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M. Leroy, Messieurs, a désiré que l'Académie sanctionnât par son approbation les nombreux perfectionne ments apportés par lui aux appareils à boucher les vins mousseux. Convaincue de la supériorité de ses machines et des services réels qu'elles rendent au commerce, votre commission n'a pas hésité à vous demander cette sanction, et a recommandé d'une manière toute particulière M. Leroy à la commission chargée de la distribution des médailles d'encouragement.

En décernant cette récompense, vous rendrez doublement justice. Un ancien ouvrier de M. Leroy, établi depuis quelque temps à Châlons-sur-Marne, construit dans cette ville des appareils à boucher, d'après le procédé de son ancien maître. Une machine, exposée par lui et calquée sur celle de notre compatriote, lui a valu dernièrement une mention honorable de la société d'agriculture, sciences et arts de Châlons, qui ne connaissait pas M. Leroy, et a ainsi récompensé un homme qui n'avait rien inventé, rien perfectionné. Rendons à chacun ce qui lui appartient, Messieurs, c'est le moyen d'encourager les travailleurs et de stimuler les intelligences.

Il est temps, Messieurs, de résumer ce rapport déjà trop long; les matières que nous avions à traiter exigeaient un certain développement, et, malgré son étendue, nous sentons combien il laisse à désirer encore. La carrière reste ouverte aux adeptes de la science; ils ont un vaste champ à défricher, car la manutention si importante des vins mousseux est loin d'avoir atteint son dernier degré de perfection.

Voici, Messieurs, les conclusions que nous avons l'honneur de vous proposer au nom de la commission :

1° L'acupuncture, pratiquée avec les instruments

connus jusqu'à ce jour, a été reconnue impuissante contre la casse, et nuisible à la bonne condition du vin;

2o La commission reconnaît que l'essai préalable des bouteilles dans les verreries est de la plus haute impor tance;

3o Elle recommande d'une manière toute spéciale, à la commission des récompenses annuelles, M. Leroy, pour sa machine à boucher.

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BEAUX-ARTS. - MUSIQUE.

DISCOURS

SUR LA NÉCESSITÉ D'ÉTUDIER LA MUSIQUE DANS SON

HISTOIRE,

Par M. FANART.

Qui evitat discere incidet in malą.
PROV. XVII, 16.

MESSIEURS,

Pour peu que l'on examine attentivement la situation des beaux-arts à notre époque, on est frappé de l'état d'infériorité relative dans lequel se trouve la musique.

Partout, dans le monde civilisé, une nouvelle et généreuse impulsion porte aujourd'hui les lettrés à rechercher le beau avec ardeur, sans acception d'école ni de systême, quelle que soit la forme qu'il ait revêtue ou la baunière qu'il ait adoptée. Partout la littérature et les arts mettent à profit les loisirs d'une longue paix pour restaurer leur passé, pour saluer avec amour les vieux écrivains, les vieux artistes, les vieux monuments qui gisaient délaissés sous la poussière des siècles.

Seule, entre toutes les productions de l'intelligence,

la musique semble étrangère à ce mouvement des esprits, ou, s'il existe dans son sein, il y est presque à l'état latent, et reste à peu près imperceptible. Cet art semble frappé de torpeur et de léthargie; sans foi dans son passé, sans espérance dans son avenir, il demeure immobile, il étreint fortement le présent, qui est tout pour lui, et regarde ceux, en petit nombre, qui cherchent à réhabiliter ses gloires antiques, avec une insouciance qui confine à l'indifférence de l'Arabe contemplant un savant occupé à déchiffrer les hiéroglyphes des vieux monuments du désert.

D'ou vient cet étrange phénomène? quelles causes assigner à cette bizarre contradiction? comment expli quer cette immobilité au milieu du mouvement qui se manifeste dans les autres arts? Comment enfin sortir de cette inconcevable situation?

C'est ce que je me suis proposé d'examiner brièvement, et en élaguant, autant que possible, la sécheresse inhérente aux discussions esthétiques et à la métaphysique de l'art. Si je ne me trompe, la musique est trop répandue de nos jours dans toutes les classes de la société, pour qu'une semblable question n'excite pas quelque intérêt.

Un fait qu'il importe de constater dès le début de cette discussion, c'est que si ce grand paralytique, qu'on appelle l'art musical, semble frappé d'une incurable inertie, il n'a pas la même excuse que son confrère de l'Evangile, et ne peut point dire comme lui: Hominem non habeo. Aux noms célèbres que l'histoire et l'archéologie citent avec orgueil; aux Guizot, aux Thierry, aux Caumont, aux Montalembert, aux Mérimé, aux Didron, la musique peut opposer sans désavantage ses Fétis, ses Kieswetter, ses d'Ortigue,

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