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ODE VII.

AUX ROMAINS.

PEUPLES, où courez-vous? où courez-vous, impies? .
Pourquoi ces glaives nus qui brillent dans vos mains?
Les terres et les mers ne sont que trop rougies
Du sang des malheureux Romains.

Ce sang n'a point coulé pour livrer au pillage
Les orgueilleux remparts de l'Africain jaloux,
Ou pour voir dans nos fers, conduits vers ce rivage,
Ces Bretons qui bravent nos coups.

Les loups contre les loups n'exercent point leur rage;
Mais Rome, plus féroce et plus coupable qu'eux,
A déchiré son sein, et du Parthe sauvage

Elle-même a rempli les vœux.

Barbares! quel remords, quel sort fatal vous guide?
Est-ce un délire affreux? Parlez, répondez-moi.
Ils pâlissent: tout garde un silence stupide;
Ils demeurent glacés d'effroi.

Oui, Rome des destins subit la loi sévère;

L'innocence est vengée,

et le

sang malheureux

Que versa Romulus en égorgeant son frère

Doit retomber sur ses neveux.

ODE VIII.

IN ANUM LIBIDINOSAM.

ROGARE longo putidam te sæculo,

Vires quid enervet meas?

Cùm sit tibi dens ater, et rugis vetus
Frontem senectus exaret;

Hietque turpis inter aridas nates

Podex, velut crude bovis.

Sed incitat me pectus et mammæ putres, Equina quales ubera ;

Venterque mollis, et femur tumentibus

Exile suris additum!

Esto beata, funus atque imagines

Ducant triumphales tuum;

Nec sit marita, quæ rotundioribus

Onusta baccis ambulet.

Quid? quòd libelli Stoici inter sericos

Jacere pulvillos amant?

Illiterati num minùs nervi rigent,

Minùsve languet fascinum?

Quòd ut superbo provoces ab inguine,

Ore allaborandum est tibi.

ODE IX.

AD MECENATEM.

QUANDO repostum Cæcubum ad festas dapes,

Victore lætus Cæsare,

Tecum sub altâ (sic Jovi gratum) domo,
Beate Mæcenas, bibam,

Sonante mistum tibiis carmen lyrâ,
Hâc Dorium, illis Barbarum:

Ut nuper, actus cùm freto Neptunius
Dux fugit, ustis navibus,

Minatus Urbi vincla, quæ detraxerat
Servis amicus perfidis?

Romanus, eheu! (posteri negabitis )
Emancipatus feminæ

Fert vallum et arma miles, et spadonibus
Servire rugosis potest;

Interque signa turpe militaria

Sol aspicit conopium.

QUAN

ODE IX.

A MÉCÈNE.

UAND pourrai-je avec vous boire ce vieux nectar
Réservé pour les jours de fête,

Et dans votre palais célébrer de César

La plus glorieuse conquête?

Jupiter daignera sourire à nos transports,
Heureux et sensible Mécène;

Et le luth unira ses différens accords
Avec la flûte dorienne.

C'est ainsi que jadis s'élevaient nos concerts,
Lorsqu'on vit sur l'onde salée

Cet orgueilleux Sextus, ce fils du Dieu des mers,
Fuir loin de sa flotte brûlée:

Des brigands, devenus ses amis les plus chers,
Par lui virent briser leurs chaînes;
Il voulait aux Romains donner ces mêmes fers;
Et ses menaces furent vaines.

Mais (ô postérité, tu ne le croiras pas),
Lâches esclaves d'une femme,

Des Romains aujourd'hui, des Romains, des soldats,
Marchent sous un eunuque infame.

Le Dieu du jour a vu, dans les plaines de Mars,
A côté de l'aigle romaine,

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