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les chiens, excepté sur celui de l'aveugle et du berger, un impôt d'autant plus fort que ces animaux sont moins utiles, et de faire abattre en tout temps ceux qui sont trouvés sans maître. Espérons que bientôt les médecins distingués qui représentent le corps médical à la chambre des députés, soumettront cette question à la sollicitude du gouvernement, qui en comprendra toute l'importance

MORVE AIGUE

Transmtse du Cheval à l'Homme par morsure;

OBSERVATION

lue à l'Académie de Reims, dans sa séance du 19 Janvier 1844,

Par M. le Docteur LANDOUZY,

(EXTRAIT.)

Bien que tous les travaux particuliers qui ont précédé et suivi les savantes discussions de l'Académie royale de médecine aient presque entièrement résolu la plupart des questions pathologiques relatives à la morve, je crois devoir faire part à la compagnie, au nom de M. Moser et au mien, d'un cas récent qui, sous le rapport du mode d'inoculation, du début des accidents et des lésions nécroscopiques n'a point encore, je crois, son analogue dans la science.

Voici les faits :

Un vigneron de Verzy (Marne), le nommé Beuzart,

âgé de 55 ans, d'un tempérament sanguin, d'une constitution robuste, d'une bonne santé habituelle, soignait depuis plusieurs mois, avec la plus grande assiduité, un cheval morveux qu'il avait acheté au mois de juillet, et qui avait déjà communiqué la morve à un âne placé dans la même écurie.

Le mardi 19 décembre, il ouvrait, suivant sa coutume, au moyen d'une corde, la bouche du cheval pour lui faire prendre plus facilement un breuvage ordonné par le vétérinaire, quand, tout à coup, la corde ayant glissé, il en résulta entre la tête de l'homme et celle du cheval un choc tel qu'une des dents de la mâchoire supérieure de l'animal fit une plaie profonde à la joue de ce malheureux vigneron.

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La peau fut déchirée dans l'espace de 3 centimètres environ; il y eut une hémorrhagie assez considérable qui s'arrêta spontanément. La plaie, préalablement lavée avec de l'eau salée, fut recouverte de fleurs de lys imbibées d'eau-de-vie (procédé usuel dans les campagnes), et le malade, sans s'en inquiéter davantage, se livra à ses travaux habituels et passa une très-bonne nuit.

Le lendemain, après avoir bêché sa vigne une grande partie de la journée, il fut pris dans l'après-midi d'un malaise général et de frissons répétés qui, cependant, ne l'empêchèrent pas de continuer son travail jusqu'au soir.

Rentré chez lui, et en proie à une fièvre déjà violente, il soupa néanmoins comme d'ordinaire avec sa famille, et se coucha aussitôt en accusant des frissons dans le dos et dans les épaules.

Beuzart passa toute la nuit dans une agitation ex

trême, se plaignant de grands maux de tête, de douleurs dans toutes les parties du corps, et particulière-. ment vers le siége de la blessure.

Sa famille, qui l'avait vu plein de courage dans toutes les circonstances, et notamment dans plusieurs maladies graves, ne pouvait concevoir l'abattement subit où il était plongé; c'est alors, c'est-à-dire 48 heures environ après l'accident, que M. Moser est appelé à visiter le malade.

Une plaie contuse et déchirée, de 4 centimètres environ d'étendue, existe à la région malaire gauche, et jusqu'à l'os de la pommette qu'on sent à nu avec un stylet.

Toute la face est le siége d'une rougeur érysipélateuse. Les environs de la plaie offrent une teinte blafarde et sont couverts de nombreuses phlyctènes. Bientôt une prostration extrême, des douleurs sourdes dans les membres, un empâtement considérable à la hanche gauche, des ecchymoses et des pustules sur toute la surface du corps, une grande dyspnée, et enfin un écoulement sanieux par les narines se manifestent, et M. Moser peut constater tous les caractères de la morve aiguë.

Appelé en consultation le 1er janvier 1843, je n'eus qu'à confirmer en tous points ce diagnostic; parmi les phénomènes les plus remarquables, nous notâmes particulièrement l'abondance de l'écoulement nasal, la confluence des pustules sur la poitrine et l'abdomen, l'intensité de la dyspnée, l'obscurité du son thoracique et du murmure respiratoire, la difficulté de la déglutition, et enfin l'opacité des deux cornées.

Le 1er janvier 1844, à 3 heures après-midi, veille de

la mort du malade, nous inoculâmes à un âne âgé de 14 ans, très-sain et très-vigoureux, la matière provenant de l'abcès qui venait d'être ouvert à la malléole, et celle qui avait été recueillie dans les fosses nasales. L'inoculation fut faite par plusieurs piqûres profondes aux régions spapulo-humérales.

Dès le deuxième jour de l'inoculation, on remarquait un abattement et une faiblesse manifestes, de l'anorexie, un gonflement énorme des parties sur lesquelles s'était faite l'inoculation.

Bientôt on put constater les signes les plus caractéristiques de la morve aiguë, jetage très-abondant d'une couleur jaunâtre, gonflement des ganglions de l'auge, dyspnée progressive.

Chaque jour l'animal fut visité et ausculté au moins une fois. Nous ne connaissions pas assez le type normal de la respiration chez l'âne pour noter les altérations de caractère du murmure respiratoire, mais nous avons pu facilement tenir compte des altérations d'intensité, et, sous ce rapport, la respiration nous parut diminuée à chaque exploration.

L'odeur fétide exhalée par l'animal était telle, que bien qu'il fût placé en plein air, entre deux meules de foin, le palfrenier qui le soignait était forcé de changer de vêtements à chaque pansement.

Mort spontanée le 7 janvier, c'est-à-dire, 7 jours après l'inoculation.

Comme lésions nécroscopiques principales chez l'âne nous mentionnerons l'épaisissement de la membrane pituitaire, l'éruption pustuleuse confluente des fosses nasales, l'existence d'innombrables taches ecchymotiques d'un rouge vif sur les cornets et jusque

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