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Monsieur l'Ambassadeur,

Inclosure 2 in No. 13.

M. Guizot to Lord Cowley.

Paris, le 6 Avril, 1843. J'AI reçu la lettre que votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire hier, et où elle me parle des craintes qu'on a conçues en Angleterre par rapport à l'avenir des missions Protestantes établies à Taïti. Le langage tenu dès le premier moment par le Gouvernement de Roi semblait devoir suffire pour dissiper ces inquiétudes. Vous reconnaissez vous-même, Monsieur l'Ambassadeur, avec une loyale franchise, que le Gouvernement Britannique en a été pleinement satisfait. J'apprécie, d'ailleurs, comme je le dois, le sentiment qui vous porte à me demander, dans un esprit de confiance amicale et de conciliation, la confirmation de ces assurances, et je n'hésite pas à vous déclarer de nouveau, que le Gouvernement du Roi, dans le système qu'il se propose d'appliquer aux Iles Marquises et aux Iles de la Société, restera fidèle à trois grands principes dont il ne s'est jamais départi, celui de la liberté des cultes, celui de la protection due aux sujets d'une Puissance amie, enfin, le devoir non moins sacré de favoriser les travaux entrepris pour étendre les bienfaits du Christianisme.

Agréez, &c., (Signé)

GUIZOT.

(Translation.)

Monsieur l'Ambassadeur,

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Paris, April, 6, 1843.

I HAVE received the letter which your Excellency did me the honour to address to me yesterday, in which you speak of the fears that are entertained in England respecting the future welfare of the Protestant missions established at Tahiti. The language held from the first moment by the Government of the King ought to have been sufficient to allay any such apprehensions. M. l'Ambassadeur, you very candidly acknowledge, yourself, that the British Government was entirely satisfied with it. I, however, appreciate, as I ought, the interest which leads you to ask me, in a spirit of amicable confidence and conciliation, the confirmation of these assurances; and I have no hesitation in repeating to you, that the Government of the King, in the system which it proposes to apply to the Marquesas and Society Islands, will remain faithful to three great principles which it has never departed from,-the liberty of religious worship, protection of the subjects of a friendly Power, and, finally, the no less sacred duty of assisting in the labours taken to spread the benefits of Christianity..

Accept, &c.,

(Signed)

GUIZOT.

My Lord,

No. 14.

Lord Cowley to the Earl of Aberdeen.—(Received April 27.)

Paris, April 25, 1843.

WITH reference to my despatch of the 7th instant, I have now the honour to inclose an extract from from the "Moniteur" of this date, containing the speech of the Minister of Marine upon presenting a projet de loi for an extraordinary credit of 5,987,000 francs, for the expenses of the French establishments in the Pacific.

Your Lordship will observe that in this exposé the Minister of Marine

speaks in high terms of praise of the conduct and services of the English missionaries in the Society Islands, declaring that to their efforts is to be attributed the state of civilization to which these islands had arrived; and he renews the assurances already repeatedly afforded, that these deserving persons are entitled to, and will enjoy the protection of the French Government, to its fullest extent.

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Extract from the" Moniteur Universel" of April 25, 1843.

Exposé des motifs et projet de loi tendant à ouvrir à M. le Ministre de la Marine et des Colonies, un crédit extraordinaire de 5,987,000 francs, pour être affecté aux dépenses des établissemens Français dans l'Océanie, présenté par M. le Ministre de la Marine et des Colonies.

MESSIEURS, le Roi nous a chargé de vous soumettre un projet de loi qui a pour objet d'ouvrir un crédit extraordinaire aux dépenses que doivent occasionner en 1844, nos établissemens dans l'Océanie.

Le discours de la Couronne vous a fait connaître la pensée principale qui a présidé à la prise de possession des Iles Marquises. Depuis lors un fait d'une grande importance s'est accompli dans les mêmes parages. Le Protectorat des Îles de la Société a été offert à la France, et accepté, au nom du Roi, par le Contre-Amiral qui commande nos forces navales dans l'Océanie. Cette acceptation a été ratifiée par le Gouvernement, aussitôt qu'elle a été connue.

La France n'avait dans l'Océan Pacifique aucun établissement où ses bâtimens de guerre et ses navires de commerce pussent trouver un asile toujours ouvert et une protection moins mobile que celle d'une station navale. Cependant là où des intérêts Français commencent à se développer, il importe de créer un centre autour duquel ils puissent se grouper et prospérer à l'abri du pavillon national.

La Polynésie est un vaste champ ouvert aux conquêtes du commerce et de la civilisation. Il appartient à la France, qui est au premier rang des nations civilisées et maritimes, de prendre une grande part dans les efforts qui doivent arracher à la barbarie les habitans de cette partie du monde.

Le développement que nos relations avec ces contrées lointaines doivent acquérir est un intérêt qui ne peut manquer de vous frapper. Sur une étendue de plus de quatre mille lieues, nos navires de guerre ne rencontraient aucun point de station appartenant à la France, aucun point où ils pussent se ravitailler ou réparer leurs avaries. Un autre motif tout spécial rendait nécessaire un établissement sur quelquesunes des îles de cette vaste mer. La pêche de la baleine se porte principalement du côté des Archipels de la Polynésie. Ces opérations sont de longue haleine, et tout le temps qu'elles durent, nos bâtimens restent exposés aux violences et aux exactions des populations de ces îles. Nous donnerons à cette branche essentielle de notre marine marchande une protection efficace en la mettant en position d'invoquer sur les lieux mêmes l'autorité et la force de la souverainté de la France.

Les avantages de nos nouveaux établissemens, incontestables dès à présent, acquerront une bien plus haute importance dans l'avenir. Ils seront considérables si un projet qui, en ce moment, fixe l'attention de toutes les nations maritimes, vient à se réaliser. Il consiste à ouvrir, par l'Isthme de Panama, entre l'Europe et l'Océan Pacifique, un chemin plus court que celui du Cap Horn. Lorsque ce grand résultat, qui intéresse toutes les Puissances Navales, aura été obtenu, les Iles de la Société et les Iles Marquises, en se rapprochant de la France, prendront rang parmi les stations les plus importantes du globe. La facilité de cette communication donnera nécessairement une nouvelle activité à la navigation

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dans l'Océan Pacifique, puisque cette voie, pour se rendre dans la mer des Indes et de la Chine, sera, sinon plus courte, au moins plus sûre et d'un intérêt commercial plus considérable. Nos nouvelles possessions, heureusement situées comme lieux d'étape de ces grands voyages, serviront d'escale aux navigateurs de toutes les nations.

Les élémens d'un commerce actif existent déjà dans l'Océanie; mais il faut leur donner le moyen de se développer sans entraves. Le meilleur régime pour atteindre ce but est la liberté la plus complète des transactions. Excepté pour les armes et les munitions de guerre que le Gouvernement aura la faculté de prohiber, un libre accès sera ouvert à toutes les importations. Ces îles, avec la franchise de leurs ports, deviendront des entrepôts où nos navires déposeront leurs cargaisons pour les écouler, suivant les besoins, sur les côtes du Mexique, du Chili, et du Pérou, où nous trouvons déjà d'importans débouchés, et dans ces archipels qui, sous l'influence combinée des nations maritimes, s'élèvent à la civilisation.

Notre domination, restreinte aux seules Iles Marquises, aurait pu faire craindre l'insuffisance des ressources locales et la difficulté de tirer du dehors une grande partie des objets indispensables. La fertilité des Iles de la Société, situées seulement à trois jours de distance, fait cesser toute crainte à ce sujet. A Taïti toutes les productions des tropiques sont abondantes, et la terre, cultivée par des mains habiles, pourvoira avec largesse à la nourriture des Européens réunis dans nos deux établissemens.

Quels que soient ces avantages présumés, une occupation nouvelle et à si grande distance exige des frais d'organisation et de défense qu'il faut porter d'abord à leur juste valeur, pour que le poids n'en soit pas aggravé plus tard.

Le Contre-Amiral qui a pris possession des Iles Marquises a évalué au nombre de 900 à 1000 hommes les troupes nécessaires pour assurer leur occupation. Le protectorat que nous allons exercer à Taïti a dû faire augmenter cet effectif qui, pour les deux établissemens, s'élèvera à près de 1,200 hommes en infanterie et en artillerie. La répartition de ces tronpes sera laissée à l'appréciation du Gouverneur, qui la réglera d'après les besoins de chaque établissement.

Le protectorat et l'occupation devant s'appuyer principalement sur une force militaire, le personnel administratif a été réduit autant que pouvaient le permettre les besoins des services les plus essentiels.

Tous les pouvoirs seront concentrés entre les mains d'un Gouverneur, qui commandera les forces de terre et de mer.

Dans les Iles Marquises les missionnaires ont déjà beaucoup fait par l'influence de la religion; ils continueront leur pieuse tâche. Huit prêtres appartenant à une congrégation qui a fait preuve dans cesro ntrées du dévouement le plus évangélique, comme du sentiment patriotique le plus pur, composent le personnel religieux de ces îles.

Depuis longtemps des missionnaires Anglais sont établis dans les Iles de la Société, et c'est surtout à leurs efforts, qui ont précédé ceux de nos propres missionnaires, que doit être attribué l'état de civilisation plus avancé qu'on remarque dans cet archipel, si on le compare aux autres points de la Polynésie.

Le bien qu'ils y ont déjà fait, celui qu'ils peuvent y faire encore leur donne des droits à la protection du Gouvernement Français: ils en jouiront dans toute sa plénitude. De notre côté, nous sommes heureux de penser que l'influence Française trouvera dans ces missionnaires étrangers des auxiliaires dévoués à l'oeuvre de civilisation qu'il s'agit d'accomplir.

Parmi les dépenses auxquelles le crédit demandé doit pourvoir, sont comprises celles de deux bâtimens à vapeur en fer qui sont indispensables pour faciliter les rapports de nos établissemens avec les ports de la côte d'Amérique. Nous avons dû y faire figurer aussi la dépense relative à la confection et à l'achat de maisons pour le logement du Gouverneur, et pour l'installation des hôpitaux, ainsi qu'au mobilier destiné aux fonctionnaires publics. Ces dernières dépenses, d'une nature nouvelle, se justifient par la situation de nos établissemens, surtout des Iles Marquises, qui sont trop peu avancées en civilisation, pour qu'il ne soit pas indispensable d'y transporter les objets les plus ordinaires de la vie civilisée.

Le crédit extraordinaire que nous vous demandons s'élève à la somme de 5,987,000 francs; mais nous devons vous faire remarquer que cette somme se compose en très-grande partie de dépenses de premier établissement, qui ne sont pas de nature à se renouveler. En ne tenant compte que des dépenses permanentes, nous estimons que le budget annuel n'excédera pas 2,800,000 francs.

Nous avons pensé que ces chiffres seraient appréciés d'après l'importance du but que nous cherchons à atteindre, et d'après les difficultés d'exécution qui accompagnent toute entreprise semblable.

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L'œuvre pour laquelle nous réclamons votre concours, Messieurs, intéresse à un haut degré l'influence maritime de la France. En vue d'une semblable considération, vous accueillerez le projet de loi que le Roi nous a chargé de vous présenter, et qui répond, nous le croyons, aux sentimens de prévoyance et de patriotisme dont vous êtes animés pour les intérêts de notre pays.

PROJET DE LOI.

ARTICLE ler. Il est ouvert au Ministre de la Marine et des Colonies, au titre de l'exercice 1843, un crédit extraordinaire de 5,987,000 francs spécialement affecté aux dépenses des établissemens Français dans l'Océanie.

Ce crédit est réparti ainsi qu'il suit, dans le budget du département de la Marine, conformément à l'état ci-annexé savoir:

CHAPITRE V. Solde et habillement des équipages et des
troupes

CHAPITRE XXV. bis (spécial). Dépenses générales
des établissemens Français dans l'Océanie

Total égal

487,000

5,500,000

frs. 5,987,000

ARTICLE 2. Il sera pourvu aux dépenses autorisées par la présente loi, au moyen des ressources accordées par la loi du 11 Juin, 1842, pour les besoins de l'exercice 1843.

(Translation.)

Exposé of the motives and projet de loi for placing at the disposal of the Minister of Marine and Colonies, an extraordinary credit of 5,987,000 francs, towards the expense of the French establishments in the Pacific, presented by the Minister of Marine and Colonies.

GENTLEMEN, the King has directed us to submit to you a projet de loi, the object of which is to open an extraordinary credit to defray the expenses of our establishments in the Pacific for the year 1844.

The speech from the Throne has made you acquainted with the principal idea which led to the taking possession of the Marquesas. Since then an important event has taken place in those regions. The protectorship of the Society Islands has been offered to France, and accepted in the King's name, by the Rear-Admiral commanding our naval forces in the Pacific. The Act of Acceptance was ratified by the Government as soon as it became known.

France had no establishment in the Pacific Ocean, where her ships of war and merchant-vessels might at all times find shelter, and more per manent protection than that afforded by a naval station. Nevertheless, in that region where French interests are beginning to develope themselves it is requisite to form a centre around which they may collect and prosper under the protection of the national flag.

Polynesia is an extensive field open to the conquests of commerce and civilization. It belongs to France, which is in the first rank among civilized and maritime nations, to take a great share in the efforts made to redeem the inhabitants of that part of the globe from their present state of barbarism.

The development which our intercourse with these distant countries will acquire is an interest which cannot fail to strike you. Over an extent of more than four thousand leagues our ships of war found no station belonging to France, none where they could obtain supplies or repair their damages. Another special motive rendered necessary an establishment upon some of the islands of this extensive sea. The whale fishery is principally carried on in the Polynesian archipelagos. These operations are of long duration, and while they last our ships remain exposed to the violence and exactions of the natives of those islands. We shall give to that essential branch of our merchant navy an efficient protection, by placing it in a position to appeal on the spot to the authority and power of the sovereignty of France.

The advantages of our new settlements, even now incontestable, will hereafter acquire much higher importance. They will be very great, if a plan which at present fixes the attention of all maritime Powers, should be carried into execution. It consists in opening between Europe and the Pacific Ocean, through the Isthmus of Panama, a track much shorter than that of Cape Horn. Whenever this grand result, in which all naval Powers are interested, shall have been obtained, the Society Islands and the Marquesas, by being nearer to France, will rank among the most important stations of the globe. The facility of this communication will necessarily give a new impetus to navigation in the Pacific Ocean, this track being, as a communication with the Indian and China Seas, if not shorter, at least safer and of more considerable commercial interest. Our new possessions, happily situated as a store-house in these long voyages, will be used as a place of resort for the navigators of all

countries.

The elements of an active commerce already exist in Oceania, but every impediment to its development must be removed. In order to attain this end, the best method to adopt, is freedom of trade in its fullest extent. With the exception of arms and munitions of war, which the Government will have the power to prohibit, a free entry will be afforded to all imports. These islands, with their free ports, will become entrepôts, where our vessels will discharge their cargoes, in order to forward them as required to the coasts of Mexico, Chile, and Peru, where we already find a most important field for trade, and to those Archipelagos, which, under the combined influence of the maritime Powers, are rising into civilization.

Our dominion, if confined to the Marquesas alone, might have created a fear of the insufficiency of their local resources, and the difficulty of procuring from abroad a great many indispensable articles. The fertility of the Society Islands, at only three days' distance, removes every apprehension which might be entertained upon this head. At Tahiti, tropical productions of every kind are abundant, and the land, cultivated by proper hands, will provide ample food for all the Europeans settled in our two establishments.

Whatever these presumed advantages may be, a new settlement at so great a distance, demands an outlay for its organization and defence, which must at first be estimated at its real value in order that the amount may not be increased hereafter.

The Rear-Admiral who took possession of the Marquesas Islands estimates the number of troops necessary to secure their occupation at 900 to 1000 men. The protectorship which we are about to exercise at Tahiti requires that number should be increased, which, for the two settlements, will amount to about 1200 men of infantry and artillery. The disposal of these troops will be left to the judgment of the Governor, who will station them according to the wants of each settlement.

The protectorship and occupation resting mainly upon a military force, the administrative department has been reduced as far as the duties of the most essential services would allow.

All power shall be concentrated in the hands of the Governor, who shall have the command of the forces by land and sea.

In the Marquesas, the missionaries have already done much through the influence of religion; they shall continue their pious labours. Eight priests belonging to a congregation, which, in these countries, has given

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