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lésion spécifique que réside sa léthalité. La mort qu'elle traîne toujours à sa suite, trouve son explication dans dans une viciation profonde et mystérieuse du sang, les abcès multiples qu'elle fait germer avec une désolante prodigalité dans les viscères et dont elle empoisonne les sources de la vie, dans la purulence et la désorganisation gangréneuse des organes les plus importants de l'économie, dont les fonctions succombent après une lutte de courte durée, qui se trahit, pendant la vie, par des phénomènes d'une gravité effrayante.

Tel est le tableau d'une maladie qui augmentera infailliblement le nombre de ses victimes, si on ne s'applique pas avec une active vigilance à détruire les causes sous l'empire desquelles elle se développe, et si on laisse dormir dans l'oubli les règlements de police sanitaire dont l'inexécution peut être si funeste pour ceux qui sont en communication de tous les instants avec des animaux malades.

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BALISTIQUE

RÉFLEXIONS

sur un nouveau mode de charger les armes rayées, découvert par Delvigne, ancien officier d'infanterie,

par M. le baron HÉMART, ancien officier l'état-major.

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(EXTRAIT.)

Il y a 20 ans environ, lorsqu'on entendit parler pour la première fois, dans le monde militaire, des inventions de M. Delvigne, on les prit pour des rêves. Qui aurait cru, en effet, que l'on pût forcer la balle dans une carabine rayée, avec une baguette ordinaire, sans employer plus d'efforts et de temps qu'on n'en met à bourrer la cartouche dans un fusil ordinaire, et que cette balle aussi facilement forcée acquerrait cependant plus de justesse et de portée que celle des carabiniers tyroliens ou suisses, chargée péniblement à coups de maillet. Il était bien plus difficile encore de croire qu'ainsi qu'il le prétendait, Delvigne ferait sau

ter, à la grande portée de son arme, un caisson d'artillerie chaque fois qu'il le toucherait, quand, au lieu de se servir de la balle ordinaire, il chargerait avec une de ses balles-obus.

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Des expériences successives confirmèrent cependant chaque fois ce que Delvigne avait avancé. Cette dernière invention pouvait avoir des conséquences immenses, qui ajouteraient en cas de guerre désastreuse, à l'indépendance des nations. Il est telle circonstance, en effet, où quelques tireurs résolus suffiront pour arrêter court une armée victorieuse dans sa marche envahissante dans les pays de montagnes et de rochers, dans les contrées boisées ou coupées par des ravins, au passage des ponts, dans les lieux favorables à de petites embuscades qu'un simple buisson peut couvrir, il suffirait d'une décharge heureuse d'armes chargées de balles-obus, pour faire sauter le parc de différents corps et même le grand parc de l'armée ennemie. Ainsi pourrait changer tout-à-coup le sort d'une malheureuse campagne.

Le moyen d'assurer la direction des balles d'une manière surprenante fut découvert, il y a plusieurs siècles; mais les inconvénients inséparables de son emploi ne permirent pas de l'appliquer aux armes de l'infanterie de ligne. Il consiste à pratiquer dans le canon un certain nombre de rayures en spirale, et à charger l'arme avec une balle d'un diamètre plus fort que le calibre, laquelle doit, par conséquent, être introduite de force. Cette balle qui se trouve moulée dans les rayures, suit l'inclinaison de la spirale et reçoit ainsi un mouvement de rotation perpendiculaire à l'axe du canon; ce mouvement paralyse toutes les causes de déviation dans le sens latéral; la balle, conservant dans

toute sa course la rotation qui lui est imprimée, suit invariablement la direction qu'elle a reçue, sauf l'influence que le vent peut exercer sur elle. Mais à côté de l'avantage résultant de la justesse du tir des armes rayées, se présenta l'inconvénient inévitable de la lenteur de la charge, inconvénient résultant de la nécessité de forcer la balle à coups de maillet. Néanmoins la justesse du tir était si supérieure que les différents états de l'Europe, à l'exception de la France, de l'Espagne, des principautés Italiennes, de Gènes et de Venise, adoptèrent la carabine rayée pour des corps de tirailleurs. La compagnie des Indes anglaises entretient depuis long temps un corps de carabiniers très-bien exercés, et ces hommes présentent, dans les circonstances où ils agissent, une force bien supérieure à celle de l'infanterie armée de fusils. L'économie qui en résulte est donc évidente.

La Suisse est le pays où depuis longtemps cette arme est le mieux fabriquée; c'est aussi en Suisse que l'on s'en sert avec le plus d'avantage. Le système de guerre de l'Empire était tel, que quelques milliers de carabiniers n'auraient pas pu avoir une grande influence dans les opérations militaires; quelques essais faits à cette épo¬ que et sans discernement n'eurent pas de suite: cependant, en 1822, le général d'artillerie baron Evain remit au duc de Bellune, alors ministre de la guerre, des ordres et des notes de Napoléon au nombre de 1500, parmi lesquels figurait un ordre de faire armer de carabines rayées quatre sous-officiers par compagnie d'infanterie; on avait commencé à mettre cet ordre à exécution après la bataille d'Eylau. Ne comprenant pas pourquoi, après la guerre, on n'avait pas songé, dans la nouvelle organisation de l'armée, à suivre l'exemple

de presque toutes les puissances de l'Europe, Delvigne s'occupa d'abord de rechercher la cause de cet oubli, et après avoir acquis la conviction que la difficulté de charger l'arme était l'obstacle à vaincre, il parvint en 1826 à trouver le moyen d'y remédier. Ce moyen consiste à forcer au fond du canon, sur une chambre fraisée, convenablement évidée à son orifice, et par le simple choc de la baguette, une balle introduite librement par la bouche, en sorte qu'on peut maintenant charger une arme rayée aussi facilement qu'un fusil.

Entre autres épreuves qui eurent lieu au camp de Saint-Omer, en 1828, on fit tirer Delvigne en concurrence avec un voltigeur du 61e régiment de ligne, qui passait pour très-habile, et auquel on remit un paquet de 15 cartouches. A un signal donné ils commencèrent à tirer ensemble, et pendant que le voltigeur tirait ses 15 cartouches, Delvigne tira 21 coups de carabine et amorçait le 22°.

Delvigne se décida plus tard à faire connaître un avantage attaché à l'emploi de sa carabine, qu'il avait tenu secret jusqu'alors. Cet avantage consistait dans la facilité de remplacer les balles ordinaires par des balles incendiaires, capables de faire sauter un caisson d'artillerie à une très-grande distance. Quelques modifications dans la baguette, et la certitude de savoir préci sément quel était le point de la balle qui touchait d'abord le but sur lequel on tirait, entrèrent dans les éléments de cette nouvelle invention. Les balles consistaient en un globe de cuivre rempli de poudre et revêtu de plomb, armé à l'extrémité antérieure d'une capsule qui fait explosion en dedans, au moyen du choc d'une tête en fer fixée par une pointe à l'extrémité opposée. La baguette étant évidée forcait la balle sans

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