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4. Le duc d'Aumale, qui perdit la bataille de Senlis, et se sauva par la

fuite. 2. Noms de quelques chefs des ligueurs. accident. Ce mot vient de me (mal) choir.

3. Malheur, mauvais

Huitain.

Tandis qu'Amour dormait, je lui coupais les ailes,
Parce qu'il me semblait trop volage et léger :
Quand il fut éveillé, et se trouva sans elles,
Riant d'un ris amer, vers moi se vint ranger;
De ce petit voleur je me pensais venger;
Mais je fis bien le sot, et maintenant j'en pleure :
Il ne put plus voler pour de moi s'étranger1;
Ainsi mon ennemi avecque moi demeure.

A un fripon qui a changé d'état.

Bien qu'il ait un état nouveau,

Si est-il 2 tel que

de coutume:

On ne laisse pas d'être oiseau

Pour muer et changer sa plume.

4. Pour s'éloigner de moi.-2. Tout de même il est.

GARNIER.

GARNIER (ROBERT), né en 1534 à la Ferté-Bernard, dans le Maine, fut d'abord lieutenant criminel du Mans, et ensuite conseiller au grand conseil. Contemporain de Jodelle, il s'exerça dans le même genre, et le surpassa de beaucoup. Il avait pris Sénèque pour modèle, et s'il n'a pas évité l'enflure du poëte latin, il a quelquefois égalé la pompe majestueuse de son style; on peut dire qu'il a fait parler à la tragédie une langue nouvelle.

Il a dans presque toutes ses pièces placé des chœurs qui, comme ceux du tragique latin, sont de véritables odes.

Sans doute l'art théâtral était loin d'être parfait, mais cette transition de l'art de Jodelle à celui du xvIIe siècle n'est pas à négliger.

Garnier mourut au Mans, en 1590 selon les uns, selon les autres en 1600 ou 1601.

César rentrant victorieux dans Rome.

O sourcilleuses tours! ô coteaux décorés!
O palais orgueilleux! ô temples honorés!

O vous, murs, que les dieux ont maçonnés eux-mêmes,
Eux-mêmes étoffés de mille diadèmes!

Ne ressentez-vous point le plaisir en vos cœurs,
De voir votre César, le vainqueur des vainqueurs,
Par tant de gloire acquise aux nations étranges',
Accroître votre empire, ainsi que vos louanges?

Et toi, fleuve orgueilleux, ne vas-tu par tes flots
Aux tritons mariniers faire bruire mon los,
Et au père Océan te vanter que le Tybre
Roulera plus fameux que l'Euphrate et le Tygre?
Jà presque tout le monde obéit aux Romains:
Ils ont presque la mer et la terre en leurs mains:
Et soit où le soleil, de sa torche voisine,

4. Étrangères

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Les Indiens perleux au matin illumine';
Soit où son char, lassé de la course du Jour,
Le ciel quitte2 à la nuit, qui commence à son tour;
Soit où la mer glacée, en cristal se resserre;
Soit où l'ardent soleil sèche et brûle la terre;
Les Romains on redoute, et n'y a si grand roi
Qui au cœur ne frémisse, oyant parler de moi.

Chæur.

Comment veut-on que maintenant,
Si désolées,

Nous allions, la flûte entonnant.
Dans ces vallées ?

Que le luth, touché de nos doigts,
Et la cithare,
Fassent résonner de leur voix

Un ciel barbare?

Que la harpe, de qui le son
Toujours lamente,

Assemble avec notre chanson

Sa voix dolente?

Trop nous donnent d'affection

Nos maux publiques,

Pour vous réciter de Sion

Les saints cantiques.

Hélas, tout soupire entre nous,
Tout y larmoie!

Comment donc en attendez-vous

Du chant de joie?

4. Éclaire les Indiens, habitants d'un pays riche en perles,-2. Laisse. -3. Publique était alors des deux genres.

Remplissons les airs de soupirs
Sortants à peine,

Qui renforceront des Zéphyrs
La faible haleine.

Hélas! eh! qui se contiendra
De faire plainte,

Lorsque de toi nous souviendra,
Montagne sainte?

Nos enfants nous soient désormais
En oubliance,

Si de toi nous perdons jamais

La souvenance1!

1. Ce chœur est une imitation très-serrée du fameux psaume Super flumina Babylonis

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