Page images
PDF
EPUB

Le discours de réception veut que l'orateur étale les plus beaux ornemens, les plus brillantes fleurs de rhétorique, pourvu qu'il le fasse sans affectation et avec goût.

Les harangues ou complimens de félicitation, de remercîmens, etc... que les corps littéraires font aux princes, sont dans le genre brillant et fleuri. La brièveté, l'élégance et la délicatesse surtout doivent les distinguer, parce que l'éloge en fait ordinairement le fond.

Les éloges académiques sont oratoires ou historiques. Ceux que prononce dans l'académie française le récipiendaire et le directeur sont de la première espèce. Les orateurs n'entrent dans aucun détail de la vie de l'académicien; ils se bornent à louer en général ses talens, son esprit et les qualités de son cœur. On sent que ces éloges doivent varier suivant le rang. les titres, les dignités, les ouvrages de la per sonne qui en est l'objet.

Les éloges prononcés dans l'académie des sciences et dans celle des belles-lettres sont historiques. Le secrétaire en est spécialement chargé. Il faut y rappeler les principales circonstances de la vie de ceux qu'on loue, les faire connaître par la peinture de leur caractère, de leurs sentimens, de leurs mœurs, de leur goût, de leurs talens. Le style de ces sortes d'éloges veut

être élégant, plein de noblesse, mais en même temps simple, sans manquer de chaleur.

D. Quels académiciens se sont particulièrement distingués?

R. Les éloges des membres de l'académie des sciences, par Fontenelle, sont étincelans de beautés, tantôt fines, tantôt frappantes. On y trouve beaucoup de pensécs neuves et ingénieuses. Le style en est orné et brillant, mais quelquefois trop recherché.

Mairan, son successeur, loue avec beaucoup de délicatesse, et trace des portraits tout-à-fait ressemblans.

Boze, secrétaire de l'académie des belleslettres, a fait les éloges des membres de cette compagnie. Il écrit naturellement, manie également bien tous les sujets qu'il traite, et peint de même les différens caractères qu'il veut représenter.

Freret, Bougainville et Lebeau, qui lui ont succédé tour-à-tour, ont publié aussi des éloges de leurs confrères, dans lesquels on remarque la correction et l'élégance du style.

On croit devoir parler ici des éloges de nos grands hommes, que l'accadémie française a donnés depuis quelque temps, pour sujet du prix qu'elle distribue chaque année. L'orateur qui a été le plus souvent

couronné

par cette compagnic, est Thomas, qui a successivement célébré Daguesseau, Duguay-Truoin, Sully, Descartes, etc. Ce concours, si heureusement établi, a donné l'essor à beaucoup de jeunes orateurs doués d'un beau talent, et parmi lesquels on distingue particulièrement M. Villemain, auteur de l'Eloge de Montaigne. Ce discours qui a remporté le prix, décerné en 1812, par la classe de la langue et de la littérature françaises de l'institut, offre une nouvelle preuve de la justesse des réflexions de Lamotte, lorsqu'il a dit: Le plus sûr moyen de perfectionner les talens, est d'aspirer à un prix que des juges éclairés dispensent, » et de le disputer à des concurrens qu'on doit toujours supposer redoutables. Cette » double vue, de juges qu'il faut satisfaire et de rivaux qu'il faut surpasser, fait » faire à l'esprit tout l'effort dont il est capable. Un auteur qui, sans concur>> rens, abandonne un ouvrage au public, » se contente d'ordinaire de le trouver >> bon; celui qui dispute un prix, veut que » son ouvrage soit meilleur. Son ambition » est un censeur qui ne pardonne rien; » elle étend ses lumières; clle soutient sa vigilance; elle l'avertit sans cesse qu'il » n'a pas assez bien fait s'il peut faire » mieux; et la crainte d'être vaincu par

[ocr errors]

D

D

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

un autre, fait pour ainsi dire qu'il se surpasse lui-même. »

ARTICLE X.

Des Discours politiques.

D. Qu'est-ce que les Discours politiques?

R. Ce sont des discours que les hommes chargés de différentes parties du gouvernement, font de vive voix ou par écrit sur des matières importantes qu'ils traitent, soit avec leurs concitoyens, soit avec les étrangers. Les principaux sujets de ces discours, dont le nombre est infini, peuvent se réduire aux finances, à la paix et à la guerre, à la sureté des frontières, au commerce et à l'établissement des lois.

Le ton de ces discours varie suivant les temps, les circonstances, les affaires, les événemens.

11

ya

d'autres discours qui sont du ressort d'une autre espèce d'éloquence, qu'on peut appeler militaire. Ce sont ceux qu'emploie, par exemple, un général d'armée, pour exciter ou soutenir la valeur des troupes. On ne saurait trop admirer la harangue que fit Henri IV à ses soldats, au moment où il alloit livrer la bataille à

Mayenne dans les plaines d'Ivry : « Mes » compagnons, leur dit-il, si vous courez aujourd'hui ma fortune, je cours aussi » la vôtre. Je veux vaincre ou mourir avec vous. Gardez bien vos rangs. Si la cha» leur du combat vous les fait quitter, pen» sez aussitôt au ralliement; c'est le gain de la bataille; et si vous perdez vos enseignes, cornettes et guidons, ne perdez point de vue mon panache blanc; vous » le trouverez toujours au chemin de l'hon» neur et de la victoire. »

D

[ocr errors]

D

ARTICLE XI.

Des Romans.

D. Qu'est-ce que les Romans?

R. Les romans, dit le célèbre Huet, sont des histoires pleines d'aventures amourcuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l'instruction des lecteurs. Cette instruction est la fin principale de tout bon roman qui veut toujours nous faire voir la vertu couronnée et le vice puni. On peut appliquer à ce genre de composition les règles établies pour les poëmes épiques. Ceux-ci ont plus de merveilleux, quoique toujours vraisemblables; ceux-là ont plus de vraisemblance, quoiqu'il y ait quelquefois du merveilleux.

« PreviousContinue »