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Quinaut que toute la France regarde préfentement, malgré tout ce que vous avez dit contre lui, comme le plus excellent Poëte Lyrique & Dramatique tout enfemble, que la France ait jamais eu. Vous pouvez vous faire du tort tant qu'il vous plaira par vos Satyres; mais vous ne m'en ferez point du tout, nous sommes trop connus l'un & l'autre. Que fi vous voulez abfolument étre en guerre avec moi, je voudrai ce qu'il vous plaira, pourvû que vous ne vouliez pas que je me fache. J'ai refolu abfolument de n'en rien faire, & de ne troubler pour quoi que ce foit, le repos & là tranquillité dont je jouis dans ma folitude. Je me fuis fait un amusement du Parallèle des Anciens & des Modernes, mais (44)

REMARQUES.

du reproche d'une inattention inexcufable. En comparant ce qu'il rapporte comme étant de M. Perrault avec les propres paroles de cette Lettre, on voit qu'il fait dire à fon Adverfaire tout autre chofe que ce qu'il a dit effectivement, foit ici, foit ailleurs. On ne trouvera rien dans les Ouvrages de M. Perrault qui puiffe faire penfer, qu'il ait été dépourvu de fens au point de regarder Quinaut comme le plus grand de nos Poëtes, pour la Tragédie, pour la Comédie, & pour l'Opéra. C'eft ce que fignifient fes paroles de la maniere que M. Despréaux les rapporte. Mais de la maniere dont il s'exprime effectivement dans cette Lettre, il ne dit que ce que nous difons tous les jours, que Quinaut eft le plus excellent Poëte Lyrique & Dramatique tout enfemble, que la France ait jamais eu. Ce tout enfemble, mis après Lyrique & Dramatique, détermine fi bien la Phrafe à fignifier uniquement, que Quinaut eft le meilleur de nos Poëtes pour le Dramatique Lyrique, c'eftà-dire, pour les Opéra, qui font des Poemes Dramatiques faits pour être chantés fur le Théâtre avec des accompagnemens de Symphonie, qu'il eft étonnant que M. Despréaux ait pu s'y méprendre. Soyons, dans les Difputes, plus occupés du foin d'être fideles, que de celui d'amufer. Le plus für eft toujours de rapporter mot à mot les paroles de fon Adverfaire. DE ST. MARC. (44) à condition de laiffer tout là, comme je l'ai déja Tome III.

D

condition de laiffer tout là, comme je l'ai déja déclaré, fi la matiere qui jufqu'à ce jour ne m'a don né que du plaifir, venoit à m'échauffer le moins du monde.

Fe fuis &c.

REMARQUES.

déclaré &c.] C'eft dans une Lettre à M. Ménage, écri te au mois de Décembre 1687. ou dans l'année 1688. que M. Perrault avoit fait la déclaration qu'il rappelle ici. Voici comment elle eft conçue dans cette Lettre, qui fe trouve à la fin du III. Tome du Parallele. Comme je n'écris fur les Anciens & fur les Modernes », que pour me divertir, je quitterois là toute la dif,, pute, fi elle venoit à m'échauffer le moins du monde

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Que dira-t-on du vafte Commentaire dans lequel j'ai noyé cette Lettre, qui ne demandoit certainement qu'un petit nombre de Notes, & peut-être même affez courtes? Serai-je fuffifamment excufé dans l'efprit des Lecteurs équitables, quand je leur aurai dit que la plupart des chofes qu'ils viennent de lire ne font ici que comme en dépôt ? La diftribution & la forme de cette Edition ne me laiffant pas le maître abfolu du terrain *, j'ai pris le parti d'entaffer ici quantité de chofes que j'aurois du placer dans les Remarques fur les neuf Réflexions Critiques contre M. Perrault. C'est autant de fait; & je prie d'avance les Lecteurs de trouver bon, quand ils en feront là, que je les renvoye fouvent ici. Au refte quelque longues que foient ces Remarques, on verra qu'il n'a tenu qu'à moi de les groflir encore de ce que j'ai rapporté de Chapelain, dans ce que j'ai cru devoir joindre aux Notes de M. Broffette fur le Chapelain Decoiffé. Il faut fur-tout faire attention à la Remarque 63. dans laquelle j'ai fait entrer ce que Chapelain, auffi judicieux Critique que mauvais Poëte, penfoit de l'Abbé Cotin, de l'Abbé Caffaigne, de Quinaut & de lui-même. DE ST. MARC.

* M. De St. Marc craignoit que, fans les longues Notes qu'on vient de lire, le fecond volume de fon Edition (qui eft le troifieme de celle-ci) ne fût trop foible, & que celui où il auroit dû les placer, ne fût trop fort. Pour la même raison on a dû fuivre le même plan dans cette Edition-ci.

O DE S.

O DE I.

SUR

LA PRISE DE NAMUR. *

QUELLE do&te & fainte yvresse

Aujourd'hui me fait la loi?

Chastes Nymphes du Permeffe,
N'est-ce pas vous que je voi?
5 Accourez, Troupe fçavante,

REMARQUES.

Le Roi affiégea Namur le 26. de Mai 1692. La Ville fut prife le 5. de Juin; & le Château fe rendit le 30. du même mois. Cette Ode fut composée l'année fuivante. On a une Lettre de M. Defpréaux à M. Racine du 4. Juin 1693. laquelle contient cette Ode dans l'état auquel l'Auteur l'avoit mife d'abord. Mais il y fit de grands changemens avant que de la publier.

Des fons que ma Lyre enfante,
Ces arbres font réjoüis.
Marquez-en bien la cadence;

Et vous, Vents, faites filence:

10 Je vais parler de LOUIS.

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VERS 9. Et vous, Vents, faites filence : L'Auteur de la Lettre à M. P***. de laquelle j'ai parlé dans la Remarque 1. fur la Lettre de M. Perrault, dit qu'ET vous, Vents, eft fort désagréable, Fauffe critique. Souvent un Vers, qui paroît dur, en le lifant tout de fuite, ceffe de l'être, quand on le lit comme il doit être récité. DE ST. MARC.

VERS 10. Je vais parler de LOUIS.] Le même Auteur trouve que ce Vers a peu de vigueur. En effet, il n'eft pas ce qu'on appelle fort. Mais étoit-il befoin qu'il le fût? DE ST. MARC.

VERS 11. Dans fes chanfons &c.] Dans la premiere compofition certe Stance étoit la troisieme. L'Auteur ne fit pas imprimer la feconde que voici:

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M. de Fontenelle avoit publié depuis peu fa DIGRESSION fur les Anciens & les Modernes, pour fortifier le parti

Pindare étendant fes aîles,

Fuit loin des vulgaires yeux,
15 Mais, ô ma fidele Lyre,

Si, dans l'ardeur qui m'infpire,
Tu peux fuivre mes tranfports;
Les chênes des monts de Thrace

REMARQUE S.

de M. Perrault contre les Anciens. Il fit enfuite cette EPIGRAMME.

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Quand Defpréaux fut fifflé sur son Ode, -
Ses Partifans crioient dans tout Paris:
Pardon, Meffieurs; le Pauvret s'est mépris:
Plus ne lotra; ce n'est pas fa méthode.
Il va draper le Sexe féminin ;

A fon grand nom vous verrez s'il déroge;
Il a paru, cet Ouvrage malin:

Pis ne vaudroit quand ce feroit dloge..

M. de Fontenelle, à qui l'on a communiqué cette, Note, n'a pas trouvé mauvais qu'on la publiát. BROSS. Voyez le Bolzana, N. CXV. DE ST. MARC.

VERS 15. fidele Lyre, Ces deux Mots, placés ainfi, forment un fon fort défagréable. Lyre fidele, choqueroit un peu moins. Un Mecanisme, auquel je crois qu'on doit s'affujettir pour rendre les Vers plus harmonieux, c'eft de n'employer dans les Apoftrophes, & dans tous les endroits où la Voix s'arrête, que des fons graves & pleins. Les fons aigus & grêles font toujours déplaifans dans les repos, à moins que l'Image ne les y demande. Il n'y a que la vitelle de la Prononciation qui les rende fupportables. C'eft donc à la Prononciation à marquer la place qu'ils doivent occuper. DE ST. MARC.

VERS 18. Les chênes des monts de Thrace] Hémus, Rhodope & Pangée. DESP.

Les Animaux les plus féroces & les Arbres même des Forêts de Thrace étoient fenfibles aux accens de la Lyre d'Orphée, fi l'on en croit les Poëtes, BROSS.

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