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Polystichum filix mas. Août, Ludes et dans tous les

bois.

P. (variété) abbreviatum. Octobre, Bouzy.
Athyrium filix femina. Juin, Saint-Imoges.

Asplenium adianthum nigrum. Avril, garenne d'Ecueil.
A. ruta muraria. Août, Ville-en-Tardenois.

A.

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trichomanes. Octobre, Bouzy.

Scolopendrium officinale. Octobre, Bouzy.
Blechnum spicans. Décembre, Vertuel.

Pieris aquilina. Septembre, Louvois, Bouzy, Monchenot et dans tous les bois.

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HYDROPHOBIE

Après une période d'incubation de 7 mois;

OBSERVATION

lue à l'Académie, dans sa séance du 22 Mars 1844,

Par M. le docteur MOPINOT, de Fismes,
Membre correspondant.

(EXTRAIT.)

Malgré les faits nombreux d'hydrophobie que contient l'histoire de la médecine, j'ai cru cependant devoir transmettre à l'Académie l'observation suivante, et pour payer le tribut que m'imposent les statuts, et pour consigner dans les annales un fait qui me paraît être jusqu'alors sans exemple dans la science.

Le 5 mars 1840, vers minuit, je fus mandé en toute hâte à Arcy-le-Ponsart, pour y visiter un malade dont l'affection donnait les plus sérieuses inquiétudes. Chemin faisant, j'appris que Bellier, c'était le nom du malade, était alité depuis deux jours seulement. M. Remi, officier de santé à Lagery, qui l'avait vu seulement la veille, lui avait pratiqué deux saignées, dans l'espoir de diminuer la violence d'accidents nerveux dont il ne

pouvait encore déterminer la nature. Mon guide ajouta que, depuis quelques heures, Bellier n'avalait les boissons qu'avec la plus grande difficulté.

Tels furent les seuls renseignements que je pus obtenir jusqu'à mon arrivée auprès du malade, que j'abordai sans aucune idée préconçue.

Mon entrée fit sur Bellier une impression qui m'effraya tout d'abord. Sa figure fut contractée par des mouvements convulsifs, ses yeux devinrent étincelants et hagards, les muscles de la poitrine et des membres agités si violemment, que deux hommes avaient peine à le contenir.

Cette scène ne dura qu'un instant, et fit place à un calme presque complet, pendant lequel Bellier m'adressa quelques paroles de remerciement sur la démarche que je faisais à une heure aussi avancée de la nuit.

Questionné sur le siége de ses douleurs, le malade porta les mains à sa gorge, en disant que, si je ne trouvais aucun moyen d'empêcher la constriction qu'il éprouvait dans cette région, il étranglerait, c'est l'expression.

Frappé d'une pareille réponse, je me souvins que ce symptôme était l'un des plus constants de la rage, et l'idée d'une aussi terrible affection me vint à l'esprit, presque malgré moi.

Sur mon invitation, on présenta à Bellier un verre de tisane qu'il saisit avec avidité; mais à l'instant où il l'approchait de ses lèvres, un mouvement spasmodique fit jaillir au loin une partie du liquide.

Malgré l'évidence d'un pareil phénomène, j'avais encore besoin d'une nouvelle épreuve pour arrêter ma conviction. Une glace de petite dimension se trouvait accrochée à l'extrémité de la chambre; je l'approchai

de la figure de Bellier sans l'en prévenir, et au même instant il entra dans un accès convulsif, qui dura plus longtemps encore que celui dont j'avais été témoin quelques minutes auparavant. Plus de doute, j'avais affaire à un cas d'hydrophobie : il s'agissait de remonter à la cause.

Après avoir attendu que le malade se fût remis un peu de ses derniers paroxysmes, je lui demandai s'il n'avait pas été mordu; à peine avais-je terminé ma phrase,qu'un nouvel accès se manifesta, semblable aux précédents; mais le calme revint bientôt, et permit au malade de me raconter ce qui suit :

Dans le courant du mois d'août 1839, Bellier, alors maître charretier chez M. Laplanche, cultivateur à Arcy-Séverin, fut réveillé, ainsi que ses camarades, vers deux heures du matin, par les aboiements d'une chienne qui déjà plusieurs fois avait troublé leur sommeil. Elle appartenait à M. Cauchemetz, cultivateur dans une ferme voisine, et se trouvait attirée chez M. Laplanche par un chien qui d'habitude couchait près de l'écurie. Plusieurs fois les domestiques s'étaient promis de châtier vigoureusement le visiteur nocturne qui venait si souvent troubler leur repos. Bellier, plus audacieux que les autres, fut le premier à quitter son lit. Armé d'un bâton, il se précipita sur l'animal, qui, de son côté, montra une résistance à laquelle il était loin de s'attendre. Au moment où il se disposait à la frapper de nouveau, la chienne l'atteignit au poignet et lui fit une morsure assez profonde dans la paume de la main, vers l'éminence thénar (l'examen de la cicatrice ne m'offrit rien de remarquable, elle était linéaire, et pouvait avoir trois centimètres de long; elle était indolore et légèrement violacée). Les domestiques arri

vèrent presque aussitôt pour faire cesser cette lutte, qui devait avoir plus tard des résultats si funestes.

La blessure fut pansée, comme on a l'habitude de le faire dans certains villages, avec l'eau de boule de Nancy; la cicatrisation ne fut complète qu'après trois semaines. Une parfaite sécurité ne cessa de régner dans la ferme, la chienne était connue, ses fréquentes visites s'expliquaient facilement; rien, ni dans sa conduite, ni dans ses allures, ne pouvait donner le moindre soupçon. Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre se passèrent donc sans le plus petit évènement, l'époque du rut s'était écoulée, et la chienne n'avait plus reparu.

Ce ne fut qu'à la fin de décembre qu'il s'opéra chez Bellier un changement qu'il ne pouvait s'expliquer luimême. Son caractère devint sombre et taciturne; il fuyait la société de ses camarades, sans trop savoir pourquoi; son sommeil était agité par des rêves pénibles et sinistres; tout l'irritait; l'attachement qu'il portait à sa femme et à ses enfants diminuait de jour en jour; les questions qu'on pouvait lui faire sur un tel changement dans sa conduite, le fatiguaient et restaient toujours sans réponse. Il remplissait d'ailleurs ses devoirs à la ferme, mais ce n'était plus ni la même ardeur, ni le même zèle, ni surtout le même caractère.

Enfin, dans les derniers jours de février, Bellier fut poursuivi par des idées de suicide qui revenaient sans cesse. Envoyé à Fismes, le 1er mars, pour y chercher des cendres sulfureuses, vingt fois pendant son voyage, me répéta-t-il, la pensée lui vint de mettre un terme à ses maux, en se jetant la tête sous les roues de sa voiture. Une voix intérieure semblait lui crier qu'une position plus affreuse encore lui était réservée.

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