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DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,

DES

LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.

1860.- No 3.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 3 mars 1860.

M. VAN BENEDEN, directeur.

M. AD. QUETELET, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. d'Omalius, Sauveur, Timmermans, Wesmael, Martens, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, A. De Vaux, de Selys-Longchamps, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, d'Udekem, Dewalque, membres; Schwann, Lamarle, associés; Ernest Quetelet, Montigny, correspondants.

M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance.

2me SÉRIE, TOME IX.

18

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'intérieur répond à la demande qui lui a été faite, que les académiciens ne sont point exclus des concours extraordinaires qui seront ouverts par le Gouvernement, en conformité de l'arrêté royal du 10 décembre dernier, relatif à l'emploi des 5,000 francs non décernés par le jury du prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques.

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La Société linnéenne de Londres remercie pour le dernier envoi des publications de la compagnie.

- M. Ch. Willich écrit à l'Académie en lui faisant hommage de ses tables populaires sur différents sujets scientifiques. Remercîments.

RAPPORTS.

M. Kickx fait connaître que la commission pour la Biographie nationale s'est réunie avant la séance; que les membres se sont mis d'accord sur la forme qu'il convient de donner à la publication projetée; et que le plan, provisoirement adopté, sera soumis au jugement de l'Académie entière, dans sa prochaine séance générale du mois de mai, avant de le soumettre au Gouvernement.

La réunion se composait des représentants des trois

classes, MM. Gachard, président de l'Académie, Kickx, Wesmael, Van Hasselt, Ad. Quetelet et le baron Jules de Saint-Genois, qui avait bien voulu se charger de la rédaction du projet et du règlement des travaux.

-La commission académique, composée de MM. Nerenburger, Martens, Stas, Liagre et De Koninck, propose deux questions pour les concours extraordinaires à ouvrir par le Gouvernement dans le domaine des sciences physiques et mathématiques. Quelques membres font remarquer que les deux questions appartiennent aux sciences. physiques et que les mathématiques ne figurent pas au programme. Il est répondu que le programme n'est pas définitif et que la classe peut le modifier. Différentes questions nouvelles sont proposées; le secrétaire aura soin de les réunir et de les faire imprimer avant la prochaine séance, pour permettre à la classe de fixer son choix.

COMMUNICATIONS.

Orage du 19 février 1860, note de M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire.

Le dimanche soir, 19 février, a éclaté, sur la Belgique, le plus terrible orage dont les annales de la science fassent mention pour ce pays. Il a suivi à peu près la route ordinaire que parcourent la plupart des fléaux semblables qui ont affligé nos contrées. Vers sept heures, il éclatait sur Rolleghem et Courtrai; une heure après, ses ravages s'exerçaient sur Gand, Bruxelles et les environs d'Anvers;

se détournant ensuite vers Liége, où il éclatait à neuf heures, semant la dévastation sur son passage, il pénétra sur le territoire prussien, et, vers dix heures, il incendiait l'église de Melhem près de Cologne.

Pendant ce trajet, l'orage se dédoublait : vers neuf heures du soir, il frappait plusieurs tours dans les environs de Charleroi, et se dirigeait également sur Liége, en longeant la Sambre et la Meuse.

Jamais l'orage n'a atteint, dans notre pays, autant de points à la fois; il est tombé sur plus de vingt clochers qu'il a plus ou moins endommagés; ce sont les églises de Saint-Martin à Courtrai, de Rolleghem, de Moorslede, de Nazareth, de Berchem près d'Audenarde, d'Oordegem, de Saint-Rombaut et de Notre-Dame à Malines, de Saints-Jean et Nicolas à Schaerbeek, de Saint-Gommaire à Lierre, de Puers, d'Aertselaer, de Wesemael, de Rillaer, d'Aerschot, de Hoegaerde, de Lobbes, de Walcourt, de Marchienneau-Pont, de Saint-Paul à Liége, de Melhem et de Heinsberg dans la Prusse rhénane. De ces vingt-deux églises, la cathédrale de Liége est pour ainsi dire la seule qui n'ait souffert aucun dommage; et c'est au paratonnerre qui la surmonte qu'elle a dû cet avantage.

On peut comparer à cet orage celui qui éclata avec tant de violence sur une partie de la France dans la nuit du 14 au 15 avril 1718. M. Duprez, membre de l'Académie, fait observer que la foudre tomba alors sur vingt-quatre clochers. Voici le renseignement qu'il a bien voulu me communiquer :

« L'ancienne Académie des sciences de Paris a enregistré dans ses volumes (1) les détails relatifs à un orage re

(1) Année 1719, partie historique, page 21.

marquable qui éclata sur une partie de la France dans la nuit du 14 au 15 avril 1718. Du rapport transmis à ce sujet par Deslandes, il résulte que, pendant cette seule nuit, la foudre tomba sur vingt-quatre clochers, dans l'espace compris, le long de la côte de la Bretagne, entre Landerneau et Saint-Pol-de-Léon, et occasionna la mort ou de graves blessures aux personnes qui, d'après la funeste habitude de cette époque, sonnaient les cloches dans l'espoir d'écarter le météore. »

L'orage qui, durant la soirée du 19 février dernier, a sévi presque simultanément dans un grand nombre de localités de notre pays, a produit des désastres dont il est bon, je crois, de conserver également le souvenir. La foudre a frappé vingt-deux tours ou clochers, indépendamment de deux maison et d'un moulin. Voici, d'après les renseignements puisés dans les journaux, les divers lieux où ces accidents sont arrivés.

Bruxelles. Un orage épouvantable a éclaté dimanche soir. Rien ne saurait donner une idée de la violence de cette tempête de neige, de bourrasques, de rafales, d'éclairs et de tonnerres qui, phénomène atmosphérique des plus rares à cette époque de l'année, s'est abattue cette nuit sur la capitale.

La foudre est tombée dans la cour d'une maison contiguë à l'église Saints-Jean et Nicolas, faubourg de Schaerbeek, et a failli faire deux victimes.

La fabrique de chicorée de M. Navez Van Themsche, chaussée de Jette, à Koekelberg, a eu beaucoup à souffrir de l'orage. La cheminée principale servant de foyer à la machine à vapeur a été détruite.

Vers le milieu de la nuit la tourmente s'est apaisée, et

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