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adressées, sans que je pusse deviner d'où elles viendraient; et qu'à bord, on ne pourrait pas même conjecturer où je serais resté. Je me décidai donc à revenir sur mes pas, et je fis une assez bonne récolte de plantes et d'insectes. Les coléoptères surtout m'offrirent une foule d'espèces nouvelles. >>

Le capitaine Andrews aborda, èn 1826, à la Papouasie, dans un voyage entrepris de Buenos-Ayres dans les Indes et en Chine.

Le voyageur ou les voyageurs qui se rendent dans les mers des Indes et de la Chine, par le canal Saint-George et le détroit de Dampier, et surtout en longeant les côtes de la NouvelleGuinée, ne peuvent réfléchir sans surprise à l'ignorance profonde où l'on est, même sur les simples localités d'un pays aussi riche et aussi étendu.

La situation de la Papouasie, par rapport à la Nouvelle - Hollande, est très-intéressante; et il est permis de la regarder comme la clef des Moluques et des Philippines. Sa latitude étant la même que celle de Java et d'une portion de Soumadra, on y trouve toutes les productions propres à ces îles.

Quand nous arrivâmes sur ces côtes, nous jetâmes l'ancre près d'une île voisine de la principale terre. Cette île était couverte d'arbres qui s'avançaient jusqu'au rivage. Les sauvages se cachèrent dans les bois, et poussèrent des cris effroyables qui nous firent craindre d'abord une réception peu amicale; mais, en débarquant, nous fûmes bientôt assurés que ces cris n'étaient que des démonstrations de joie. D'ailleurs quelques huzzas anglais auraient peut-être été aussi extraordinaires et aussi alarmants pour un peuple dont les deux sexes étaient dans un état complet de nudité. Les naturels sortirent du bois en grand nombre, et, entourant la chaloupe, ils firent mine de vouloir la traîner avec tous ceux qui la montaient jusque sur le rivage, comme ils font de leurs canots; mais, s'étant aperçus que ce mouvement avait fait prendre une attitude défensive à mes hommes, ils se retirèrent

aussitôt jusqu'à une ligne qu'on leur traça sur le sable avec un couteau, et qui laissait une distance suffisante pour parlementer. Leur chef répondit au signe de paix que nous fîmes avec un drapeau blanc, en élevant une branche de verdure qu'il venait de cueillir; alors chaque parti déposa ses armes, et, au bout d'une demi-heure, mes gens fraterniserent avec eux. Je les fis d'abord surveiller, de crainte de surprise; mais je fus parfaitement rassure sur leurs bonnes intentions; et les échanges se firent d'une manière régulière par l'entremise des chefs : bientôt nos barques furent pleines de volailles, de bananes et de fruits de diverses espèces. Ils parurent d'abord vouloir s'opposer à ce que l'on coupât le bois dont nous avions grand besoin; mais ils furent facilement apaisés par l'offre d'un chapeau retroussé, de quelques bandelettes, de couteaux, de chapelets, et de morceaux de drap rouge. Des exemplaires du Times attirèrent aussi particulièrement leur attention et les caractères leur en parurent si extraordinaires, qu'ils remplirent leurs barques de cannes à sucre pour la tête d'un des numéros de ce journal. Deux de nos marins, qui passèrent un jour et une nuit dans l'île, revinrent fort contents de l'hospitalité qu'ils y avaient reçue, et nous apprirent que la timidité de ses habitants venait de ce que l'un d'entre eux avait été blessé d'un coup de fusil. Un homme, âgé d'environ cinquante ans, fit comprendre par ses gestes que l'équipage d'un navire qui avait déjà abordé sur cette côte, avait eu une rixe avec les naturels, et que cet accident en était résulté. Il est très-probable que les matelots prirent leurs cris pour des marques d'agression (*).

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L'Astrolabe, commandée par M. Dumont d'Urville, après avoir franchi, le 2 août 1827, le détroit de Dampier, commença le relèvement minutieux de toute la côte, et le continua sur une étendue de trois cent cinquante lieues, avec la précision des méthodes les plus

(*) Journal d'Andrews.

rigoureuses; et, depuis lors, la configuration de ces terres est mieux connue. Cette corvette reconnut ainsi l'île du Volcan dans le détroit, et trouva son cratère éteint; les îles Rouk, Tupinier, Lottin, Longue, Couronne, Rich, à peine indiquées jusqu'alors; elle traça la direction de l'immense chaîne des monts Finisterre, signala la première le golfe de l'Astrolabe, reconnut encore les îles Dampier, Vulcain, traversa toutes les îles Schouten, releva d'autres îles inconnues près de la côte, découvrit la baie Humboldt, flanquée de chaque côté par les énormes pitons des monts Bougainville et Cyclopes. Sans la perte antérieure de ses ancres, qui lui rendait les mouillages difficiles et périlleux, elle eût vérifié le gisement intérieur de cette baie importante. A dix lieues environ à l'est de ce port, l'Astrolabe s'étant trouvée entraînée vers la côte par le calme et le courant, les naturels, accourus dans des pirogues, firent mine de l'attaquer; mais un coup de fusil et un coup de canon délivrèrent les Français de leurs visiteurs. Le capitaine d'Urville continua sa route, passa entre les îles Arimoa et la terre, franchit la bande d'eaux décolorées au nord de la pointe qui reçut son nom, et soupçonna qu'un fleuve considérable se jetait dans la mer à cette hauteur. Donnant ensuite dans le canal de Jobie, inexploré jusqu'à lui, il traça la configuration des fles Jobie, Misory, Baltig et Longue; enfin, le 25, il alla mouiller au fond du havre Dori. A peine la corvette se trouvait-elle sur son ancre, que des pirogues l'entourèrent et vinrent commercer avec des matelots. La confiance était si bien établie par les précédents de la Coquille, que les femmes ellesmêmes ne songèrent plus à quitter leur résidence. L'arrivée des Français ne changea même rien aux habitudes de la peuplade. Il en résulta seulement un redoublement d'activité commerciale. Ayant pris terre sur la grève, M. d'Urville voulut y continuer, à quatre ans d'intervalle, ses explorations aux cabanes des Arfakis, espérant toujours y obtenir des renseigne

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ments sur ces mystérieuses peuplades (*). Laissons encore parler ce savant navigateur :

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Quatre jeunes Papous, à qui j'avais promis en récompense quelques bagatelles, devaient me conduire aux lieux que fréquentaient les oiseaux de paradis. Après avoir marché durant dix minutes dans une agréable vallée qui borde le rivage, on arrive à une côte d'une pente assez rapide, couverte généralement de très - grands arbres. Quand on a gravi à la hauteur de cent toises environ, on se trouve sur une espèce de plateau habité et cultivé par une tribu d'Arfakis, amie des Papous de la plage. Toutefois, une défiance réciproque règne entre les deux peuplades. Lors du voyage de la Coquille, quand je découvris, pour la première fois la résidence de cette tribu, les Papous de la plage employèrent tous les moyens possibles pour m'empêcher d'avoir aucune communication avec ces montagnards; tantôt m'affirmant qu'ils allaient me tuer, et me couper la tête; tantôt me disant que c'étaient des imbéciles semblables aux animaux, incapables d'entendre mon langage, non plus que le leur, et qui ne méritaient que mon mépris. Il était évident que ces Papous désiraient conserver le monopole du commerce et paraissaient contrariés de voir les Arfakis participer aux avantages qu'ils retiraient de leurs relations avec

nous.

« A cette époque, la tribu tout entière des Arfakis, qui me parut composée d'environ cent cinquante personnes, habitait deux immenses cabanes en bois, perchées sur des pieux de trente ou quarante pieds de hauteur, et dans lesquelles on montait par une pièce de bois entaillée. Cette pièce de bois se retirait durant la nuit et aux approches de l'ennemi. Chaque famille avait une cellule particulière, et chacune des cabanes ou hangars contenait une vingtaine de ces cellules.

« Ces Arfakis me reçurent alors avec beaucoup de politesse; et, plus hospi

(*) D'Urville, Voyage pittoresque. 21

taliers que les Papous, ils m'offrirent même quelques rafraîchissements.

« Dans la position qu'occupaient primitivement les deux cabanes sur le bord d'un ravin profond et de la plateforme qu'elles terminaient, on jouissait d'une vue ravissante. L'ensemble du havre Doréï (Dori), les riantes îles de Manasouari et Masmapi, la côte entière fuyant vers le sud jusqu'aux limites de l'horizon, et, par-dessus tout cela, la chaîne imposante des monts Arfakis, formaient un tableau vraiment adinirable. C'était la nature sauvage dans tout son luxe, dans toute sa sévérité; sous les feux de la ligne, le voyageur contemple avec étonnement cette puissance de végétation, cette surabondance de sucs qui couvre d'arbres, de fougères et de plantes parasites, les terrains en apparence les plus arides et les plus rocailleux. Nulle part au monde je n'ai observé des végétaux d'une hauteur aussi démesurée. Les dimensions ordinaires des arbres de ces forêts surpassent tout ce que j'ai jamais vu en ce genre.

Aujourd'hui les deux grands hangars sont abandonnés et en ruine. Les Arfakis se sont logés dans cinq ou six édifices plus petits, construits dans le même genre, mais moins élevés, et situés à deux ou trois cents pas plus loin. Ils sont entourés de belles plantations de taros, de courges, de maïs, de lalavanzas, bananiers, etc.

« Bientôt nous nous sommes retrouvés au milieu de vastes et sombres forêts; alors mes guides m'ont assuré que là vivaient les oiseaux que je cherchais. Soit à cause de la pluie qui était tombée dans la nuit, soit par tout autre motif, je ne vis aucun de ces brillants volatiles; je n'entendis pas même leur cri si perçant et si remarquable parmi les autres cris d'oiseaux. Ĉes forêts, peu garnies de sous-bois, sont faciles à traverser, et présentent même une promenade agréable sous leurs immenses et impénétrables dômes de verdure, au moment le plus brûlant de la journée.

« Après avoir franchi, pendant deux heures de marche, plusieurs ravins

et quelques fourrés très - épais, nous descendîmes vers le rivage, près de l'entrée du canal de Doréï, entre le cap Wakalo et la pointe Ambla.

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En approchant des villages de Doréï et Kouao, les femmes témoignèrent encore quelque timidité; mais les hommes et les enfants sont tout à fait familiarisés avec nous. Après avoir conversé quelque temps avec eux, à l'ombre d'un bel artocarpus, je rentrai à bord. La pièce la plus curieuse de ma chasse était un beau maïnate oiseau que j'avais vu trois ans avant à Sourabaya, chez le colonel français Bonelle, et qui est susceptible d'un certain degré d'éducation. »>

Voici comment d'Urville raconte son excursion près de Dori.

« Les bords de la plage étant partout garnis d'une lisière de fourrés épais, où nos vêtements seraient tous restés par lambeaux, nous pénétrâmes dans les bois par le lit même du torrent. Pendant deux ou trois cents pas, il faut marcher avec de l'eau jusqu'à la ceinture; mais, au delà, à peine la cheville est-elle mouillée dans les temps de sécheresse. La lisière maritime une fois franchie, la forêt se dégage. On peut y entrer et la parcourir dans tous les sens. Elle est composée alors de végétaux immenses, qui forment souvent deux étages de verdure.

« La journée qui suivit cette incursion, dit le narrateur du Voyage pittoresque autour du monde, fut employée à visiter les villages papous, situés sur la grève. On en voyait deux sur la rive nord du hayre, nommés Doréï et Kouao, et un troisième sur la petite île de Manasouari. Tous ont la même forme. Ce sont des hangars d'une grande longueur, fabriqués avec des ais et des perches grossièrement taillés, se soutenant sur des pieux à huit ou dix pieds au-dessus du niveau de la mer; tous sont ainsi construits sur pilotis, aucun n'est en terre ferme; de longs pieux, fortement entaillés, servent d'escaliers à ces demeures, et sont retirés au dedans au milieu de la nuit comme à l'approche de l'ennemi. Cette affectation des Papous à n'avoir

des demeures que sur les eaux n'a pas été bien expliquée. Les uns y ont vu une pensée religieuse, d'autres le simple désir de se tenir à l'abri d'insectes et de fourmis importunes qui ravagent le pays, d'autres enfin, un motif de sécurité contre les attaques de leurs adversaires. J'entrai dans une de ces cases. C'était un vrai château branlant, percé à jour de tous côtés; un couloir long et étroit, pratiqué dans le milieu, séparait une rangée de cellules, chacune habitée par un ménage. Ces cellules n'avaient pour tout meuble qu'une natte ou deux, un pot de terre, un vase ou deux en faïence, et des sacs de farine de sagou. Les appartements des koranos (chefs), qu'ils nomment aussi capitans, mieux montés que les autres, avaient aussi de plus quelques caisses ou corbeilles en feuilles de bananier ou de pandanus, où ils déposent leurs marchandises et, leurs richesses. Dans une autre cabane qui semblait une sorte de harem ou de gynécée, je vis plusieurs femmes rassemblées dans une salle commune, et travaillant à divers ouvrages. Les unes tissaient des nattes, les autres pétrissaient de l'argile, et en fabriquaient des vases de diverses grandeurs. Une d'elles chantait, tandis que les autres semblaient prendre plaisir à cette mélodie. Au milieu de toutes ces maisons alignées le long de la plage, il en est une qui frappa le plus vivement ma curiosité. Elle se composait d'une seule pièce avec un toit triangulaire, ayant pour plancher six grosses poutres transversales, soutenues chacune sur quatre pieux solides; il en résultait une sorte de colonnade de quatre rangs, dont chacune se composait de six poteaux. Tous ces pieux étaient sculptés en figures humaines, d'un travail grossier, si l'on veut, mais fort reconnaissables. Dans ces figures toutes nues, la moitié, celles du rang extérieur, étaient du sexe masculin; les autres, du rang inférieur, étaient du sexe féminin. Elles étaient toutes surmontées d'un turban ou d'un shako formant chapiteau; de sorte que leur assemblage avec les poutres supérieures

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« Ces naturels ont une religion, dont les hommages aux restes des morts semblent faire essentiellement partie. Ils prennent le plus grand soin de l'entretien des tombeaux, et déposent sur le tertre des offrandes et des statuettes bizarres. Quelques-uns de ces tombeaux ont des formes compliquées et symétriques (*).

Placés aux portes de la Malaisie, des Philippines et de la Chine, les Papous ont dû recevoir de ces pays quelques notions vagues de l'art asiatique et de l'industrie européenne. Déjà ces premiers rudiments se traduisent pour eux en progrès dans l'architecture, le commerce et les constructions. Leurs pirogues sont tout à fait différentes de celles des Mélanésiens; elles ressemblent beaucoup pour la forme au koro-koro des Moluques. L'une de ces embarcations entre autres me frappa surtout par sa forme et ses proportions. Plus perfectionnée que les barques malaises, elle offrait des analogies avec nos grands bateaux pêcheurs. Les guides nous apprirent que c'était le navire sur lequel les habitants de Doréï envoyaient tous les deux ans leurs tributs en esclaves, écailles de tortue, oiseaux et écorce de massoï,

(*) Ces tombeaux sont faits de roche dure de corail. Ils ont des coussinets en bois, ornés d'espèces de têtes de sphinx, et présentent une analogie extraordinaire avec ceux que l'on trouve sous la tète des momies dans les nécropoles de l'Égypte. Ils ont aussi des fètes funèbres à la lueur des torches sur la plate-forme de leurs cabanes. Là, après avoir présenté aux conviés des fétiches disposés autour d'une table à manger, et auxquels chacun d'eux adresse une harangue, les membres de la famille du défunt témoiguent leur douleur en savourant des cochons grillés, des bananes, des ignames et des taros rangés sur des plats.

G. L. D. R.

au sultan de Tidor, qu'ils reconnaissent pour leur souverain. »

Depuis la visite de d'Urville, nous ne sachons pas qu'aucun navigateur ait visité aucune partie de l'île de la Papouasie; seulement le gouvernement hollandais de Batavia a envoyé de temps à autre quelques navires à la nouvelle colonie de la baie du Triton.

ILES DES PAPOUAS.

Les îles qui portent mal à propos le nom de Papous, et que nous nommerons îles des Papouas, sont Salaouati, Véguiou, Rawak, Gamen, Battanta, Guébé, Boni, Manaouaran, les îles En, la chaîne des îles Vayag, Rouib, le groupe d'Ayou, le petit groupe Asia, et les deux îles Abdou et Konibar. On y trouve des Papouas hybrides; mais la population principale se compose de cette race noire de Papouas que nous avons déjà fait connaitre. Nous allons décrire les plus importantes.

ILE SALAOUATI.

Salaouati, terre haute, peuplée, et d'environ quatre-vingts milles de circuit, est séparée de la Papouasie par un détroit peu large, sinueux et semé de petits îlots; elle fut découverte en 1764, par le capitaine Watson, et est située par 1° 8' de lati tude sud et 128° 35′ de longitude est (milieu). L'ile Salaouati paraît être occupée par des tribus de Papouas. nombreux et féroces, que gouverne un rajah indépendant. Les peuplades qui l'habitent vivent de poissons, de tortues et de sagou. Naguère ces insulaires se réunissaient aux guerriers des groupes voisins pour aller opérer des descentes formidables sur les points des Moluques occupés par les comptoirs hollandais.

Nous apprenons du capitaine Forrest qu'aux mois de mars et d'avril 1770, les Papouas de la Nouvelle-Guinée et de Salaouati réunirent une flotte pour aller faire la guerre à Guilolo, Céram, Amboine et jusqu'à Xoulla-Bessi. Ils ravagèrent l'île d'Am

blou, près de Bourou, et enlevèrent plusieurs des habitants.

« En 1770, ajoute Forrest, cent bateaux papous (papouas) de la NouvelleGuinée (Papouasie), Salaouati et Mysol, s'assemblèrent au temps de l'équinoxe du printemps, lorsque les mers sont tranquilles, et remontèrent le détroit de Fatience qui sépare Batchian de Guilolo. Ils ne commirent point d'hostilités; mais la compagnie hollandaise qui les redoute, leur envoya des députés et fit aux chefs des présents d'étoffes, etc., ce qui dispersa la flotte; après avoir pêché quelques jours et chassé dans les bois, ils s'en retournèrent. Le rajah de Salaouati eut l'imprudence de rester par derrière. Il faut remarquer que, ni lui, ni aucun des rajahs, ne commirent de ravages.

« Les Hollandais, qui voulaient l'enlever, imaginèrent le stratagème que voici. Un messager lui porta un papier signé et scellé du gouverneur de Ternate, en lui disant que c'était un pardon du délit qu'il avait commis en entrant à main armée sur le territoire des Hollandais; qu'il était plus heureux que les autres chefs des Papous qui avaient regagné leurs foyers sans cette absolution. Il fut invité en même temps à venir à Ternate, où le gouverneur lui rendrait tous les honneurs dus à son rang, et où il pourrait acheter dans les magasins de la compagnie ce qui lui conviendrait; cette invitation fut accompagnée d'un sac de dollars. Le chef indien se laissa séduire: sentant que ses dollars lui seraient inutiles dans son pays, et ayant entendu parler des belles choses que les Hollandais vendaient à Ternate, il ne put résister au désir qu'il avait d'employer utilement cet argent qu'il venait d'acquérir d'une manière aussi imprévue; il suivit donc le député avec dix ou douze de ses sujets: il entra dans le fort et alla voir le gouverneur qui lui montra de la politesse et des égards.

« Le gouverneur, renvoyant alors la garde du prince indien, se crut si sûr de son prisonnier qu'il ne fit pas même fermer les portes. Quand on annonça au rajah qu'il devait se rendre, il di

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