« Possède mille arpens dans les champs de Falères, « Jusqu'à venir s'asseoir au rang des chevaliers! « ODE V. CONTRE LES SORTILÉGES DE CANIDIE. HELAS! par tous les Dieux du ciel et de la terre, Quels sont ces noirs apprêts, ce tumulte? et pourquoi « Ces farouches regards qu'elles lancent sur moi? Cruelles, si jamais l'une de vous fut mère, << Sagane, Canidie, au nom de tous vos fils, « Cruelles, détournez ces regards ennemis, C'était ainsi qu'un enfant effrayé De Canidie implorait la pitié. On dépouille son corps. O ciel! ah, quelle vue! Mais, le sein découvert, les cheveux hérissés Canidie, achevant le magique mystère, Jubet sepulcris caprificos erutas, Et ossa ab ore rapta jejunæ canis, At expedita Sagana, per totam domum Horret capillis ut marinus asperis Abacta nullâ Veia conscientiâ Ligonibus duris humum Longo die bis terque mutatæ dapis Cùm promineret ore, quantùm extant aquâ Interminato cùm semel fixæ cibo Intabuissent pupulæ. Non defuisse masculæ libidinis Ariminensem Foliam, Et otiosa credidit Neapolis Et omne vicinum oppidum: Quæ sidera excantata voce Thessalâ Lunamque cœlo deripit. Jette sur le brasier les poisons de l'Ibère, Qu'enfantent les plaines de Thrace, Arrachés à la dent d'une chienne vorace. Sagane, le bras nu, la rage dans les yeux, Relevant sa robe sanglante, De l'Averne épand l'eau fumante; Et Veia, qui jamais ne connut le remords, C'est dans cette fosse profonde Que, semblable au nageur qui fend le sein de l'onde, On Le peuple oisif, dont Naple est la patrie, Elle a dans Rimini consommé ses noirceurs, Tout est prêt: Canidie augmente la terreur; Elle ronge ses mains de sa dent venimeuse. Hic irresectum sæva dente livido Quid dixit? aut quid tacuit? « O rebus meis « Non infideles arbitræ, << Nox et Diana quæ silentium regis, « Arcana cùm fiunt sacra, <«< Nunc, nunc adeste; nunc in hostiles domos << Iram atque numen vertite : << Formidolosæ dum latent silvis feræ, << Dulci sopore languide; << Senem (quod omnes rideant) adulterum << Latrent Suburanæ canes << Nardo perunctum, quale non perfectius « Meæ laborârint manus. << Quid accidit? cur dira barbaræ minus « Venena Medex valent, « Quibus superbam fugit ulta pellicem Magni Creontis filiam, << Cùm palla, tabo munus imbutum, novam << Incendio nuptam abstulit? « Atqui nec herba, nec latens in asperis « Radix fefellit me locis. << Indormit unetis omnium cubilibus << Oblivione pellicum. « Ah! ah! solutus ambulat veneficæ << Scientioris carmine. << Non usitatis, Vare, potionibus Que dit-elle, grands Dieux! ou quels cris la fureur « Déesse de la nuit, Phébé, reine des cieux, « Accordez-moi votre présence; << Accablez, accablez ce qui m'est odieux <«< Du poids de votre haine et de votre puissance. « Si Varus va chercher dans un quartier honteux « Sur lui de tous les chiens déchaînez la colère, « Et que ce vieillard amoureux, << Parfumé par mes mains d'un baume précieux, << Soit la fable de Rome entière. « Mais, ciel! que vois-je? Eh quoi! l'épouse de Jason, « Médée, envenimant une robe fatale, << Put d'invisibles feux consumer sa rivale, << Et punir l'orgueilleux Créon; « Et moi, de qui les mains savantes << Sur la roche sauvage ont cueilli tant de plantes, << Moi, j'aurais vainement préparé le poison! <<< Tranquille sur le lit d'une autre enchanteresse, « L'ingrat ose braver mes charmes impuissans! Objet de mes fureurs, objet de ma tendresse, Que je t'apprête de tourmens! << De poisons inconnus je saurai faire usage: |