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lesti, nimis etiam flagrare intelligó cupiditate. Sed profecto studia nihil prosunt perveniendi aliquo, nisi illud, quod eo, quo intendas, ferat deducatque, cognoris. Quare, quoniam mihi levius quoddam onus imponitis, neque ex me de oratoris arte, sed de hac mea, quantulacunque est, facultate quæritis, exponam vobis quandam, non aut perreconditam, aut valde difficilem, aut magnificam, aut gravem rationem consuetudinis meæ, qua quondam solitus sum uti, cum mihi in isto studio versari adolescenti licebat. SULP. Tum Sulpicius, O diem, Cotta, nobis, inquit, optatum! quod enim neque precibus unquam, nec insidiando, nec speculando assequi potui, ut, quid Crassus ageret, meditandi aut dicendi causa, non modo videre mihi, sed ex ejus scriptore et lectore Diphilo suspicari liceret; id spero nos esse adeptos, omniaque jam ex ipso, quæ diu cupimus,

cognituros.

XXXI. CR. —Tum Crassus, Atqui arbitror, Sulpici, cum audieris, non tam te hæc admiraturum, quæ dixero, quam existimaturum, tum, cum ea audire cupiebas, causam, cur cuperes, non fuisse. Nihik enim dicam reconditum, nihil exspectatione vestra dignum, nihil aut inauditum vobis, aut cuiquam novum. Nam principio illud, quod est homine ingenuo liberaliterque educato dignum, non negabo me ista omnium communia et contrita præcepta didicisse: primum, oratoris officium esse, dicere ad

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assez votre passion pour l'éloquence. Assurément le désir d'arriver est inutile, si l'on ne connaît pas le chemin qui conduit au but. Au reste, puisque vous ne m'imposez point une tàche au-dessus de mes forces, et que, sans me demander les règles de l'art oratoire, vous voulez savoir quelle est ma méthode particulière, je vous dirai celle que je suivais autrefois dans ma jeunesse, lorsque j'avais le loisir d'étudier; mais n'attendez pas de moi une théorie mystérieuse, magnifique ou impo

sante.

SULP. Cotta, que ce jour est heureux pour nous ! J'ai employé, sans succès, jusqu'à présent, les prières et l'artifice; j'ai vainement épié les occasions de surprendre. Crassus dans ses méditations, d'apprendre de lui-même ou de Diphile, son secrétaire, les règles qu'il s'est formées sur l'éloquence: enfin, nos souhaits sont accomplis; il' va, je l'espère, nous instruire de ce que nous désirons savoir.

XXXI. CR. J'ai bien peur, Sulpicius, qu'après m'avoir entendu, vous ne soyez pas dans l'admiration; vous serez peut-être surpris d'avoir eu tant d'empressement pour si peu de chose. En effet, je ne vous dirai rien de mystérieux, rien qui réponde à votre attente, rien de nouveau ni d'extraordinaire. Je vous avouerai d'abord avec franchise, et en homme d'honneur, que j'ai meublé ma mémoire des préceptes les plus communs et les plus rebattus. Essayons de vous les retracer. Le devoir de l'orateur est de parler d'une manière propre à persuader. Le discours a pour objet une question indéfinie, sans désignation de personnes ni de temps, ou une question

persuadendum accommodate: deinde, esse omnem orationem aut de infinitæ rei quæstione, sine designatione personarum et temporum; aut de re certis in personis ac temporibus locata. In utraque autem re quidquid in controversiam veniat, in eo quæri solere, aut factumne sit, aut, si est factum, quale sit, aut etiam quo nomine vocetur, aut, quod nonnulli addunt, rectene factum esse videatur. Exsistere autem controversias etiam, ex scripti interpretatione, in quo aut ambigue quid sit scriptum, aut contrarie, aut ita, ut a sententia scriptum dissideat : his autem omnibus partibus subjecta quædam esse argumenta propria. Sed causarum, quæ sint a communi quæstione sejunctæ, partim in judiciis versari, partim in deliberationibus: esse etiam genus tertium, quod in laudandis aut vituperandis hominibus poneretur: certosque esse locos, quibus in judiciis uteremur, in quibus æquitas 'quæreretur: alios in deliberationibus, qui omnes ad utilitatem dirigerentur eorum, quibus consilium daremus: alios item in laudationibus, in quibus ad personarum dignitatem omnia referrentur. Cumque esset omnis oratoris vis ac facultas in quinque partes distributa, ut deberet reperire primum, quid diceret : deinde inventa non solum ordine, sed etiam momento quodam atque judicio dispensare atque componere : tum ea denique vestire atque ornare oratione: post memoria sepire : ad extremum agere cum dignitate ac venustate. Etiam illa cognoram, et acce

Qnæritur.

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particulière, déterminée par le temps et les personnes. Dans les deux genres de question, et dans tout ce qui devient matière à controverse, on a coutume d'examiner si le fait est arrivé; s'il est arrivé, quelle est sa nature, ou quel nom il faut lui donner, ou enfin, s'il est juste ou injuste. Les discussions roulent souvent sur l'interprétation des lois et des actes, ou sur l'ambiguïté des termes, ou sur une contradiction, ou sur l'opposition entre le sens littéral et l'intention du rédacteur. Dans chacun de ces différens cas, on emploie des argumens particuliers. Mais dans les causes qui n'appartiennent pas à la question générale, on distingue deux genres, le judiciaire et le délibératif; on en ajoute un troisième *, destiné à la louange des hommes vertueux et à la censure des méchans. On a recours à certains lieux communs pour le genre judiciaire, dont le but est de découvrir ce qui est équitable; d'autres lieux communs servent dans les délibérations où il est question de l'utilité des conseils que nous donnons ; d'autres aussi sont en usage dans le troisième genre, où tout se rapporte à la louange et au mérite, ou à l'indignité de ceux qui en sont l'objet. Le talent et le pouvoir de l'orateur embrassent cinq parties. Il doit premièrement imaginer ce qu'il convient de dire, ensuite disposer ses idées, non-seulement en ordre, mais aussi les distribuer sagement et avec goût, les embellir et les revêtir des ornemens de l'élocution, les imprimer fortement dans sa mémoire, et les débiter d'une manière noble et agréable. Je connaissais et j'avais appris aussi, qu'avant tout, on doit se concilier la bienveillance des auditeurs, raconter ensuite le fait, exposer l'état de la question, développer et appuyer ses moyens, réfuter ceux de l'adversaire; et, vers ; *Le genre démonstratif.

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peram, antequam de re diceremus, initio conciliandos eorum esse animos, qui audirent: deinde rem demonstrandam: postea controversiam constituendam: tum id, quod nos intenderemus, confirmandum: post, quæ contra dicerentur, refellenda: extrema autem oratione, ea, quæ pro nobis essent, amplificanda et augenda; quæque essent pro adversariis, infirmanda atque frangenda.

XXXII. Audieram etiam quæ de orationis ipsius ornamentis traderentur; in qua præcipitur primum ut pure et latine loquamur : deinde ut plane et dilucide: tum ut ornate: post ad rerum dignitatem apte et quasi decore: singularumque rerum præcepta cognoram. Quinetiam, quæ maxime propria essent naturæ, tamen his ipsis artem adhiberi videram: nam de actione et de memoria quædam brevia, sed magna cum exercitatione præcepta gustaram. In his enim fere rebus omnis istorum artificum doctrina versatur, quam ego si nihil dicam adjuvare, mentiar. Habet enim quædam quasi ad commonendum oratorem, quo quidque referat, et quo intuens, ab eo, quodcunque sibi proposuerit, minus aberret. Verum ego hanc vim intelligo esse in præceptis omnibus, non ut ea secuti oratores, eloquentiæ laudem sint adepti, sed, quæ sua sponte homines eloquentes facerent, ea quosdam observasse, atque id egisse : sic esse non eloquentiam ex artificio, sed artificium ex eloquentia natum: quod tamen, ut ante dixi, non ejicio: est enim etiamsi minus necessarium ad bene dicendum,

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