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l'appeler. Il prévoyait dès-lors que la marine anglaise n'aurait plus d'ennemis à combattre.

En 1802, il restait encore dans Pondichéry quelques familles européennes et quinze mille Indiens qui en furent enlevés pour être transportés dans Madras.

La Compagnie anglaise des Indes orientales.

La marine des Anglais n'a commencé à devenir importante que sur la fin du seizième siècle. Tant que durèrent les guerres sanglantes des maisons de Lancastre et d'Yorck, il n'y eut aucune industrie en Angleterre. Les villes anséatiques exportaient ses blés et son étain, et lui rapportaient ses laines que les villes de Flandre avaient mises en œuvre. Mais à peine montée sur le trône, Elisabeth sut encourager tous les arts. Sous son règne, des vaisseaux sortent de tous les ports d'Angleterre; l'amiral Drack combat les Espagnols, les poursuit dans toutes les mers, et revient chargé de leurs dépouilles, après avoir fait le tour du monde.

Cette reine créa en 1600 une Compagnie des Indes orientales, qui, dès les premières années de son établissement, fit un grand commerce d'épiceries. Mais, sous le règne du malheureux Charles Ier, elle perdit la plus grande partie de ses possessions. En 1689, lorsque Guillaume de Nassau fut monté sur le trône, une autre société de négociants obtint la permission de naviguer dans les mers de l'Inde; il y eut deux Compagnies. Elles se nuisirent réciproquement dans les marchés de l'Asie, et leurs vaisseaux finirent par se livrer des combats, jusqu'en 1702, qu'elles réunirent leurs fonds. Un nouveau privilége exclusif fut alors accordé à cette Compagnie qui existe encore aujour

d'hui, et qui parvint à un degré de fortune et de puissance dont l'histoire n'offre pas d'exemple.

Bencoolen, située dans l'île de Sumatra, favorable au commerce de la Chine par sa position près du détroit des îles de la Sonde, fut un des premiers établissements de la Compagnie. Il a été cédé en 1820 aux Hollandais, qui ont abandonné en contre-échange leurs comptoirs dans l'Indostan; et pour remplacer Bencoolen, les Anglais viennent de faire, en 1840, un nouvel établissement à l'extrémité de la presqu'île de Malaca, à Singapor, point de relâche pour les navigateurs qui vont dans les mers de la Chine, aux Philippines et dans la mer du Sud.

La sûreté du port de Bombay décida également les Anglais à se fixer dans cette ville, qui est à présent l'entrepôt de tout leur commerce sur la côte de Malabar.

Madras est devenu le marché général de toutes les toiles de la côte de Coromandel; mais c'est à Calcutta qu'est le principal établissement de la Compagnie. Cette ville n'existait pas en 1720; depuis la conquête du Bengale on vit successivement s'accroître sa population et ses immenses richesses, et elle renferme à présent dans ses murs sept cent mille habitants.

On regarde Tamerlan comme le fondateur de la puissance Mogole. Ce ne fut cependant que son sixième descendant, Baber, qui soumit avec ses Tartares toutes les provinces septentrionales de l'Indostan; il abandonna Samarkande et choisit Delhy pour la capitale de ses états. La partie méridionale des Indes ne fut même soumise à cet empire qu'en 1660, sous le règne d'Aurengzeb. On a longtemps vanté le luxe et la magnificence des fastueux empereurs du Mogol; mais,

en 1739, les Persans, sous la conduite de Shah-Nadir, plus connu des Français sous le nom de Thamas KouliKhan, entrèrent vainqueurs dans Delhy, et s'emparèrent de tous ses trésors. Le faible monarque, qui n'avait pas pu combattre les persans, ne sut pas maintenir son autorité sur les gouverneurs des provinces. Ce fut sous son règne que les soubas, les nababs et les rajahs commencèrent à devenir indépendants, et le successeur de Tamerlan est aujourd'hui ̈ réduit à la possession de terroir de Delhy.

En 1756, un des principaux officiers du Bengale, poursuivi par les ordres du souba, vint chercher un asile chez les Anglais; le refus qu'ils firent de le livrer amena la guerre; elle fut heureuse pour le prince indien souverain du Bengale; il s'empara de Calcutta, en fit massacrer la garnison. Le général Clive et l'amiral Watson revinrent avec l'espoir de reprendre Calcutta. Le souba fut trahi par les Indiens révoltés de ses injustices et de ses cruautés. Les habitants du Bengale regardèrent les Anglais comme leurs libérateurs, et les riches pays, arrosés par le Gange, leur furent soumis.

Clive ternit sa victoire en faisant étrangler le souba qu'il venait de détrôner. Les trésors de ce gouverneur, cédés à l'empereur du Mogol, le décidèrent à signer un acte formel par lequel il abandonna à la Compagnie la souveraineté du Bengale et du royaume de Bénarès.

Une société de marchands de Londres devint souveraine d'un pays peuplé de douze millions d'habitants, et son commerce ne fut plus alors qu'un des moyens secondaires de sa puissance. Un acte du parlement lui garantit toutes ses propriétés dans l'Inde. Elle ne prit d'autre engagement que celui de payer tous les ans neuf

millions au gouvernement; et la cour des directeurs conserva la nomination de tous les emplois civils et militaires dans tous les pays situés au-delà du cap de Bonne-Espérance. Elle confia le droit de faire la paix et la guerre au conseil suprême de Calcutta. Ce fut aussi dans cette ville que furent placés les tribunaux supérieurs, le gouverneur général et tous les principaux agents de la Compagnie. Le commerce intérieur se fait à Daca, situé au centre des manufactures, et presque toutes les forces militaires sont à Bénarès.

Bénarès est la ville sacrée des Indous, qui donnent trois mille ans d'antiquité à ses temples et à son observatoire. Des milliers de pèlerins y viennent constamment de tous les pays soumis au culte de Brama, pour se purifier dans les eaux du Gange.

Ces paisibles facteurs, qui n'avaient jusqu'alors exercé leur industrie que dans des travaux utiles à la société, devinrent des conquérants injustes. Après des combats et des négociations que la force militaire et la puissance de l'or firent toujours tourner à leur avantage, ils imposèrent, en 1767, des tributs sur le Carnate et le royaume d'Arcot, et se firent céder en toute propriété, par le souba du Dekan, toutes les provinces situées sur la côte d'Orixa.

L'usurpateur de la couronne de Mysore, Hyder Aly, qui s'était fait proclamer, en 1760, sultan des états dont il était le régent pendant la minorité du jeune prince de l'ancienne dynastie, a été l'ennemi le plus redoutable des Anglais. Le royaume de Mysore, situé dans la partie méridionale des Indes et dans l'intérieur des terres, n'avait point eu jusqu'alors à combattre les Européens. Encouragé par ses succès contre les Marattes et tous les peuples voisins, Hyder Aly alla atta

quer les Anglais sur la côte de Coromandel. Il leur fit une longue et sanglante guerre, pendant le cours de la quelle il remporta presque toujours sur eux des avantages. Tippoo-Saheb, son fils, hérita de sa valeur et de sa haine contre les Anglais. Cependant en 1792, vaincu par lord Cornwalis, il fut obligé de céder à la Compagnie une partie de ses états. Mais irrité de ses revers il forma le projet de réunir contre ses ennemis tous les peuples de l'Inde.

Les Marattes sont la nation la plus belliqueuse de ces contrées; ils habitent les pays qui s'étendent depuis le royaume de Mysore jusqu'aux portes de Delhy. Leurs armées nombreuses et aguerries auraient dû réunir à leur empire la plus grande partie des Indes; mais la forme de leur gouvernement a mis jusqu'à présent un obstacle invincible à leurs succès. Divisés en un grand nombre de tribus, dont chacune a son chef, ils reconnaissent il est vrai la supériorité de l'un d'eux, auquel ils donnent le nom de peichva, et dont la résidence est dans la ville de Poonah. Mais jaloux de leur indépendance, ils n'ont donné à ce chef presqu'aucune autorité; et lorsque Scindiah, leur peichva, par les conseils d'un émigré français, le chevalier du Dresnay eut amélioré son artillerie, et qu'également instruit par cet étranger dans l'art d'attaquer et de défendre les places, ce prince eut remporté des avantages sur ses rivaux, tous les chefs Marattes, ses plus fidèles alliés, craignant qu'il n'usurpât un pouvoir absolu, réunirent leurs forces à celles d'Holkar le plus redoutable de ses concurrents.

Cependant les querelles et les divisions de ces diverses tribus cessèrent; les promesses que les émissaires de Tippoo-Saheb firent en son nom, l'or qu'ils

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