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mais le mot de bouillonner n'a point de mauvais son [a] en notre langue, et est au contraire agréable à l'oreille. Je me suis donc servi du mot bruire, qui est bas, et qui exprime le bruit que fait l'eau, quand elle commence à bouillonner. ( 1674.)

CHAPITRE XXXV.

(N° 59, page 528. Mais prenez garde que.)

Il y a beaucoup de choses qui manquent en cet endroit. Après plusieurs [6] raisons de la décadence des esprits, qu'ap portoit ce philosophe introduit ici par Longin, notre auteur vraisemblablement reprenoit la parole, et en établissoit de nouvelles causes, c'est à savoir la guerre qui étoit alors par toute la terre, et l'amour du luxe, comme la suite le fait assez connoître.

[a] Dans toutes les éditions, depuis celle de 1674 jusqu'à celle de 1713,

il y a mauvais son; c'est par erreur que MM. Didot et Daunou écrivent

mauvais sens.

[b] « Après plusieurs autres raisons. » ( éditions antérieures à celle de 1701.)

REMARQUES

SUR LONGIN,

PAR DACIER.

PRÉFACE

DE M. DACIER.

que

De tous les auteurs grecs il n'y en a point de plus difficiles à traduire que les rhéteurs, sur-tout quand on débrouille le premier leurs ouvrages. Cela n'a pas empêché M. Despréaux, en nous donnant Longin en françois, ne nous ait donné une des plus belles traductions que nous ayons en notre langue. Il a non seulement pris la naïveté et la simplicité du style didactique de cet excellent auteur; il en a même si bien attrapé le sublime, qu'il fait valoir aussi heureusement que lui toutes les grandes figures dont il traite, et qu'il emploie en les expliquant. Comme j'avois étudié ce rhéteur avec soin, je fis quelques découvertes en le relisant sur la traduction; et je trouvai de nouveaux sens, dont les interprètes ne s'étoient point avisés. Je me crus obligé de les communiquer à M. Despréaux. J'allai donc chez lui, quoique je n'eusse pas l'avantage de le connoître. Il ne reçut pas mes critiques en auteur, mais en homme d'esprit et en galant homme: il convint de quelques endroits; nous disputâmes long-temps sur d'autres; mais dans ces endroits mêmes dont il ne tomboit pas d'accord, il ne laissa pas de faire quelque estime de mes remarques; et il me témoigna que, si je voulois, il les feroit imprimer avec les siennes dans une seconde édition. C'est

ce qu'il fait aujourd'hui; mais de peur de grossir son livre, j'ai abrégé le plus qu'il m'a été possible, et j'ai tâché de m'expliquer en peu de mots. Il ne s'agit ici que de trouver la vérité; et comme M. Despréaux consent que, si j'ai raison, l'on suive mes remarques, je serai ravi que, s'il a mieux trouvé le sens de Longin, on laisse mes remarques pour s'attacher à sa traduction, que je prendrois moimême pour modéle, si j'avois entrepris de traduire un ancien rhéteur [a].

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[a] Cet exposé, publié en 1683, porte tous les caractères de la vérité, et montre assez avec quelle défiance on doit lire les faits hasardés par les ennemis de Despréaux. M. Dacier, fort célèbre par la parfaite connoissance qu'il a des auteurs grecs, et par ses belles et savantes traductions, avoit « écrit, dit Pradon, contre celle de Longin de M. D***. Il le sut ( celui-ci), «< il en fut fort alarmé; il fut trouver M. Dacier (quelle démarche pour un « si fier auteur!), conféra avec lui; et enfin, par l'entremise de ses amis, il «< fut arrêté entre eux que M. Dacier ne mettroit que la moitié des remar« ques qu'il avoit faites... » (Nouvelles remarques sur tous les ouvrages du sieur D***, 1685, page 9.)

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