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XLVII.

Aux RR. PP. JESUITES Auteurs du JOURNAL DE TRE VOUX.

MES Révérends Peres en Dieu,

Et mes Confreres en Satire,

Dans vos Ecrits, en plus d'un lieu,

Je vois qu'à mes dépens vous affectez de rire.
Mais ne craignez-vous point que, pout rire de vous,
Relifant Juvénal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma fatirique audace?

Grands Ariftarques de Trévoux,

N'allez point de nouveau faire courir aux armes
10 Un Athlete tout prêt à prendre fon congé,
Qui par vos traits malins au combat rengagé,
Peut encore aux Rieurs faire verfer des larmes.
Apprenez un mot de Regnier

15

Notre célèbre Devancier :

Corfaires attaquant Corfaires,

Ne font pas, dit-il, leurs affaires,

REMARQUES.

XLVII. Vers 15. Corfaires &c.] Regnier finit ainfi fa

XII. SATIRE.

Corfaires à Corsaires,

L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires. Cette Epigramme fut faite à l'occafion de l'Extrait,

XLVIII.

Réplique à une EPIGRAMME faite au nom des mémes JOURNALISTES.

NON, pour montrer que Dieu veut être aimé

de nous,

Je n'ai rien emprunté de Perfe ni d'Horace,
Et je n'ai point suivi Juvénal à la trace.

Car bien qu'en leurs Ecrits ces Auteurs, mieux que

vous,

REMARQUES.

que les Journalistes de Trévoux firent dans leurs Mémoires de Septembre 1703. d'une Edition des Oeuvres de M. Defpréaux faite en 1701. en Hollande; dans laquelle on avoit mis au bas des pages quelques endroits des Poëtes Larins, imités par notre Auteur. Les Journa Zifles difoient, entre autres chofes, qu'en parcourant ce Folume, on trouve que les pages font plus ou moins chargées de Vers Latins imités, felon que certaines Pièces de M. Defpréaux ont été communément plus ou moins eftimées. Après quoi, ils remarquoient, qu'on n'en trouvoit point dans la dixieme Satire contre les Femmes, ni dans l'Epl. tre fur l'Amour de Dieu, M. Defpréaux fut offenfé de cette raillerie par laquelle on le repréfentoit comme un grand Imitateur, qui devoit toute fa réputation aux beaux endroits des Anciens, qu'il avoit fait passer dans fes Ouvrages. C'eft ce qui lui fit faire cette Epigramme, qu'il appelloit auffi une Petite Epitre. Le P. Ďu Rus, Jéfuite, y répondit ainfi.

Les Journalistes de Trévoux,

Illuftre Héros du Parnasse,

N'ont point cru yous mettre en courroux,
Ni ranimer en vous la fatirique audace,

Dont par le grand Arnauld yous vous croyez absaus.
Ils vous blament si peu d'avoir suivi la trace

5 Attaquent les erreurs dont nos ames font yvres, La néceffité d'aimer Dieu

Ne s'y trouve jamais prêchée en aucun lieu, Mes Peres, non plus qu'en vos Livres.

REMARQUES.

De ces grands Hommes, qu'avec grace
Vous traduifez en plus d'un lieu;

Que, pour l'amour de vous, ils voudroient bien qu'HoraFO
Eût traité de l'Amour de Dieu.

C'eft à cette Epigramme que notre Auteur réplique par la XLVIII.

Les Journalifies de Trévoux ne s'accordent pas, dans ce qu'on vient de lire d'eux, fur la caufe du plus ou moins de fuccès des différentes Pièces de notre Auteur, avec ce que M. Perrault en avoit dit avant eux. Voyez fa LETTRE, Remarque 37. Ils fe trompent d'ailleurs quand ils font entendre, qu'il n'y a point d'Imitations dans la dixieme Satire.

Au fujet de l'Epigramme, que M. Broffette donne pour être du P. Du Rus, l'Editeur de 1740. dit feulement, qu'elle lui eft attribuée. DE ST. MARC,

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XLIX.

Vers pour un Portrait de l'Auteur.

NE cherchez point comment s'appelle

L'Ecrivain peint dans ce Tableau.
A l'air dont il regarde, & montre la Pucelle,
Qui ne reconnoîtroit Boileau?

L.

DE fix Amans contens & non jaloux, Qui tour à tour fervoient Madame Claude, Le moins volage étoit Jean fon Epoux. Un jour pourtant d'humeur un peu trop chaude, 5 Serroit de près fa Servante aux yeux doux; Lorfqu'un des fix lui dit: Que faites-vous? Le jeu n'eft fûr avec cette Ribaude.

Ah! voulez-vous, Jean-Jean, nous gâter tous?

REMARQUES.

XLIX. En 1699. M. Despréaux me donna fon Portrait peint en grand par Santerre. 11 y eft représenté fou riant finement, & montrant du doigt La Pucelle, qui paroît ouverte fur une Table. Il accompagna fon préfent de cette Epigramme. BROSSETTE.

§. L. Voyez la Remarque de M. Broffette fur le Vers 96. du premier Chant de l'Art Poëtique, dans laquelle fe trouve cette même Epigramme. Si on l'a répétée ici, c'est parce qu'elle devoit naturellement avoir place parmi les Epigrammes de notre Auteur. M. De St. Marc & l'Editeur de 1735. l'y ont mife auffi ; mais elle manque totalement dans l'Edition de 1740.

LI.

5

Contre les Sieurs BOYER & de LA CHAPELLE.

JAPPROUVE que chez vous, Meffieurs, on

examine

Qui du pompeux Corneille ou du tendre Racine,
Excita dans Paris plus d'applaudiffemens.

Mais je voudrois qu'on cherchât tout d'un temps,
La question n'eft pas moins belle,

Qui du fade Boyer ou du fec La Chapelle,
Excita plus de fifflemens.

REMARQUES.

LI. Cette Epigramme eft certainement de M. Despréaux, quoiqu'elle ne fe trouve dans aucune Edition de fes Oeuvres. Peut-être ne l'a-t-il jamais fait imprimer par quelque raifon de ménagement pour M. de La Chapelle. EDITION DE PARIS 1735.

VERS 6. Qui du fade Boyer ou du fec La Chapelle,1 BOYER eft connu dans les Oeuvres de notre Auteur par les Vers 34. & 35. du IV. Chant de l'ART POETIQUE.

Qui dit froid Ecrivain, dit déteftable Auteur;
Boyer eft à Pinchéne égal pour le Lecteur.

L'Epigramme & les deux Vers fe fervent de Commentaire, & l'on y reconnoît le même génie & le même Stile. EDIT. P. 1735.

Jean de La Chapelle, né à Bourges en 1655. & mort à Paris le 29. Mai 1723. âgé de 68. ans, & Doyen de l'Académie Françoife, dont il étoit Membre depuis 1688. fçut allier les Finances & la Politique avec le goût des Lettres & de la Poëfie. Il acheta, lorfqu'il étoit encore affez jeune, la Charge de Receveur-général des Finances de la Rochelle. Il fut enfuite Secrétaire des Commandemens de M. le Prince de Conti, qui l'em

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