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Rec. June 4, 1902

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Le problème que nous abordons en ce moment se pose ordinairement de la manière suivante. Quand un

1 Le mot Geld, que nous traduisons ici par argent, signifie proprement et plus exactement monnaie. Mais il est bien des cas où cette dernière expression, peu usitée dans le langage juridique, ne saurait être employée, notamment pour rendre les mots composés, comme le mot Geldschuld (dette d'argent). C'est pourquoi nous avons cru devoir n'adopter la traduction monnaie que dans les passages où le mot Geld est pris dans un sens économique plutôt que juridique.

Cette

prêt est contracté, et qu'ensuite il survient quelque changement dans la valeur de l'argent, il faut déterminer comment devra se faire le paiement. question peut d'ailleurs présenter beaucoup d'importance dans certains cas; elle mérite incontestablement une solution; seulement il est impossible de la résoudre d'une manière satisfaisante, en la considérant à un point de vue aussi restreint. Pour arriver à cette solution, il nous faut remonter à cette question plus générale: Quelle est l'étendue véritable d'une dette d'argent? Cette question nous ramène à celle encore plus générale de l'idée de l'argent.

AUTEURS :

Hufeland, Staatswirthschaftskunst (Théorie de l'économie politique), partie 2. Giessen, 1813.

J. G. Hoffmann, die Lehre von Gelde (la théorie de l'argent). Berlin, 1838 (a).

die Zeichen der Zeit im deutschen Münzwesen (l'esprit de l'époque sur le système monétaire allemand). Berlin, 1841. J Helferich, von den periodischen Schwankungen im Werth der edlen Metalle (des fluctuations périodiques dans la valeur des métaux précieux). Nuremberg, 1843, 8.

Chr. Noback et F. Noback, Taschenbuch der Münz-Maass-und Gewichts-Verhaeltnisse (Manuel des rapports de la monnaie, des poids et mesures). Leipzig, 1850, 81.

(a) Je citerai cet ouvrage par le par leur titre original. nom seul de l'auteur, les autres

4 Ajoutez M. Michel Chevalier, professeur d'économie

L'idée d'argent doit se rattacher à l'idée de richesse, déjà développée par nous en un autre endroit, en tant que puissance ou domination, admise par le droit privé, d'une certaine personne sur des portions du monde extérieur (propriété et ses modifications; droit sur les actes d'autrui) (V). Cette puissance apparaît tout d'abord comme quelque chose de varié et de multiple; mais on peut la concevoir aussi comme un tout homogène, et comme une simple quantité, qui représente alors l'idée abstraite de la richesse. Cette conception artificielle de la richesse se détermine et se réalise par l'argent, considéré comme mesure générale de toutes les valeurs. L'argent joue ici un double rôle.

L'argent joue d'abord le rôle d'un simple instrument, destiné à mesurer la valeur des éléments isolés de la richesse. Dans ce rôle, l'argent se place sur la même ligne que les autres instruments de mesurage, tels que l'aune, le boisseau, la livre, qui servent pareillement à mesurer la valeur, en ce sens que trois livres d'une marchandise ont exactement une valeur triple d'une seule livre de la même marchandise. Sans doute ce ne sent là que des mesures purement relatives; car elles se bornent à comparer la valeur de quantités d'une seule

(b) Savign y, Système, t. 1, § 53, 56, p. 338-340, p. 376 (p.

332-334, p. 371 trad.).

politique au Collège de France, de la Monnaie, Paris, 1830. (Cet ou vrage forme le troisième volume de son cours d'économic politique)

et même espèce, tandis que l'argent sert de mesure absolue, et peut, par conséquent, être pris comme terme pour comparer la valeur des objets les plus divers.

Mais l'argent joue encore un second rôle plus important; il renferme en lui la valeur qu'il mesure, et représente ainsi en valeur toutes les autres richesses. Aussi la propriété de l'argent confère-t-elle la même puissance que celle que peuvent conférer les richesses qu'il sert à mesurer. Dans cette fonction, l'argent figure comme une abstraction, devant servir à la conversion de toutes les richesses en simples quantités. L'argent procure donc à son propriétaire une puissance générale, susceptible de s'étendre à toutes les choses qui sont l'objet des libres transactions privées, et c'est dans sa deuxième fonction qu'il joue ce rôle de conférer par lui-même cette puissance, tout en figurant à côté des autres richesses particulières, et en produisant les mêmes droits et la même efficacité que celles-ci. Cette puissance inhérente à l'argent a même ceci de particulier, qu'elle s'exerce abstraction faite des capacités et des besoins individuels, et procure, par conséquent, à chacun et en toutes circonstances, une utilité identique (c).

(c) L. 1 pr. de contr. emt. (18, 1) (est transcrite au § 44 comme no II). Hoffmann, p. 1-12. Dans son excellente exposition

sur la nature générale de l'argent, je ne trouve à critiquer qu'un point d'une légère importance : c'est l'expression un peu trop

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