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d'une édition de 1717 et 1719, veuve de Lauine; ce n'est qu'un changement de frontispice. Il y a une édition de 1729, de 1754, etc. L'édition que Pierre de Coup donna à Amsterdam, eu 1716, est remarquable en ce qu'on a séparé ce qui appartient à Menage, du travail de M. de la Monnoye. Le troisième et le quatrième volume de cette édition sont entièrement de M. de la Monnoye.

Papillon, dans sa bibliothèque des écrivains de Bourgogne, parle d'un manuscrit sous le titre de Supplément au Menagiana, et qui est de Pierre le Goux, conseiller au parlement de Dijon, mort en 1702. Il en cite quelques articles; ce que font aussi l'abbé Joly, dans ses remarques sur Bayle, et le P. Nicéron, tome IV, article Amyot.

Je conclus de tout ce que je viens de dire, qu'il faut avoir l'édition de M. de la Monnoye, soit celle de 1715, soit celle d'Amsterdam de 1716, suivant le goût des lecteurs, dont les uns préféreront l'édition originale et le mélange qu'a fait M. de la Monnoye; et les autres, la séparation et comme le triage qu'a imaginé le libraire de Coup. Mais soit qu'on se décide pour l'une ou pour l'autre, il faut y joindre la première édition de 1693; l'Anti-Menagiana de Bernier en est une espèce d'appendice. Struvius s'est trompé en disant que Menage étoit de l'académie française. Il est vrai qu'il en auroit dû être, même pour la raison qui l'empêcha d'y être reçu, je veux dire pour sa requête des dictionnaires, satire

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contre l'Académie; comme le dit fort plaisamment M. de Montmaur : « Menage auroit dû être condamné à être de l'Académie, comme on condamne un homme qui a déshonoré une fille, à l'épouser. » De plus, c'étoit l'unique moyen de lui fermer la bouche à l'avenir. Voyez l'épigramme de Piron:

En France on fait, par un plaisant moyen,

Taire un auteur

etc.

A. A. B.

DISCOURS sur les progrès futurs de la science de l'homme, prononcé dans l'École de Médecine de Montpellier par M. DUMAS, professeur d'anatomie et de physiologie, etc. Montpellier, chez Tournel. In-4°. 99 pages.

ON reproche avec assez de raison à la médecine d'être moins avancée que la plupart des sciences physiques. Cette imperfection est-elle due à la science elle-même ou bien à ceux qui l'ont cultivée ? C'est ce qu'il étoit important d'examiner avant d'entreprendre la solution du problême que M. Dumas s'est proposé dans ce discours. La médecine, d'après lui, ne s'occupe que de connoissances capables d'amélioration; tout paroît y être disposé pour tendre vers la plus grande perfection possible. Mais pour juger de l'étendue et de la nature des changemens dont elle est susceptible, il faut remonter à son état antérieur, et voir ce qu'elle a été dans les âges précédens.

Ici l'orateur esquisse à grands traits les époques principales de l'Histoire de la médecine; il établit à chacune d'elles les causes qui en ont arrêté ou accéléré les progrès; ce qui lui donne occasion d'indiquer comment les erreurs de nos devanciers ont été pour nous d'utiles leçons, et de démontrer que leur manière d'étudier ayant

été souvent mauvaise, la foiblesse de leurs progrès ne doit nous décourager ni nous surprendre. Aujourd'hui nous avons des méthodes meilleures pour arriver à la connoissance de l'homme, et l'esprit d'observation et d'analyse employé maintenant dans les sciences, doit contribuer autant à l'avancement de la médecine, qu'à celui de tout autre genre d'étude.

Ces améliorations vraisemblables peuvent être ramenées à cinq chefs principaux; 1o. la destruction des préjugés et des erreurs qui existent encore dans plusieurs points de la science de l'homme; 2o. la stabilité des bases sur lesquelles se fonde toute sa certitude; 3o. le progrès relatif de nos connoissances dans chacune de ses divisions ; 4o. la réunion systématique de toutes les parties qui en forment l'ensemble; 5o, enfin le perfectionnement réel de la médecine pratique.

L'esprit d'analyse et de critique introduit dans l'étude de la médecine depuis quelques années, a déjà détruit une foule de préjugés et d'erreurs qui en retardoient la marche. L'auteur, propose des moyens capables d'anéantir pour jamais ces erreurs, après en avoir montré l'origine dans l'ignorance et la routine qui dirigent le vulgaire des hommes, dans l'imperfection du langage de la science, et dans l'usage abusif de cette science elle-même..

La 2o. cause d'amélioration de la médecine tient à la stabilité de ses bases. On ne peut pas croire que cette science puisse acquérir la certitude des mathématiques; l'objet dont elle s'occupe est trop

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compliqué, et elle opère sur des élémens trop subtils et trop nombreux, pour qu'elle y parvienne jamais. Le médecin ne peut se diriger que par un ensemble de probabilités toujours croissantes en raison du nombre et de l'exactitude des données qui les ont fait établir; et lorsque ces données sont incomplètes et en petit nombre, le calcul ne donne que des conjectures pour résultat. Pour fournir des exemples de chacun de ces résultats du calcul des probabilités employé dans la médecine, M. Dumas cite comme appartenant au premier, à celui qui obtient le degré de certitude le plus élevé, le caractère des maladies attachées aux constitutions de l'air, l'impression stimulante des vésicatoires, l'efficacité du kina dans les fièvres intermittentes et rémittentes pernicieuses, etc. Il rapporte, au 2o. ordre des résultats, la probabilité que l'on obtient de l'action de certaines causes pour produire une maladie, et de l'efficacité de certains remèdes pour la guérir ou en empêcher le développement, etc., etc. Ces espèces de probabilités deviendront d'autant plus grandes, que l'on multipliera davantage les, observations, et qu'on découvrira de nouveaux rapports entre les faits observés. Si l'on parvenoit ensuite à trouver dans le calcul des probabilités une méthode qui pût convenablement s'adapter à la physiologie et à la médecine, on y produiroit bientôt le degré de certitude le plus élevé auquel ces sciences puissent parvenir. En astronomie, où les observations étoient plus nombreuses et plus exactes,

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