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La Suze.

C

La

Suze

Zu den ältern berühmten französischen Dichterinnen ges hört Henriette de Coligni, Gräfin de la Suze, die schon im J. 1673 zu Paris starb. Unter ihren Gedichten verdiez nen die elegischen noch die meiste Aufmerksamkeit; wiewohl auch diese vielleicht, mit den übrigen, långst vergessen seyn würden, wenn die Elegie nicht von den neuern französischen Dichtern so wenig bearbeitet wåre, vollends, seitdem sie Durch die heroide fast ganz verdrängt wurde.

ELEGI E.

Ha! qu'il eft dangereux quand on a bien aimé
De revoir les beaux yeux qui nous avoient charmé!
Et que dans cet étât la forte fympathie
Rallume promptement une flâme amortie!
Qu'avec peu de fuccès notre foible raifon
Nous fait voir les rigueurs d'une ancienne prifon;
Et qu'il eft doux d'entrer dans une fervitude
Dont nos coeurs avoient fait une longe habitude!
Phénice, vous favez que ce coeur autrefois
Malgré votre rigueur fut foûmis à vos Loix,
Qu'en voyant vos beautés je ne pûs me défendre
De concevoir pour vous une amitié bien tendre,
Que j'adorai dès lors tous vos divins appas,
Et que votre mépris ne me rébuta pas.
Je trouvai les moyens de vous faire paroitre
Un feu que votre coeur ne vouloit pas connoitre;
Et ma mufe difcrette en le dilant pour moi
Par mille doux fermens vous engagea ma foi;
C'est tout ce qu'elle fait; car votre indifference
Ne me flatta jamais de la moindre efperance,
Et je vous vis alors abandonner le Cour
Sans avoir feulement approuvé mon amour:
Vous partîtes, Phenice, et laiflâtes mon ame
Avec l'impreffion de fa nouvelle flâme:

L'hiver a du depuis eû trois fois fes glaçons,
L'été f'eft couronné de fes blondes moiffons,

Et depuis ce tems là le grand flambeau du monde
A trois fois achevé fa courfe vagabonde,

Et j'ai toujours fenti regner dedans mon coeur
Cette même tendreffe, et cette même ardeur;
Il eft vrai que ce coeur quelquefois infidelle:
A porté fes defirs à quelque amour nouvelle,
Qu'il f'eft laiffé foûmettre à la brune Cloris
Que de la blonde Aminte il fut long-tems épris,
Et qu'il ne put un jour defendre fa tranchife
De la charmante humeur de l'aimable Belife;
Mais, Phenice, l'éclat de toute leur beauté
N'a point entierement foûmis ma liberté,
Toûjours dedans mon coeur votre puiffante idée
Malgré tous leurs appas f'eft trop bien confervée,
Et lorsqu'après avoir furmonté leurs rigueurs
J'en recevois enfin de legeres faveurs,
Je difois en fuivant mon amoureux caprice
Que je ferois heureux fi c'étoit de Phenice,
Et fi bel objet qui captive mon coeur
Avoit la même éftime et la même douceur:
Ainfi toûjours à vous, quoique toûjours volage,
J'ai toujours adoré votre divine image,

Et malgré tous les maux qu'autrefois j'ai foufferts
Je reviens à vos pieds reprendre tous mes fers.
Rendez-les moi, Phenice, avec toutes mes peines,
Je reviens de bon coeur pour renouer mes chaînes
Et pour fubir enfin toutes les mêmes loix

Auxquelles mon efprit fut foumis autrefois :

Mais puisque mon destin veut bien que je vous
aime

N'adoucirez-vous point votre rigueur extrême?
Et ne voudrez-vous point que ma bouche au-
jourd'hui

Vous parle avec refpect de mon cruel ennui?
Vous n'y confentez point, et toujours adorable
Vous paroiflez pour moi toûjours inexorable,
Et fi je trouve en vous mon aimable vainqueur
Je le retrouve armé de toute fa rigueur;

La Suze.

Et

La Suze. Et bien puisqu'il le faut, inhumaine Phenice,
Je veux vous adorer malgré votre injustice,
Mes tourmens autrefois me parurent trop doux
Pour ne m'expofer pas à les fouffrir pour vous,
Je veux que mon amour, et foûmise et discrete,'
N'ait que mon feul respect pour fidele interprête,
Je veux que mes regards, et mes triftes foûpirs
N'ofent pas feulement parler de mes defirs,
Et quoique je vous trouve également cruelle
Je veux être toûjours et foûmis et fidelle.

1

Des

De shoulieres.

S. von dieser Dichterin, B. I. E. 383 In ihren mehresten Gedichten, auch in ihren Idyllen herrscht ein ges wiffer elegischer Ton, sauftes und feines, mit Anmuth und Wohlklang ausgedrücktes, Gefühl.

ELEGI E.

Deshoulieres.

Genereux Licidas, ami fage et fidelle,
Dont l'esprit eft fi fort, de qui l'ame eft fi belle,
Vous, de qui la raifon ne fait plus de faux pas,
Ah! qu'il vous eft aifé de dire: N'aimez
Quand on connoit l'amour, fes caprices, fes peines,
Quand on fait comme vous ce que pesent fes chaî-

nes:

pas.

Sage par fes malheurs, on meprife ailement
Les douceurs dont il flate un trop credule amant.
Mais quand on n'a point fait la trifte experience
Des jaloufes fureurs, des dépits, de l'abfence;
Que pour faire fentir fes redoutables feux,
Il ne paroît fuivi que des ris et des jeux:
Qu'un coeur refifte mal à fon pouvoir fuprême!
Que de foins, que d'efforts pour empêcher qu'il
n'aime!

Je fais ce qu'il en coute, et peutêtre jamais

L'amour n'a contre un coeur émouflé tant de traits:
Infenfible aux plaisirs, infenfible à la gloire,
Que promet le fuccès d'une illuftre victoire?
Je ne fuis point encor tombée en ces erreurs
Qui donnent de vrais maux pour de faufles dou-

ceurs:

Mes fens fur ma raifon n'ont jamais eu d'empire,
Et mon tranquille coeur ne fait comme on foupire.
Il l'ignore, Berger: mais ne préfumez pas
Qu'un tendre engagement fût pour lui fans appas.
Ce coeur que le Ciel fit delicat et fincere,
N'aimeroit que trop bien, fi je laiffois faire.
Beisp. Samml. 4. B.
C

Mais,

Deshoulieres, Mais, grace aux immortels, une heureuse fierté
Sur un fi doux penchant l'a toûjours emporté.
Sans ceffe je me dis qu'une forte tendrefle
Eft malgré tous nos foins l'écueil de la fageffe:
Je fuis tout ce qui plait, et je fais m'allarmer
Dès que quelqu'un paroît propre à fe faire aimer.
Comme un fubtil poifon je regarde l'eftime,
Et je crains l'amitié bien qu'elle foit fans crime.
Pour fauver ma vertu de tant d'égaremens,
Je ne veux point d'amis qui puiflent être amans.
Quand par mon peu d'appas leur raifon eft féduite,
Je cherche leurs defauts, j'impofe à leur mérite.
Rien pour les ménager, ne me paroît permis,
Et dans tous mes amans je vois mes ennemis.
A l'abri d'une longue et fare indifference,
Je jouis d'une paix plus douce qu'on ne pense.
L'efprit libre de foins, et l'ame fans amour,
Dans le facré valon je paffe tout le jour:

J'y cueille avec plaifir cent et cent fleurs nouvelles
Qui braveront du tems les atteintes cruelles ;
Et pour fuivre un penchant que j'ai reçu des Cieux
Je confacre ces fleurs au plus jeune des Dieux.
Par une jufte retour on dit qu'il fait répandre
Sur tout ce que j'écris un air galant et tendre.
Il n'ofe aller plus loin, et fur la foi d'autrui
Tantôt je chante pour, et tantôt contre lui:
Heureufe fi les maux dont je feins d'être atteinte
Pour mon timide coeur font toûjours une feinte!

Bers

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