées que sur les usages d'un peuple.

Nos premiers grammairiens ont remarqué que, dans les langues anciennes, les verbes recevaient diverses modifications qui les rapprochaient des adjectifs, amans, amatus, amandus, amatum, et ils ont désigné ces modifications par les noms de participe présent, participe actif; participe passé, participe passif; gérondif, et supin, qui admettent encore des subdivisions. Mais les langues modernes, moins variées dans les terminaisons que les anciennes,

n'ont pas toutes ces modifications du verbe. Elles y suppléent par des équivalens; et c'est à ces équivalens que les grammairiens ont voulu donner les noms, et, ce qui est bien pis, les lois des anciens gérondifs et participes. De là cette confusion d'idées qu'on n'évite qu'en écartant les termes inintelligibles, et en appelant à son secours la logique grammaticale.

La fonction du verbe, dans toutes les langues, est de désigner une action. Aimer, donner, faire, etc., sont des actions. On a dit dans ces derniers temps qu'il n'y avait qu'un verbe, le verbe étre, et que tous les autres n'étaient que la modification de celui-ci : ainsi, par exemple, aimer, c'est être aimant; et on traduit donner par étre donnant, faire par étre faisant, etc. Je crains bien que cette découverte ne soit qu'une subtilité : tout le monde sait bien que, pour aimer, pour donner, pour faire, il faut exister; mais je ne vois pas pourquoi on se refuserait à faire abstraction de cette condition, et pourquoi on préférerait à une idée simple, que tout le monde conçoit, une idée complexe, qui n'a l'avantage de rien éclaircir. Quoi qu'il en soit, il est évident que le verbe, simple ou composé, a la propriété d'exprimer l'action.

Il y a une autre espèce de mots dont la fonction est d'indiquer un état, une qualité. Ces mots ont été appelés adjectifs, c'est-àdire qualités ajoutées à la chose, à la personne.

On a remarqué qu'il y avait dans les verbes des modifications qui se rapprochaient de ces adjectifs, parceque, en même temps qu'elles indiquaient une action, elles désignaient aussi un état. Tels sont les mots aimant, donnant, faisant, et tous les passifs. On sent que, par cette phrase, Pierre aime, on ne considère dans Pierre que l'action d'aimer; et que, lorsqu'on dit Pierre aimant, on appelle l'attention sur l'état où est Pierre.

Ces modifications du verbe ont été désignées par le nom de participes, c'est-à-dire qui participent à la nature du nom et à celle du verbe. Telle est la définition de l'Académie. Ainsi les participes ont une double fonction, celle d'exprimer tantôt une action, tantôt un état et de cette double destination résultent diverses conséquences, savoir que, lorsqu'ils font la fonction des verbes, les mots qui se combinent avec eux suivent les lois auxquelles ils sont assujettis dans leur combinaison avec les verbes, c'est-à-dire

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qu'ils sont régis par le verbe et employés à l'accusatif; lorsqu'au contraire les participes font la fonction des adjectifs, ils sont assujettis eux-mêmes aux lois auxquelles l'adjectif est soumis, c'est-àdire qu'ils sont gouvernés par le nominatif et régis par le verbe. Toutes ces règles sont fondées sur l'ordre naturel des choses, sur le plus ou le moins d'importance de chacun des mots qui composent la phrase: aussi ces règles sont-elles plus indépendantes que beaucoup d'autres de la diversité des langues et des caprices de l'usage.

Mais cette diversité des langues a souvent induit en erreur ceux qui cherchaient à transporter dans l'une les principes de l'autre. Les langues anciennes, plus variées que les nôtres dans les terminaisons, employaient cette différence à exprimer, sans le secours des autres mots, les différentes modifications du verbe : il en résultait que leurs participes recevaient les modifications de leurs adjectifs; et de là il est arrivé que, lors de la formation des langues modernes, on a cru devoir donner toujours aux participes français les variétés de terminaison qui distinguent le masculin, le féminin, le singulier, et le pluriel.

Il ne faut qu'ouvrir nos anciens auteurs pour se convaincre que, dans les premiers temps, on ne manquait jamais d'ajouter aux participes ces terminaisons qui diversifiaient les participes latins. RABELAIS. Et, retournants à nos moutons, je dy, etc.

MAROT.

REGNIER.

Et icelui ouvrants en certain lieu trouvèrent, etc.

En Pantagruelisant, c'est-à-dire, buvants à gré et lisants les
gestes horrifiques de Pantagruel. (Gargantua, l. 1, c. 1.)
Ainsi, sans rien faire, retournèrent devers grand Gouzier, et
lui contèrent tout, adjoutants qu'il n'étoit aucun espoir,
etc. (Id. c. 32.)

Maints pelerins errants,
En soupirant disants leur aventure.
Petits ruisseaux y furent ondoyants,
Toujours faisants autour des prés herbus
Un doux murmure. (Temple de Cupido.)

Et c'est aux mieux disants une témérité. (Sat. 1.)

Qui par les carrefours vont leurs vers grimaçants. (Sat. 2.) MALHERBE. Ces enfants bien heureux, créatures parfaites,

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