Page images
PDF
EPUB

SOUS PRESSE:

HISTOIRE DE LA COMÉDIE

AU MOYEN AGE

1 vol. in-8°.

Paris. Imprimerie P.-A. BOURDIER, CAP OMONT ET COMP., rue des Poitevins, 6.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][graphic][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][merged small][ocr errors]

LIVRE IV

COMÉDIE GRECQUE

CHAPITRE VI

La Comédie nouvelle

Le succès était déjà une séduction dans le cinquième siècle avant l'ère chrétienne, et l'on croyait aussi avoir eu pleine raison de s'être laissé séduire. Tant que les gloires du gouvernement de Périclès éblouirent la Grèce entière et firent accepter aux Alliés, avec une sorte d'orgueil, l'arrogante suprématie d'Athènes (1), la Démocratie put s'y livrer à toutes ses turbulences naturelles et satisfaire ses plus mauvaises passions. Elle sourit aux violences égalitaires de la Comédie, l'encouragea par ses applaudissements à déprécier la politique de ses hommes. d'État, et au besoin à calomnier leurs intentions. Mais la catastrophe si imprévue et si désastreuse de l'expédition de Sicile lui apprit enfin que le droit de tout entreprendre n'était pas le pouvoir de tout accomplir, et que les gouvernants étaient aussi les gouvernés. Cherchant à son tour le progrès dans la

(1) Voy. Böckh, Staatshaushaltung der Athener, t. I, p. 430 et suivantes. Dès que la fortune lui devint contraire, les Alliés ces

sèrent de se résigner à son empire et voulurent se venger de son arrogance; Thucydide, 1. viii, ch. 2.

T. II.

1

réaction, elle abdiqua le pouvoir qu'elle se sentait incapable d'exercer, et le remit à cinq mille aristocrates improvisés, que, par une dernière hypocrisie de souveraineté, elle chargea selon l'usage de veiller en son nom au salut de la République. Un de leurs premiers actes fut l'institution d'un Sénat plus aristocratique encore, composé seulement de quatre cents membres investis de plus grands priviléges (1). La Constitution n'était plus qu'un expédient contre les difficultés du moment, trop illogique dans son principe et trop arbitraire dans sa nature, pour se livrer naïvement à l'argumentation passionnée des orateurs de la borne et aux plaisanteries plus subversives encore des politiques du théâtre. On alla, dans ce progrès en arrière, jusqu'à rappeler d'exil Alcibiade, un fanfaron d'aristocratie, qui voulait tout usurper de la tyrannie, même son insolence, et les plus démocrates acclamèrent son retour comme un triomphe. pour la liberté (2). Les Lacédémoniens avaient donné un de ces pernicieux exemples, qui trouvent toujours des imitateurs parmi les mauvais citoyens, et quelquefois parmi les bons: ils avaient appelé le Grand roi à intervenir par la force dans les affaires intérieures de la Grèce (3). Dans l'accablement où les jetait la destruction de leur flotte et des dangers de jour en jour plus menaçants, les Athéniens crurent pouvoir oublier aussi leur mépris traditionnel de l'Étranger et recherchèrent désespérément l'alliance de Tissapherne (4). Ils voulaient bien en avoir le bénéfice, puisqu'il semblait impossible d'échapper autrement à une déchéance définitive, mais ils restaient trop Athéniens pour ne pas être profondément humiliés de pactiser. ainsi avec un Barbare, et toute allusion à une politique si honteuse eût provoqué des cris d'indignation contre les infâmes

88

Thucydide, I. vin, ch. 68 et 70. Cornélius Népos, Alcibiades, ch. vi; Justin, 1. v, ch. 4.

(3) Thucydide, 1. vIII, ch. 13, 28 et suiv.

Plutarque, Alcibiades, ch. xxv; Thucydide, 1.vIII, ch. 45 et suivants.

« PreviousContinue »