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MEM AORK

La première édition de cet ouvrage parut en 1812. Epuisée depuis long-temps, cette seconde édition a été retardée par une longue absence de l'auteur, qui voulait y faire quelques changemens. Cet ouvrage n'offre rien de neuf, sans doute, puisqu'il se borne à rappeler des princi pes connus et consacrés; mais tous les livres du même genre, destinés à l'éducation de la jeunesse, péchaient par la multiplicité ou la sécheresse des préceptes. C'est le double écueil que l'auteur a voulu éviter. A-t-il atteint son but? Peut-être lui est-il permis de le croire, d'après le compte avantageux que la plupart des journaux ont bien voulu en rendre, et l'accueil favorable dont les pères de famille, et les instituteurs et les institutrices l'ont généralement honoré. Cependant il avait négligé, dans la division qui embrasse la littérature, et les divers genres de poésies, de traiter une partie non moins essentielle qu'agréable, celle de la littérature en prose. Cette omission est aujourd'hui réparée, et l'auteur ose espérer qu'on appliquera à ces nouvelles leçons ce qu'on a dit des pre

mières, qu'il a fait un choix des meilleures règles puisées dans les ouvrages des écrivains les plus célèbres. Enfin il a mis à profit les sages conseils de la critique notamment ceux que lui a adressés, dans le temps, un des principaux rédacteurs de la Gazette de France, dont il se plaît à consigner ici l'extrait en entier, pour lui donner à-la-fois une preuve de docilité et un témoignage de reconnaissance.

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» M. l'abbé Burat n'est ni un pédant hérissé de grec et de latin, qui rebute ses élèves par l'appareil de la science, ni un professeur à la mode qui veut leur épargner toutes les difficultés. Son ouvrage annonce un homme nourri de bonnes études, d'un jugement solide, d'un goût formé à l'école de l'antiquité. Loin de payer le tribut à la frivolité du jour, il se présente sous les auspices dubon Rolli, qui blámait la trop grande importance que les parens atta chaient déjà de son temps aux talens de pur agrément: Le sage recteur dit dans son Traité des Etudes...

Je ne sais pas comment la coutume » de faire apprendre à grands frais aux jeunes filles, à chanter et à jouer des instru» mens, est devenue si commune, et est regardée comme une partie essentielle de >> leur éducation. J'entends dire que lorsqu'elles sont établies dans le monde,

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» elles n'en font plus aucun usage. Pourquoi >> donc y donner, dans la jeunesse, un temps ⚫si considérable, qui pourrait être employé à des choses plus utiles et non moins agréables, comme serait entre au>tres le dessin, qui peut beaucoup servir » aux ouvrages dont les dames ont coutume › de s'occuper.

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» Plus loin, cet excellent guide parle de la danse à laquelle on consacre, suivant lui, beaucoup trop de temps. Quelles plaintes n'aurait-il pas faites de nos jours, s'il eût vu l'extravagance avec laquelle les mères donnaient elles-mêmes, il y a quelques années, leurs filles en spectacle dans des bals, où ces jeunes imprudentes affectaient tous les airs et imitaient tous les pas, toutes les attitudes des danseuses de profession. Heureusement le scandale a cessé, et si M. Burat pense avec tous les gens sensés, que la danse et la musique occupent encore une trop grande place dans l'éducation, du moins l'heureux changement qui s'est opéré ne lui a pas fourni matière à quelque éloquente philippique contre des abus si contraires aux bonnes mœurs et à la religion. D'ailleurs le ton de Juvenal n'est pas celui de notre auteur. Il ne veut pas faire entrer la raison de force dans les esprits; il cherche à l'insinuer doucement dans les cœurs. Ce choix, qui tient peut

être au caractère de l'écrivain, annonce aussi un esprit judicieux. M. l'abbé Burat, toujours en s'appuyant de l'autorité de Rollin, montre à ses élèves les avantages que procure la culture de l'esprit. Mais comme il sait que les préceptes sont arides, et que pour persuader il faut commencer par plaire, il répand des fleurs sur la route dans laquelle il engage les jeunes per

sonnes.

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L'ouvrage de M. Burat est divisé en trois parties, la Rhétorique, la Vérsification et la Littérature. Je ne sais pas comment l'auteur a pu renfermer dans quatre-vingt-seize pages qui composent sa première division, presque tous les documens nécessaires sur un pareil sujet. Les tropes, par exemple, offraient plus d'un écueil; rien n'était plus facile que de tomber dans la prolixité en traitant cette matière étendue, ou de rebuter des élèves par la multiplicité des termes techniques qui ne sont pas tous faciles à retenir. L'auteur a su éviter ce double écueil et grace a la louable sobriété de l'abréviateur, à la clarté de ses définitions, à l'heureux choix de ses exemples, une jeune personne qui aura lu les élémens de rhétorique avec soin, aura acquis des notions suffisantes à cet égard, sans que l'ennui et le dégoût aient jamais découragé son ardeur et son zèle.

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