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teur, quoiqu'ecclésiastique et ex-auditeur d'une légation apostolique, est plus tolérant que Thiers à l'égard des perruques, même de celles des, ecclésiastiques (17); il convient même que certaines personnes peuvent en avoir besoin.

Jean-Phil: GROSSIUS publia à Wittemberg, en 1694, une dissertation in-4°. de Capillis et capillamentis. Elle est citée dans le catalogue de la bibliothéque du comte de Bünaw.

En 1707, Tob. HOEFFNER et G S. SCHOENHERR soutinrent à Léipsick une dissertation académique de Quæstione: num ecclesiasta liceat gerere capillamentum? Ils sont fortement pour l'affirmative, et ils allèguent quelquefois des raisons qui, aujourd'hui, paroîtront assez plai

santes.

M. DEGUERLE, sous le nom supposé du docteur Akerlio, a publié il y quelques années un Éloge des perruques (18). C'est un éloge à peu près dans le genre de celui de la puce, ou de l'âne, ou du rien, qu'on trouve dans le theatrum sapientiæ jocoseria de Casp. DoRNAVIUS. M. Deguerle a joint à son ouvrage une liste alphabé tique de pareils éloges, qu'il appelle Éloges dans Le genre gracieux et badin; elle remplit 15 pages, » Il y a dans ce livre un grand appareil d'érudition, mais malheureusement, dit M. Nicolaï, elle n'est souvent qu'apparente (19). On peut reprocher à M. Deguerle beaucoup de négligences et d'inexactitudes quant aux sources dans lesquelles il a puisé, et d'avoir souvent été très-infidèle dans la manière dont il a rapporté certains

traits d'histoire (20). La vérité et l'erreur sont toujours mêlées dans ce livre, et le désir de faire de l'esprit n'a que trop souvent engagé l'auteur à dire, non pas ce qui est conforme à la vérité historique, mais ce qui lui a paru plus plaisant. Il ne paroît pas qu'il ait voulu observer ce principe que lorsqu'il s'agit de recherches historiques, la vérité doit être surtout respectée, quelque peu importante qu'elle paroisse. J'ai essayé de vérifier plusieurs de ces assertions; mais je me suis bientôt convaincu que ce seroit un travail trop ingrat. Dans tout ce qui regarde l'histoire ancienne et même celle du moyen âge, les assertions de M. Deguerle sont rarement exactes. Il mérite moins ce reproche lorsqu'il est question de l'histoire de France, et ce qu'il dit à la page 22 de la Régénération des perruques à Paris, est fort amusant, surtout pour ceux qui connoissent les anecdotes et l'histoire du jour, auxquelles l'auteur se contente souvent de faire allusion, ce qui rend ces détails moins intelligibles et moins intéressans pour ceux qui ne sont pas Parisiens. >>

Outre ces auteurs qui ont fait, des perruques, l'objet particulier de leurs recherches, il y en a quelques-uns qui n'en ont traité qu'occasionellement. M. BOETTIGER, dans plusieurs dissertations insérées d'abord dans le Journal du Luxe et des Modes, publié par MM. BERTUCH et KRAUS (21), et réunies depuis en un volume particulier (22), a décrit avec autant d'esprit que d'érudition la toilette, et en particulier la coif

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fure d'une riche dame romaine; mais il ne donn que peu de détails sur les différentes espèces d perruques dont les dames faisoient usage.

M. STIEGLIZ a également inséré dans le mêm Journal du Luxe et des Modes (23) une disser tation intéressante sur la coiffure des dames ro maines ; il y a joint deux gravures qui représen tent plusieurs de ces coiffures, mais il parle pe des perruques et des cheveux postiches des fem mes grecques et romaines. Il auroit pu ajouter à ses gravures de coiffures les seize têtes trèsjolies et simples de femmes romaines, publiées CAYLUS (24) d'après de petits monumens en terre cuite. La simplicité de la coiffure de ces têtes pourroit cependant faire croire qu'elles n'offrent point une mode romaine, mais une coiffure grecque.

par

Un livre remarquable du seizième siècle, intitulé, Gli ornamenti delle donne, tratti dalle scritture d'una reina Greca, per M. Giovanni MARINELLO, Venise, 1562, in-12, nous fait voir le soin que les femmes italiennes prenoient alors pour augmenter leurs charmes. Le second livre de cet ouvrage ne traite que des cheveux. On y trouve un grand nombre de remèdes propres à les teindre, à les faire pousser, et à les détruire; mais il n'y est pas question de remplacer les cheveux naturels par des cheveux étrangers. Le mot perucca n'y est pas employé non plus dans le sens de cheveux naturels.

Dans l'ouvrage de PASCHIUS, de Inventis novantiquis, on ne trouve rien sur les perruques

et sur les cheveux postiches; il en est de même de deux petits ouvrages d'ailleurs assez insignihans, mais dont le titre pourroit faire penser qu'on y trouveroit quelque chose sur cette matière. Ces deux ouvrages sont : J. MATTHAEI LUNENSIS, Libellus de rerum inventoribus, et M. Antonii SABELLICI, Poěma de rerum et artium inventoribus; ils ont été publiés ensemble à Hambourg, 1613, in-8°. Dans le IV. volume des Mémoires de l'Académie des Belles Lettres, l'abbé NADAL a donné un Mémoire sur le luxe des dames romaines, mais il ne contient que les choses les plus connues, et sans aucun ordre. Dans l'Histoire du luxe des Athéniens (25), par M. MeiNERS, ainsi que dans la Comparaison historique des mœurs et des constitutions du moyen age avec celles de notre siècle, par le même (26) on ne trouve rien sur ce sujet. Il n'en dit quelques mots à la page 153 de son Histoire de la décadence des moeurs parmi les Romains pendant les premiers siècles après l'ère vulgaire (27).

que

Ces nombreux auteurs ont-ils réussi à déterminer l'époque à laquelle on doit fixer l'invention des perruques ?

A en croire le docteur THIERS, l'usage des perruques remonte à l'antiquité la plus reculée. Il assure que les théologiens de Louvain, qui ont toujours joui d'une grande autorité dans l'église catholique, ont retrouvé l'usage des perruques dans les prophéties d'Isaïe, chapitre 3, verset 17. Dans la traduction française de la Bible qu'ils ont publiée au 16. siècle, ce pas

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sage qui, dans la Vulgate, est conçu en ce termes, « Decalvabit Dominus verticem filiarur » Sion, et Dominus crinem earum nudabit est rendu de la manière suivante : « Le Seigneu » déchevelera la tête des filles de Sion, et 1 Seigneur découvrira leurs perruques (28). Cela paroît un peu singulier; mais on peut auss croire que, conformément à l'usage de la langue du siècle où ils vivoient, et dont il sera encor question plus bas, les théologiens de Louvain on pris le mot perruques dans un sens différent de celui que nous lui donnons.

Selon un compilateur allemand (29) du commencement du 18e. siècle, cet usage remonteroit même jusqu'au temps de David. Il le trouve indiqué dans le premier livre des Rois, où il est

dit

que Michol, pour sauver David, plaça dans le lit une image, dont la tête étoit enveloppée d'une peau de chèvre (30). Cet auteur assure très-sérieusement que c'est la plus ancienne indication de l'usage de la perruque.

WINCKELMANN donne aussi à l'usage des perruques une haute antiquité. Dans ses Monumenti inediti, il a publié, au no. 75, le fragment d'un bas-relief qui représente une Isis dont la coiffure, selon lui, doit être regardée comme une perruque. Si l'opinion de Winckelmann est fondée, cette tête d'Isis nous offre la plus ancienne figure d'une perruque.

La première indication historique précise que nous trouvions d'une perruque ou du moins d'un tour de cheveux, est dans le 3e. chap. du pre

mier

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