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ARTICLE II.

Du Geste.

D. Combien les rhéteurs distinguent-ils de sortes de gestes?

R. Ils en distinguent trois : savoir, le geste imitatif; le geste indicatif, et le geste affectif. Le premier contrefait le geste d'une personne; le second n'exprime que la pensée, c'est-à-dire qu'il montre sculement l'objet sur lequel le spectateur doit porter son attention; le troisième est le tableau de l'âme, la vie du discours, et, seul, fait triompher l'éloquence et développe la nature tout entière.

D. Que dites-vous du geste du visage et des yeux?

:

R. Je dis que les yeux sont le miroir de l'âme ils ont leur langage; ils doivent donc avoir leur déclamation. Le front est le siége de toutes les passions; il ne peut donc être muet.

Ainsi, dès le début, il faut que l'on entrevoie dans les yeux et sur le front de l'orateur la passion qui règne dans son discours. Le langage des yeux a ses tons, et ce sont, comme ceux de la voix, les tons de l'âme. Il faut que le feu y paraisse dans la colère; la douceur, dans les témoignages

de tendresse; les larmes, dans une douleur sensible...

Ce que nous disons en particulier du langage des yeux, doit s'entendre de celui du visage en général. C'est la partie la plus exposée en vue, et sur laquelle tous les auditeurs ont presque toujours les yeux. C'est pourquoi il en faut régler l'air et les changemens, suivant les sujets et les passions.

Quant à la bouche, elle doit s'ouvrir et se fermer avec grâce.

La tête ne doit être ni trop élevée ni trop avancée, mais droite et modestement tournée vers l'auditoire.

D. Que dites-vous de l'action des bras et des mains?

R. Elle est si essentiellement liée à celle des yeux et du visage, et doit être si inséparable de la prononciation, que nous lui avons comme consacré le nom de geste, et en cela nous ne faisons que suivre les anciens.

Ce mouvement des bras et des mains doit être naturel, grave et noble; il faut le puiser dans la qualité des choses que l'on dit, ou dans la nature des circonstances; ce qui montre qu'il ne doit s'appliquer qu'au fond des choses. Les mains ne doivent point être oisives; il ne faut

cependant point qu'elles agissent sans relâche. Le bras doit toujours se déployer, se dessiner avec grâce, mais sans affectation, et la main doit être noble sans orgueil, gracieuse sans minauderie.

FIN DES LEÇONS ÉLÉMENTAIRES SUR LA

RHÉTORIQUE.

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D. QU'EST-CE que la Littérature?

R. C'est la connaissance approfondie des belles-lettres. Elle s'applique à la prose comme aux vers, et, par conséquent, elle embrasse tout ce qui est du ressort de l'éloquence et de la poésie. Nous commencerons par l'éloquence en prose.

CHAPITRE PREMIER.

De l'Éloquence en prose.

D. Quels sont les objets du ressort de l'éloquence en prose?

R. Ces objets sont l'histoire, tant sacrée que profane, l'histoire naturelle, l'histoire littéraire, la biographie, les ouvrages didactiques, ceux de la chaire et da barreau, les discours académiques,

les discours politiques, les romans et les lettres, tant philosophiques que familières.

ARTICLE PREMIER.

De l'Histoire sacrée.

D. Qu'est-ce que l'Histoire sacrée ? R. L'histoire sacrée est celle qui expose les mystères, les cérémonies de la religion et toutes les opérations divines et miraculeuses, dont Dieu seul est le principe. On la divise en histoire sainte et en histoire ecclésiastique.

L'histoire sainte a été écrite par des hommes inspirés de Dieu même et, pour ainsi dire, sous sa dictée. Elle retrace tout ce qui s'est passé depuis la création du monde, jusqu'à la naissance du Messie.

L'histoire ecclésiastique, qui n'est autre chose que celle du christianisme, renferme tous les faits relatifs à la publication et à la propagation de l'évangile; à l'établissement des lois et de la discipline ecclésiastique; à la manière dont l'église a été gouvernée par ses pontifes, et aux troubles qui ont été excités par les hérétiques.

D. Quel est le style qui convient à l'histoire ecclésiastique?

R. Une gravité imposante, une simpli

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