Fort comme la mort

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Éditions du Boucher, 2002 - 213 pages
Honnêtes & droites dans l'adultère comme elles auraient pu l'être dans le mariage, elles se vouent à une tendresse unique dont rien ne les détournera. Non seulement elles aiment leur amant, mais elles veulent l'aimer, & les yeux uniquement sur lui, elles occupent tellement leur cœur de sa pensée, que rien d'étranger n'y peut plus entrer.
 

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Popular passages

Page 160 - LES idées fixes ont la ténacité rongeuse des maladies incurables. Une fois entrées en une âme, elles la dévorent, ne lui laissent plus la liberté de songer à rien, de s'intéresser à rien, de prendre goût à la moindre chose.
Page 36 - ... jouissances de la vie, elle eut peur tout à coup, en le voyant se dégoûter de sa propre maison, se plaindre sans cesse de vivre seul, et, ne pouvant venir chez elle qu'avec toutes les réserves imposées par la société, chercher au Cercle, chercher partout les moyens d'adoucir son isolement, elle eut peur qu'il ne songeât au mariage. En certains jours, elle souffrait tellement de toutes ces inquiétudes, qu'elle désirait la vieillesse pour en avoir fini avec cette angoisse-là, et se reposer...
Page 184 - Lochrist, dans une avant-scène, était vraiment ravissante, tandis qu'un peu plus loin une nouvelle mariée, la marquise d'Ebelin, soulevait déjà les lorgnettes. « Joli début », se dit Bertin. On écoutait avec une grande attention, avec une sympathie évidente, le ténor Montrosé qui se lamentait sur la vie. Olivier pensait : « Quelle bonne blague ! Voilà Faust, le mystérieux et sublime Faust, qui chante l'horrible dégoût et le néant de tout; et cette foule se demande avec inquiétude...
Page 96 - On aime sa mère presque sans le savoir, sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre; et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière. Aucune autre affection n'est comparable à celle-là, car toutes les autres sont de rencontre, et celle-là est de naissance ; toutes les autres nous sont apportées plus tard par les hasards de l'existence, et celle-là vit depuis notre premier jour dans notre sang même. Et puis, et puis, ce n'est...
Page 169 - Par elle il avait reçu ce baptême qui révèle à l'homme le monde mystérieux des émotions et des tendresses. Elle avait ouvert son cœur presque de force, et maintenant il ne le pouvait plus refermer. Un autre amour entrait, malgré lui, par cette brèche ! un autre ou plutôt le même surchauffé par un nouveau visage, le même accru de toute la force que prend, en vieillissant, ce besoin d'adorer. Donc il aimait cette petite fille ! Il n'y avait plus à lutter, à résister, à nier, il l'aimait...
Page 118 - ... bouquets d'arbres des fermes. A travers la buée de lait qui baignait les champs, l'horizon s'illimitait, et le silence léger, le silence vivant de ce grand espace lumineux et tiède était plein de l'inexprimable espoir, de l'indéfinissable attente qui rendent si douces les nuits d'été. Très haut dans le ciel, quelques petits nuages longs et minces semblaient faits d'écaillés d'argent. En demeurant quelques secondes immobile, on entendait dans cette paix nocturne un confus et continu...
Page 21 - Certes, il la désirait à peine, n'ayant pas réfléchi à la possibilité d'une possession. Jusqu'ici, dès qu'une femme lui avait plu, le désir l'avait aussitôt envahi, lui faisant tendre les mains vers elle, comme pour cueillir un fruit, sans que sa pensée intime eût été jamais profondément troublée par son absence ou par sa présence. Le désir de celle-ci l'avait à peine effleuré, et semblait blotti, caché derrière un autre sentiment plus puissant, encore obscur et à peine éveillé....
Page 46 - Il compara, pour finir, les gens du monde aux chevaux de course qui ne servent à rien, à vrai dire, mais qui sont la gloire de la race chevaline. Bertin, gêné devant cet adversaire, gardait maintenant un silence dédaigneux et poli. Mais, soudain, la bêtise du baron l'irrita, et interrompant adroitement son discours, il raconta, du lever jusqu'au coucher, sans rien omettre, la vie d'un homme bien élevé. Tous les détails finement saisis dessinaient une silhouette irrésistiblement comique....
Page 117 - ... noir ! disait-il. Et il se tournait vers la comtesse en admirant la fille, comme pour remercier la mère de lui avoir donné ce plaisir. Lorsqu'ils furent revenus dans le salon, la lune s'était levée sur les arbres du parc. Leur masse sombre avait l'air d'une grande île, et la campagne au delà semblait une mer cachée sous la petite brume qui flottait au ras des plaines. — Oh ! maman, allons nous promener, dit Annette. La comtesse y consentit. — Je prends Julio. — Oui, si tu veux. Ils...
Page 73 - Il s'attendrissait à songer combien ils s'étaient aimés, et il retrouvait en tout ce vaste appartement où elle était si souvent venue, d'innombrables souvenirs d'elle, de ses gestes, de ses paroles, de ses baisers. Il se rappelait certains jours, certaines heures, certains moments; et il sentait autour de lui le frôlement de ses caresses anciennes. Il se releva, ne pouvant plus tenir en place, et se mit à marcher en songeant de nouveau que, malgré cette liaison dont son existence avait été...

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