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Ouvrage couronné par l'Académie française

et par l'Académie des sciences morales et politiques.

Non est Judæus neque Græcus, non est servus neque liber, non est masculus neque femina: omnes enim vos unum estis in Christo Jesu. (Ad Galatas, 111, 28.)

Οὐ κτήσῃ δοῦλον, οὔτε εἰς οἰκείαν κρείαν, οὔτε εἰς ἀγροὺς, τὸν κατ' εἰκόνα Θεοῦ γεγονότα ἄνθρωπον.

(Theodori Studitæ Testam. n° 4, in Jac. Tollii Insign, itiner. ital. p. 184.)

22 688. Typographie A. Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.

DE

L'ESCLAVAGE

DANS L'ANTIQUITÉ

PAR

H. WALLON

SECRÉTAIRE PERPETUEL DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS

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LIBRAIRIE HACHETTE ET C

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

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Droits de propriété et de traduction réserves

703

DE

L'ESCLAVAGE
DANS L'ANTIQUITÉ

LIVRE II

DE L'ESCLAVAGE A ROME DEPUIS LES ORIGINES
JUSQU'A L'ÉPOQUE DES ANTONINS

CHAPITRE PREMIER

DU TRAVAIL LIBRE ET DE L'ESCLAVAGE DANS LES PREMIERS
SIÈCLES DE ROME.

Les conclusions que nous avons tirées de l'histoire intérieure de l'Orient et de la Grèce, touchant l'influence de l'esclavage, doivent trouver à Rome leur contrôle et leur confirmation. En Orient, les textes nous manquent pour étudier dans le détail les conditions particulières où il fut placé et l'action qu'il eut sur la société tout entière. En Grèce, les faits sont plus abondants, mais la scène est plus restreinte. Rome, au contraire, comprend le plus grand nombre de faits sur le plus vaste théâtre; sa domination

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réunit, autour de la péninsule italique, les extrêmes de la civilisation et de la barbarie, les nations helléniques et les races de l'Occident, Carthage et l'Égypte, et les tribus du Nord. Elle a vécu, àge de peuple, développant, dans ces limites si larges et de temps et de lieu, toutes les conséquences des principes qui étaient entrés dans sa constitution, sans que rien en troublât la marche, en suspendît le progrès. Elle tomba quand ces conséquences arrivèrent à leur terme; et, lorsqu'elle tomba, son génie, dominant encore les ruines de sa puissance, se continua, toujours vivant, par sa langue et par son droit. Nous avons ses poètes, ses orateurs, ses moralistes, ses historiens, quoique plusieurs aient péri et que tous aient souffert de l'incurie des âges barbares. Nous avons son corps de droit, quoique mutilé et amoindri par le cadre même qu'une main plus débile lui traça pour le garder. En somme, on peut dire que Rome nous est restée dans son ensemble, comme nous sont restés plusieurs des monuments consacrés par elle, debout encore au milieu des sociétés modernes, malgré les outrages du temps. Quelques parties ont pu être détruites, les détails effacés; mais la masse a traversé les âges de destruction ou d'indifférence; l'esclavage, placé à la base de l'édifice, pourra donc être étudié dans sa constitution même, el dans ses rapports avec la société dont il était le fondement.

Dans cette formation progressive des institutions d'un grand peuple, quelle part eut-il au mouvement et au progrès? Dans cette initiation du monde à la civilisation, quelle influence exerça-t-il sur la transformation des races barbares? C'est ici ou nulle part ailleurs qu'il doit produire ses titres; et, s'il reste démontré qu'il fut ce que nous l'avons vu partout, une cause de démoralisation et

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