Page images
PDF
EPUB

Frankreich

appréciera le caractère et l'objet. Vous voudrez bien, monsieur, donner No. 13. lecture et remettre copie de cette dépêche à M. le baron Ricasoli, ¶ Re- 15. Juni cevez, etc., etc.

1861.

A. M. de Rayneval à Turin.

Nr. 14.

Thouvenel.

ITALIEN. Min. des Ausw. an den königl. Geschäftsträger in Paris.
Anerkennung des Titels König von Italien und die Lage des

[ocr errors]
[blocks in formation]

Die

Italien,

21. Juni

1861.

Monsieur le comte, Le chargé des affaires de France est venu me No. 14. donner communication de la dépêche dont vous trouverez ci-jointe une copie. Dans cette dépêche, S. Exc. le ministre des affaires étrangères de l'Empereur déclare que Sa Majesté Impériale est prête à nous donner un nouveau gage de ses sentiments de bienveillance en reconnaissant le royaume d'Italie. Il ajoute, toutefois, que cet acte aurait surtout pour but d'empêcher des conjectures erronnées, et qu'il ne saurait impliquer l'approbation rétrospective d'une politique au sujet de laquelle le Gouvernement de Sa Majesté Impériale s'est constamment réservé une entière liberté d'appréciation. Encore moins serions-nous fondés, d'après cette dépêche, à voir dans la reconnaissance de la France un encouragement à des entreprises de nature à compromettre la paix générale. Rappelant les déclarations du Gouvernement français à l'époque de l'entrevue de Varsovie, M. Thouvenel répète qu'il continue à regarder le principe de non-intervention comme une règle de conduite pour toutes les puissances; mais il déclare que le cabinet des Tuileries déclinerait d'avance toute responsabilité dans des projets d'agression dont nous aurions à assumer les périls et à subir les conséquences. Passant ensuite à expliquer la position de la France vis-à-vis de la cour de Rome, M. Thouvenel rappelle que de puissantes considérations obligent le Gouvernement Impérial à continuer d'occuper Rome, tant que des garanties suffisantes ne couvriront pas les intérêts religieux que l'Empereur a justement à cœur de protéger, et i exprime la confiance que le gouvernement du roi saura apprécier le caractère et l'objet de ces franches explications. Avant de vous faire connaître ma manière de voir sur les considérations développées dans la dépêche de M. Thouvenel, je dois vous prier, monsieur le comte, d'exprimer à M. le ministre des affaires étrangères ma vive et profonde gratitude pour la précieuse marque de sympathie que l'Empereur est disposé à donner à notre cause nationale, en reconnaissant le royaume d'Italie. Cet acte revêt, dans les circonstances actuelles, une valeur toute particulière, et les Italiens seront profondément touchés en voyant que Sa Majesté Impériale, bien qu'Elle n'ait pas modifié son jugement sur les événements qui se sont passés l'an dernier dans la Péninsule, est disposée à donner à l'Italie, encore attristée d'un grand deuil national, une preuve si éclatante de sa haute et généreuse bien-veillance. ¶ En vous priant d'être l'organe de ces sentiments auprès

No. 14, du Gouvernement de l'Empereur, je ne fais que suivre l'exemple du grand Italien. citoyen dont nous pleurons la mort. J'apprécie comme lui à sa valeur la

21. Juni

1861.

franchise avec laquelle le Gouvernement Impérial a bien voulu nous faire connaître sa manière de voir sur les événements qui pourraient survenir en Italie. Je ne saurais mieux répondre à cette preuve de confiance qu'en exprimant avec une égale franchise et sans aucune réticence toute ma pensée. Chargé par la confiance du roi de remplacer le comte de Cavour à la présidence du conseil et dans la direction de la politique extérieure, j'ai trouvé mon programme tracé d'avance dans les votes récents que le deux chambres du parlement ont eu l'occasion d'émettre sur les questions les plus importantes pour l'avenir de l'Italie. Après de longs et mémorables débats, le parlement, tout en affirmant d'une manière solennelle le droit de la nation à se constituer dans sa complète unité, a exprimé l'espoir que les progrès que la cause de l'Italie fait chaque jour dans la conscience publique amèneraient peu à peu et sans secousse la solution si ardemment souhaitée par les Italiens. Cette confiance dans la justice de notre cause, dans la sagesse des gouvernements européens, ainsi que dans l'appui chaque jour plus puissant de l'opinion publique, que le comte de Cavour exprimait avec tant d'éloquence peu de temps avant sa mort, a passé tout entière dans l'administration que j'ai l'honneur de présider. Le roi et ses ministres sont toujours convaincus que c'est en organisant les forces du pays et en donnant à l'Europe l'exemple d'une marche sage et régulière, que nous réussirons à sauvegarder nos droits sans exposer l'Italie à des agitations stériles et l'Europe à de dangereuses complications. Vous pouvez done, monsieur le comte, rassurer complétement le Gouvernement de l'Empereur sur nos intentions au sujet de la politique extérieure. Néanmoins, les déclarations de M. Thouvenel, relativement à la question romaine, m'obligent à ajouter quelques mots à cet égard. Vous savez, monsieur le comte, de quelle manière cette question est envisagée par le gouvernement du roi. Notre vœu est de rendre à l'Italie sa glorieuse capitale, mais notre intention est de ne rien ôter à la grandeur de l'Eglise, à l'indépendance du chef auguste de la religion catholique. Nous aimons, par conséquent, à espérer que l'Empereur pourra, dans quelque temps, rappeler ses troupes de Rome, sans que cette mesure fasse éprouver aux catholiques sincères des appréhensions que nous serions les premiers à regretter. Les intérêts même de la France, nous en avons la conviction, décideront le Gouvernement français à prendre cette détermination. Tout en laissant à la haute sagesse de l'Empereur d'apprécier le moment où Rome pourra être sans danger laissée à elle-même, nous nous ferons toujours un devoir de faciliter cette solution, et nous espérons que le Gouvernement français ne nous refusera pas ses bons offices pour amener la cour de Rome à accepter un accord qui serait fertile en conséquences heureuses pour l'avenir de la religion aussi bien que pour le sort de l'Italie. ¶ Veuillez donner lecture et copie de cette dépêche à S. Exc. le ministre des affaires étrangères. Agréez, etc.

A M. le Comte de Gropello

à Paris.

Ricasoli.

OESTERREICH.

No. 15.

Der k. k. Botschafter zu Paris an den kaiserl. französischen
Min. d. Ausw. Die Lage des Kirchenstaats betr.

Paris, le 28 mai 1861.

Oesterreich,

Monsieur le ministre, En présence des événements qui se dérou. No. 15. lent en Italie depuis deux ans, sous l'inspiration d'un parti subversif de tout ordre social et religieux, sous la pression d'un gouvernement oublieux des 28. Mai 1861. droits acquis les plus sacrés, l'Autriche, tout en protestant énergiquement à chaque nouvelle violation des traités, a cru devoir faire à la paix européenne le sacrifice de s'abstenir d'une intervention active dans les affaires de la Péninsule. C'est ainsi qu'ont pu s'effectuer des annexions qui étaient en opposition directe avec un traité à peine signé, et qui lésaient les intérêts et les droits de souverains amis et alliés. Lorsque toutefois le Piémont, poursuivant son oeuvre de spoliation, après avoir vainement tenté de provoquer des soulèvements dans les Marches et l'Ombrie, n'hésita pas à envahir à main armée les Etats du souverain-pontife sans déclaration de guerre et en usant de prétextes dont l'indignation de la majeure partie de l'Europe a fait justice, l'Autriche s'est émue des dangers que couraient le chef de l'Eglise et les grands intérêts catholiques, qui sont inséparables du maintien de l'indépendance de la papauté, indépendance basée sur le pouvoir temporel. D'accord avec l'Espagne, elle a recherché les moyens d'arrêter les envahissements sacriléges du Piémont et de venir en aide au chef de l'Eglise, qui soutenait la lutte avec une si héroïque persévérance. ¶ Les deux gouvernements se sont adressés dans ce but, l'automne dernier, au gouvernement de l'empereur des Français. Bien que réprouvant hautement la conduite du Piémont, et le lui témoignant par le rappel de son représentant à Turin, le cabinet des Tuileries a cru néanmoins qu'il valait mieux attendre l'issue des autres événements politiques survenus dans la péninsule italienne, pour en arriver ensuite avec plus de facilité à régler, d'un commun accord, les difficultés que ces événements ont suscitées dans les Etats du Saint-Siége. Depuis lors, la situation n'a fait que s'aggraver. Des paroles prononcées du haut d'une tribune par un ministre piémontais ne laissent plus aucun doute sur les projets que nourrit le gouvernement sarde. et le soussigné est plus que jamais convaincu de l'urgente nécessité de faire face aux périls qui menacent de nouveau le Saint - Siége. La ville de Rome, capitale du monde catholique, doit être déclarée capitale du nouveau royaume d'Italie, et devenir la résidence du gouvernement du roi de Piémont. Par la mise à exécution de ce projet insensé, non seulement le pape serait dépouillé de son indépendance et de sa souveraineté, mais le monde catholique se verrait également dépossédé de la ville qui, depuis les temps les plus reculés, est le siége du chef suprême de son Eglise. Il est vrai que. tant que l'armée française couvrira de sa protection le souverain-pontife. une telle iniquité ne pourra se consommer, et de pareils desseins tomberont devant l'opposition énergique de la France, dont l'honneur se trouve engagé dans tout le passé, dont les traditions sont garants qu'elle ne cèdera pas

reich,

1861.

No. 15. la place à une autre puissance dont la présence n'aurait été ni réclamée ni Oester- acceptée par le Saint-Siége. ¶ Mais est-il juste que le gouvernement de 28. Mai l'empereur supporte seul les embarras et risques de cette protection, qui intéresse également la catholicité tout entière disposée à revendiquer sa part? ¶ Déjà en 1848, lorsque des événements semblables avaient paru mettre en péril la vie et les droits du souverain-pontife, l'Autriche, l'Espagne et la France se sont empressées de prendre la défense d'intérêts si chers et d'unir leurs drapeaux pour venir au secours du pape et de ses droits. Mais, par suite de considérations militaires, il fut jugé plus convenable que l'armée française entrât seule dans la capitale de la chrétienté et y maintînt seule l'ordre public et les droits du pape, mission dont la France s'est acquittée depuis ce temps avec tant de gloire. ¶ Si le gouvernement de l'empereur, dans sa constante sollicitude pour les intérêts catholiques, trouve que le moment est venu de réunir les efforts des puissances catholiques en faveur de la souveraineté pontificale, l'Autriche et l'Espagne sont prêtes à contribuer de toutes leurs forces à assurer le salut d'une institution qui a reçu la consécration des siècles. La capitale du monde catholique n'appartient qu'aux nations catholiques. Résidence du souverain-pontife, renfermant les établissements et les archives de la catholicité, personne n'a le droit de l'en spolier, et les puissances catholiques ont le devoir de l'y maintenir. ¶ Assurément le gouvernement de l'empereur des Français, dont les efforts perséverants ont été dirigés vers le même but, ne consentira en aucune façon à la réalisation des vues exprimées par M. de Cavour. Le soussigné a donc le ferme espoir que l'empereur voudra bien provoquer, s'il le juge comme lui nécessaire, une entente entre les trois puissances, afin d'adopter les mesures capables de prévenir les dangers de plus en plus graves dont sont menacés le saint-père et l'exercice de son autorité légitime, au grand préjudice de tous les catholiques du monde, qui auraient à supporter les conséquences d'une perturbation si grande et d'une dépossession si injuste. A S. E. M. le ministre Thouvenel. Prince de Metternich.

6. Juni 1861.

FRANKREICH.

[ocr errors]

No. 16.

Min. d. Ausw. gleichlautend an die Vertreter Oesterreichs und Spaniens in Paris. Die Lage des Kirchenstaats betr.

[ocr errors]

Paris, 6 juin 1861.

No. 16. Monsieur. j'ai reçu la Note que V. Exc. m'a fait l'honneur de Frankreich m'adresser en date du 28 mai, et dans laquelle elle m'exprime le désir de son gouvernement de s'entendre avec le gouvernement de l'Empereur en vue d'assurer, d'une façon définitive et grâce à un accord des puissances catholiques, le maintien du pouvoir temporel du Saint-Siège. ¶ De son côté, M. l'ambassadeur... s'est acquitté auprès de moi d'une démarche tendant au même but. Mon premier devoir était de placer sous les yeux de Sa Majesté ces importantes communications, et je me trouve aujourd'hui en mesure d'y répondre. Les sentiments inspirés au gouverneme ntde . . . . . par la position du Saint-Père sont entièrement conformes à ceux qu'éprouve

Frankreich.

lui-même le gouvernement de l'Empereur. Il a déploré, autant qu'il l'a No. 16. blâmée, l'agression dirigée contre les Etats - Pontificaux, et si les graves 6. Juni 1861. considérations politiques dont l'Autriche et l'Espagne ont également tenu compte à cette époque ne lui ont pas permis davantage de réagir contre les événements accomplis, il n'a rien négligé pour en limiter les conséquences. Le corps d'occupation de Rome a été augmenté sans retard, et le Pape pouvant demeurer avec sécurité dans sa capitale, au milieu de la tourmente qui agitait l'Italie, a dû à la présence des troupes françaises de conserver une partie de son territoire. Le gouvernement de l'Empereur, par des actes auxquels, je le constate avec satisfaction, le gouvernement de.... n'hésite pas à rendre hommage, a ainsi témoigné et témoigne toujours des profondes et invariables sympathies qui l'animent à l'égard du chef de l'Eglise. La situation précaire que les circonstances ont faite au pouvoir temporel du Saint-Siège n'en excite pas moins de pénibles préoccupations parmi les nations catholiques, et comme il importe à la paix des consciences que d'aussi sérieuses questions ne restent pas trop longtemps suspendues sur le monde, il est certainement du devoir des gouvernements d'unir leurs efforts pour les simplifier et en faciliter la solution. ¶ Je ne croirais pas utile toutefois, monsieur.. de discuter ici, avec le développement nécessaire, le système d'après lequel les Etats du Pape et la ville de Rome constitueraient, pour ainsi dire, une propriété de main-morte, affectée à la catholicité tout entière et placée, en vertu d'un droit qui n'est écrit nulle part, au-dessus des lois qui régissent le sort des autres souverainetés. Je me borne seulement à rappeler que les traditions historiques les plus anciennes, comme les plus récentes, ne paraissent pas sanctionner cette doctrine, et que l'Angleterre, la Prusse, la Russie et la Suède, puissances séparées de l'Eglise, ont signé à Vienne, au même titre que la France, l'Autriche, l'Espagne et le Portugal, les traités qui restituaient au Pape les possessions qu'il avait perdues. Les plus hautes convenances, je me hâte de le proclamer, s'accordent avec les plus grands intérêts sociaux pour exiger que le chef de l'Eglise puisse se maintenir sur le trône occupé par ses prédécesseurs depuis tant de siècles; l'opinion du gouvernement de l'Empereur est très-ferme à ce sujet, mais il pense aussi que le sage exercice de l'autorité suprême et le contentement des populations sont, dans les Etats Romains comme ailleurs, les conditions premières de la solidité du pouvoir. Les dangers les plus graves qui menacent aujourd'hui la souve raineté temporelle du Saint-Siège proviennent, il est vrai, du dehors, et si l'occupation de Rome pourvoit aux nécessités du présent, l'avenir demeure exposé à des hasards que nous voudrions sincèrement conjurer. ¶ L'Autriche et l'Espagne, Monsieur.. nous convient à cette tâche, mais elles n'indiquent pas l'ensemble des moyens pour l'accomplir, et quelques explications de leur part cependant seraient d'autant plus nécessaires que leur position vis-à-vis de l'Italie diffère, sous un certain aspect, de celle de la France. Nous avons vu avec regret les stipulations de Villafranca et de Zurich ne pas recevoir leur complète exécution, et nous aurions souhaité que la monarchie des Deux Siciles ne fût pas renversée; néanmoins, la

....."

« PreviousContinue »