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HORACE.

De la part d'Apollon, il est ordonné, etc.

SANTEUIL.

Que je lise le galimatias de Dupérier! Moi! Je n'en ferai rien. C'est à lui de lire mes vers.

DUPÉRIER.

Je veux que Santeuil commence par me reconnoître pour son maître, et après cela je verrai si je puis me résoudre à lire quelque chose de son phébus [a].

Ces poëtes continuent à se quereller; ils s'accablent réciproquement d'injures; et Apollon les fait chasser honteusement du Parnasse [b].

[a] Dupérier prétendoit en effet avoir appris l'art des vers à Santeuil, qui étoit loin d'en convenir. Ces deux poëtes eurent à ce sujet un violent débat, qui mit tout le Parnasse en rumeur. Ménage, non moins vain, ni moins irascible, parvint à les calmer.

[b] Voyez, à la fin du tome II, sur la latinité des modernes, un fragment latin, intitulé Satira, et la lettre de Despréaux à Brossette, du 6 octobre 1701, tome IV, page 418.

AVERTISSEMENT [a]

Mis à la tête des œuvres posthumes de Gilles Boileau, frère aîné de Despréaux.

LE LIBRAIRE AU LECTEUR.

Je ne doute point que le lecteur ne m'ait quelque obligation du présent que je lui fais des derniers ouvrages d'un homme illustre, que la mort a mis hors d'état de les pouvoir donner lui-même au public. Bien qu'ils n'aient point encore vu le jour, ils ne laissent pas d'être fort connus. La traduction du quatrième livre de l'Énéide a déja charmé une bonne partie de la cour, par la lecture que l'auteur, de son vivant, a été comme forcé d'en faire en plusieurs réduits célébres. Elle a mérité l'approbation d'une des plus spirituelles princesses de la terre [b], et elle a fait dire à un des plus fameux prédicateurs de notre siècle, qu'à ce coup la

[a] Saint-Marc a le premier recueilli cet avertissement, composé par Despréaux pour les œuvres posthumes de défunt M. B., de l'académie françoise, contrôleur de l'argenterie du roi, Paris, 1670, petit in-12 de 192 pages.

[b] Cette princesse étoit sans doute Henriette d'Angleterre, première femme de Monsieur, frère de Louis XIV.

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copie avoit surpassé l'original [a]. Cependant il est certain que l'auteur ne s'étoit pas encore satisfait sur cette traduction, à laquelle il n'avoit pas mis la dernière main, non plus qu'à ses autres ouvrages qu'il n'avoit pas faits la plupart pour être imprimés, et qui ne l'auroient jamais été, si je n'en eusse fait une espèce de larcin à ceux entre les mains de qui ils étoient tombés. C'est un avis que je suis bien aise de donner, en passant, à ceux qui y trouveront peut-être des choses plus foibles les unes que les autres. Je crois que le nombre de ces critiques sera fort petit: et j'espère qu'il en sera de ces ouvrages comme de l'Énéide de Virgile, dont Virgile seul est mort mécontent. Voilà tout l'avertissement que j'ai à donner au lecteur. S'il profite, comme il doit, du don que je lui fais, et s'il sait m'en faire profiter, je me promets de lui donner bientôt une seconde édition de ce livre, plus ample et plus correcte que celle-ci; et je lui réponds que je n'épargnerai point mes soins et ma diligence pour lui donner une entière satisfaction.

[a] Quel que soit ce prédicateur, l'éloge est très exagéré. Assurément la traduction en vers françois du quatrième livre de l'Énéide, par Gilles Boileau, mérite d'être distinguée. Il s'y trouve des morceaux bien faits; mais l'auteur auroit eu besoin de la retoucher, pour en faire disparoître les négligences.

ARRÊT BURLESQUE [a]

Donné en la grand'chambre du Parnasse, en faveur des maîtres-ès-arts, médecins et professeurs de l'université de Stagyre (1), au pays des Chimères, pour le maintien de la doctrine d'Aristote (2).

Vu

par la cour la requête (3) présentée par les régents, maîtres-ès-arts, docteurs et professeurs de

[a] Despréaux inséra cet arrêt dans ses œuvres en 1701. Brossette prétend qu'il fut composé en 1674, et imprimé la même année sur une feuille volante. Il se trompe évidemment, puisque, le 6 septembre 1671, madame de Sévigné le fit passer à sa fille, et que nous le possédons tel qu'il parut alors. Saint-Marc rapporte que l'abbé Goujet lui a remis un manuscrit dans lequel cet arrêt est daté de la manière suivante: Ce douzième jour d'août mil six cent soixante onze. Il ajoute qu'il s'y trouve fort différent de ce qu'il est, et dans l'édition de 1701, et sur la feuille séparée de 1674. Le mot burlesque n'est point dans l'édition de 1701; il fut ajouté dans celle de 1713.

(1) Ville de Macédoine, sur la mer Égée, et patrie d'Aristote. (Despréaux.)

(2) Le titre étoit ainsi dans l'édition de 1674: Arrêt donné en faveur des maîtres-ès arts, médecins et professeurs de l'université, pour le maintien de la doctrine d'Aristote. ( Brossette.)

(3) L'université avoit présenté requête au parlement pour

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l'université, tant en leurs noms, que comme tuteurs et défenseurs de la doctrine de maître (en blanc) (1) Aristote, ancien professeur royal en grec dans le collège du Lycée, et précepteur du feu roi de querelleuse mémoire [a], Alexandre dit le Grand, acquéreur de l'Asie, Europe, Afrique et autres lieux; contenant que, depuis quelques années [b], une inconnue, nommée la Raison, auroit entrepris d'entrer par force dans les écoles de ladite université;

empêcher qu'on n'enseignât la philosophie de Descartes. La requête fut supprimée, et Bernier en fit imprimer une de sa façon. (Despréaux.) * Si cette note, insérée dans l'édition de 1713, est de Despréaux, il est évident que lorsqu'il préparoit cette édition en 1710, il ne se souvenoit plus de ce qu'il avoit dit en 1701, dans le dernier alinéa de son Discours sur l'ode. Peut-être y a-t-il une faute d'impression, et faut-il lire ces mots: alloit présenter, au lieu de ceux-ci: avoit présenté. La requête à nosseigneurs du MontParnasse, rédigée par Bernier, fut réimprimée en 1715, dans le Menagiana, tome IV, page 271, et non tome II, page 71, comme l'avance Saint-Marc, qui n'a pas jugé à propos d'admettre dans son commentaire cette pièce, dont les plaisanteries sont loin de valoir celles de l'arrêt.

(1) Dans l'édition de 1674, il y avoit de maître.... Aristole. Ces mots en blanc sont pour suppléer au nom de baptême, qui se met au-devant des noms des maîtres-ès-arts. (Brossette.)* Ces mots en blanc se trouvent dans les éditions de 1701 et de 1713.

[a] « De redoutable mémoire, ".... (édit. de 1674.)

[b] « Depuis quelques années en çà, ».... (édit. de 1674.)

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